Cadre de concertation inclusif : une entreprise mort-née

Colonel Mamadi Doumbouya, président du CNRD, président de la Transition, chef de l’État

Créé le 6 avril dernier par le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, le cadre de concertation inclusif s’ouvre ce vendredi, 15 avril 2022, au Palais Mohamed V de Conakry. Selon les autorités, ce cadre constitue « l’espace d’informations, d’échanges et de propositions entre les acteurs des forces vives de la nation sur la transition ». Mais, avant même le début des travaux, on peut déjà imaginer quelle en sera l’issue.

En effet, de nombreux autres partis politiques, dont les plus importants du pays : l’UFDG, l’UFR et le RPG Arc-en-ciel, mais aussi des mouvements de la société civile comme le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) et le Forum des forces sociales de Guinée, ont décidé de boycotter ces travaux. Ces acteurs politiques et sociaux estiment que ce cadre de concertation ne répond pas à leurs préoccupations. Ils réitèrent leur appel à la mise en place d’un cadre de dialogue plus structuré, avec la participation de la CEDEAO.

Dès lors, ce cadre de concertation perd son caractère inclusif et même sa raison d’être. Car, même si le CNRD et le gouvernement continuent d’ignorer les revendications des principaux acteurs politiques du pays, ils savent pertinemment qu’ils ne peuvent obtenir aucun résultat positif, en tout cas pour le pays, dans un dialogue ou de concertation, tenu en l’absence de ceux-ci. C’est à se demander d’ailleurs si les autorités veulent réellement dialoguer avec les acteurs concernés par la transition ou si elles sont dans une logique de divertir les Guinéens et la communauté internationale pour gagner du temps.

Car près de huit mois après son avènement au pouvoir, la junte militaire refuse toujours de se prononcer sur la durée de la transition. Au lieu de définir le chronogramme de la transition et de commencer à le dérouler, le CNRD et son gouvernement ont les yeux ailleurs. Ils parlent de lutte contre les détournements de deniers publics, de récupération des domaines de l’Etat et tant d’autres, mais restent silencieux sur le chantier relatif au retour à l’ordre constitutionnel. Pour occuper les partis politiques qui les bousculent pour avoir un cadre de dialogue permettant de discuter de cette question en suspens, les autorités créent « Les Assises nationales de Guinée ».

Avant même l’ouverture de ces assises aux allures folkloriques et qui suscitent très peu d’engouement au sein de l’opinion nationale, Mamadi Doumbouya crée encore un « cadre de concertation inclusif ». Une autre initiative contraire à ce qui lui est demandé par les principaux acteurs concernés. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui pensent que le seul résultat attendu de ce cadre de concertation inclusif est de réussir à occuper certains « petits esprits » pendant un moment pour permettre à la junte militaire de gagner encore du temps, avant d’aller à l’essentiel.

Alpha Fafaya Diallo pour Guineematin.com

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