Transition en Guinée : l’UFR appelle à la mise en place d’une cour de répression des crimes politiques

Pour l’Union des forces républicaines (UFR), il n’y a aucun doute : les assises nationales en cours ne permettront pas de réconcilier les Guinéens. Pour atteindre cet objectif que se fixe le CNRD, le parti de Sidya Touré donne des conseils à la junte militaire au pouvoir. Le premier, c’est de déclarer toutes les victimes des violences d’Etat enregistrées dans le pays comme des « martyrs de la République ».

Bakary Goyo Zoumanigui, fondateur et vice-président de l’UFR

« Ceux qui sont au pouvoir, s’ils veulent réconcilier les Guinéens, la première des choses à faire, c’est de déclarer comme martyrs de la République tous ceux qui sont morts depuis que nous sommes indépendants. Si le CNRD passe par là, je pense que les cœurs des Guinéens seront apaisés. Les premiers actes que le colonel Doumbouya a posés ont fait plaisir aux Guinéens. Il est allé sur la tombe du colonel Kaman Diaby et ses amis, on a dit que c’est quelque chose de bien qui commence, et il est allé au camp Boiro.

Mais aujourd’hui, il faut qu’il aille un peu plus loin en déclarant tous ceux qui sont morts par le fait de l’Etat comme des martyrs de la République, sans exception. Et il doit identifier et remettre les charniers aux familles des victimes. Si le colonel fait cela, c’est déjà une réconciliation nationale, parce que ça touche tout le monde », a déclaré Bakary Goyo Zoumanigui, premier vice-président de l’UFR, lors de l’assemblée générale du parti, ce samedi 16 avril 2022.

L’autre chantier sur lequel ce proche de Sidya Touré interpelle le CNRD, c’est le jugement des crimes de sang. « Il faut juger les crimes de sang, il y en a qui ont été commis ici, dont le plus grave est celui du 28 septembre 2009. Si cela est jugé, je vous dis que cela va beaucoup participer à la réconciliation entre les Guinéens. Il faut juger les crimes qu’Alpha Condé a commis. Simplement sur l’axe Bambéto, combien de jeunes sont morts là-bas ? Mais en plus, à l’intérieur du pays, à Womé, à Zogota et tant d’autres coins, tout cela c’est sous le régime d’Alpha Condé.

Si le colonel Doumbouya veut vraiment que les Guinéens soient réconciliés, c’est ça qu’il doit faire, mettre en place une cour de répression des crimes politiques, parce que c’est de cela qu’il s’agit. L’ordre est venu de l’exécutif pour dire il faut faire ceci ou cela. Ce ne sont pas des populations qui se sont levées pour aller s’attaquer à d’autres, ce sont des crimes commis par l’Etat, et il faut juger les responsables.

Si le colonel fait cela il aura réussi les assises puisqu’on ne veut pas parler de justice, mais quand même il y aura la réconciliation. On a dit que la justice sera la boussole, donc nous attendons toujours qu’elle indique le nord politique, parce que pour le moment, ce n’est pas le cas », a dit Bakary Goyo Zoumanigui, appelant les autorités guinéennes à s’inspirer des exemples sud-africains et rwandais qui ont réussi des assises, en mettant en place un processus de vérité, justice et réconciliation.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com

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