Par un décret rendu public dans la soirée du mardi 6 avril 2022, le président de la transition a créé un cadre de dialogue et de concertation inclusif que la classe politique guinéenne appelait de tous ses vœux. Toutefois, au lendemain de la publication du décret, le Parti pour le progrès et le changement (PPC) d’Aboubacar Biro Soumah a estimé que ce nouveau cadre n’est rien d’autre qu’une « commission domestique » mise en place par le colonel Mamadi Doumbouya pour corrompre et endormir l’esprit des gens.
« Aujourd’hui, on parle d’un cadre de concertation inclusif, mais on ignore complètement la CDEAO. On dit, chaque coalition politique une personne. On dit que 3 personnes seront nommées par décret qui doivent piloter cette structure. Donc, ce n’est plus un cadre de concertation. Parce que si, eux-mêmes, ils décident d’élaborer sans consulter personne sur leurs thématiques, sur les éléments qui doivent composer ce cadre, nous pensons qu’il y a le flou. Ce n’est pas un cadre de concertation, mais c’est une commission qui est mise en place, domestiquée par le colonel Mamadi Doumbouya et son ami d’enfance Mory Condé, ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation », a affirmé M. Soumah, qui s’exprimait ce jeudi 7 avril 2022 au d’un point de presse qu’il a animé au siège de son parti à Hamdallaye, dans la commune de Ratoma.
« Nous pensons que cette forme-là ne peut pas être un cadre de concertation crédible qui va baliser le chemin qu’il faut. Il a ignoré complètement la CEDEAO, il a ignoré aussi tous ceux qui doivent discuter en amont pour trouver un consensus. Tout le monde est ignoré. Si vous voyez la nomenclature du décret, vous saurez vraiment que ça ne représente rien. Nous connaissons des cadres de concertation, parce que depuis 2010, nous avons assisté plusieurs cadres de concertation. Mais je vous dis, cette forme-là ne représente pas un vrai cadre de concertation. Ça représente un comité comme il l’a mis au niveau des assises nationales. C’est un comité qui va être domestiqué par lui. Si vous lisez le décret, à la fin, vous verrez qu’il y a un budget alloué pour en dormir et corrompre l’esprit des gens. Le décret dit que c’est une seule session dans le mois. Donc, nous pensons qu’avec ça, on ne sait pas quand est-ce qu’on aura un chronogramme réaliste et réalisable pour qu’on puisse se retrouver à l’ordre constitutionnel normal. Donc, nous pensons que ce décret est une fuite en avant », insiste le leader du PPC.
Selon lui, les différentes coalitions vont se retrouver dans les prochaines heures pour décider du sort à réserver à ce cadre. M. Biro Soumah fustige par ailleurs le fait que le nom du CNRD n’apparaisse nulle part dans le décret instituant le cadre de concertation.
« Le CNRD est hors classe de ce cadre de concertation comme si c’est un cadre de concertation où les forces vives seules peuvent discuter entre elles. Mais ce n’est pas possible. Le problème en Guinée, je pense bien que c’est entre les forces vives et le CNRD qui a pris le pouvoir, qui doivent s’asseoir, discuter et trouver un calendrier réel et réalisable, conventionnel pour qu’on puisse sortir dans cette transition et retourner plus rapidement à l’ordre constitutionnel. Mais la façon dont nous avons vu le décret est très loin pour un retour à l’ordre constitutionnel. Et ça, c’est un danger pour le pays, qu’on ne va pas accepté ».
Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com