Les assises nationales boycottées à Siguiri : les organisateurs vident des classes pour remplir la salle

Les assises nationales de Guinée ont été officiellement lancées ce mardi 12 avril 2022, à Siguiri. Mais, ces travaux, censés conduire au pardon et à la réconciliation des Guinéens, n’ont pas connu l’engouement escompté dans cette ville. Surpris par l’absence des populations cibles, qui ont boudé la rencontre, les organisateurs sont partis vider certaines classes pour remplir la salle, rapporte le correspondant de Guineematin.com dans la préfecture.

C’est le préfet de Siguiri, le colonel Ibrahima Douramoudou Keïta, qui a présidé l’ouverture des assises nationales dans la préfecture. Initiés par le CNRD, la junte militaire au pouvoir, ces travaux visent à réunir les Guinéens pour leur permettre de s’exprimer sans langue de bois sur les exactions qui ont caractérisé l’histoire de la Guinée afin que les victimes pardonnent aux bourreaux et que tout le monde puisse se réconcilier.

Mais, à Siguiri, les partis politiques, la société civile et les couches socioprofessionnelles attendues ont, pour la plupart, boudé les travaux. En dehors des sous-préfets, maires et chefs de quartiers présents, très peu de personnes ont répondu présent à ce rendez-vous. Face à cette situation, les organisateurs ont décidé d’aller chercher des élèves à l’école pour venir remplir la salle de la Maison des Jeunes de la ville, qui a abrité la rencontre.

« A vrai dire, ces assises sont un échec à Siguiri. Le Comité d’organisation était obligé d’aller vider les salles de classe pour donner une belle image à la salle. La majorité de ceux qui étaient présents étaient des élèves. Il y avait aussi quelques maires et les sous-préfets. Mais, les partis politiques, la société civile, mais également les citoyens qui ont été victimes d’exactions n’étaient pas dans la salle », a indiqué Amara Fofana, un habitant de Siguiri.

Aboubacar Sidiki Traoré, ancien maire de Siguiri, dit être l’une des principales victimes qui sont concernées par ces assises nationales. Mais il a boudé la rencontre pour une raison particulière. « Etant maire de Siguiri, j’ai été frappé, ligoté, ma maison saccagée et mes biens emportés par des jeunes du RPG Arc-en-ciel. Mais, le gros des problèmes, c’est que ce sont les auteurs même de ces faits qui sont dans le comité d’organisation ici. Voilà pourquoi je n’ai pas eu le courage d’y participer », a témoigné l’ancien maire.

De Siguiri, Bérété Lancéï Condé pour Guineematin.com

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