Mamoudou Nagnalen Barry : « en tant que ministre de l’Agriculture, je suis très inquiet… »

« Je peux vous le dire sincèrement, en tant que ministre de l’Agriculture, je suis très inquiet. Parce qu’en 2023, on n’aura pas d’excuses. Quand les autres fermeront leurs frontières, on ne pourra nous en prendre qu’à nous-mêmes ». C’est la déclaration faite par Mamoudou Nagnalen Barry, ministre de l’Agriculture et de l’élevage, en conférence de presse ce vendredi, 15 avril 2022, à Conakry. L’inquiétude du ministre est due à la crise alimentaire provoquée par la guerre en Ukraine et la suspension des exportations des produits alimentaires par beaucoup de pays producteurs.

« On a déjà remarqué que non seulement en Afrique de l’ouest et partout dans le monde, les gens sont en train de fermer les frontières, le maïs ne sort pas, le riz ne sort pas. Donc, si nous ne produisons pas localement, il y a un risque très important. C’est pour cela qu’il faut qu’on se mette à la tâche », a dit Mamoudou Nagnalen Barry, qui se félicite justement de l’engagement de plusieurs grands opérateurs économiques du pays d’investir dans l’agriculture.

« Nous avons quatre grands opérateurs économiques qui ont décidé de produire de façon considérable pendant cette campagne-là (la prochaine campagne agricole) afin de réduire notre déficit alimentaire l’année prochaine. Nous avons déjà reçu des demandes de la part du groupe Albayrak et SONOCO qui voulaient faire 10 000 hectares. C’était ça l’intention de départ. Maintenant, ils veulent monter jusqu’à 15 000 hectares de production cette année. GUICOPRES nous a également adressé un courrier pour faire 5 000 hectares cette année.

Le groupe GUITER SA aussi, souhaite faire 7 500 hectares cette année. Et il y a un autre groupe étranger qui veut faire 17 000 hectares, déjà après le mois de Ramadan ils vont commencer la production. Il y a aussi beaucoup d’autres groupes qui nous ont contactés et qui veulent effectivement contribuer à la production à partir de cette année », s’est réjoui le ministre de l’Agriculture et de l’élevage, avant de saluer cet engouement qui est en train de naître chez hommes qui disposent des moyens pour travailler la terre.

Selon lui, son département a placé deux produits dans ses priorités. Il s’agit du riz, qui est très prisé par la population guinéenne, et du maïs, qui entre dans la fabrication des aliments consommés par les poulets. « Après ces deux produits, les produits maraîchers sont très importants pour nous, notamment l’oignon et la tomate pour lesquels notre pays paie environ 50 000 000 de dollars par année à l’étranger. Nous payons plus de 350 000 000 de dollars par année pour faire venir le riz et on paie une autre facture d’au moins 50 000 000 de dollars pour les produits agricoles ».

Pour inverser cette tendance, le ministre indique qu’il y a également des conditions qui sont créées pour permettre à d’autres Guinéens de s’investir dans l’agriculture. Il s’agit notamment de la mise à disposition de la population de tracteurs, vendus à des prix abordables. « Les tracteurs sont vendus à des prix très abordables, mais aussi avec des conditions de remboursement très flexibles. Concrètement, il y a des tracteurs de 90 chevaux qui sont vendus par le FDA (fonds de développement de l’agriculture) au prix de 330 000 000 de francs. La personne intéressée ou la coopérative intéressée paie le tiers, donc 115 000 000 environ au départ. Le restant est payé sur deux ans ou trois ans en fonction des activités », a dit Mamoudou Nagnalen Barry.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com

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