Audiences criminelles à Mafanco : « aucun innocent ne sera condamné et aucun coupable ne sera libéré »

Alphonse Charles Wright, ministre de la justice, garde des sceaux et des droits de l'Homme

Après plus de cinq mois de suspension, les audiences criminelles ont repris ce mardi, 19 avril 2022, au Tribunal de première instance de Mafanco. Selon le parquet, 107 dossiers sont au programme de ces audiences, qui permettront de mettre fin à une trop longue détention préventive pour certains accusés.

Pour marquer la reprise des audiences criminelles, une cérémonie solennelle d’ouverture a été organisée dans la salle d’audience du Tribunal de première instance de Mafanco. Celle-ci a connu la présence notamment du procureur général près la Cour d’appel de Conakry, Alphonse Charles Wright. Tout en se félicitant de la reprise de ces audiences, le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Mafanco, Abdoulaye Israël Kpoghomou, a annoncé le nombre de dossiers qui seront jugés.

« Je suis très satisfait de la reprise des audiences criminelles. A ce jour, le tribunal de Mafanco a 107 dossiers criminels. Parmi les 107 dossiers, nous avons identifié 8 dossiers qui sont programmés pour la journée d’aujourd’hui. Parmi les 8 dossiers, nous avons 3 cas de viols et 5 dossiers de trafic international de drogue, en l’occurrence la cocaïne. Et parmi les accusés détenus, je vous informe que nous avons certains qui ont duré en prison de façon anormale. Vous constaterez que le détenu le plus ancien est en détention préventive depuis 2014, soit à peu près 8 ans. Ça, ce n’est pas normal », a-t-il déclaré.

Abdoulaye Israël Kpoghomou, procureur de la République près le tribunal de première instance de Mafanco

Le procureur de Mafanco ajoute que son parquet sera sans état d’âme pendant ces audiences. « Le ministère public que je représente sera sans état d’âme et très objectif. Contre les coupables, il y aura des réquisitions très sévères, surtout relativement à des dossiers comme le viol, comme le trafic international de drogue, les vols à main armée, entre autres. Ce sont des infractions qui ont refait surface dans notre société. Et il faut coûte que coûte les combattre à travers notre politique pénale, qui est une politique pénale rigoureuse, qui est une politique pénale de tolérance zéro », a dit Abdoulaye Israël Kpoghomou.

De son côté, le procureur général près la Cour d’appel de Conakry a indiqué que la reprise de ces audiences criminelle s’inscrit dans le cadre de l’engagement des autorités judiciaires du pays, à veiller au respect de la loi guinéenne et des conventions internationales relatives aux droits de l’homme auxquels la Guinée a souscrit. « C’est un honneur pour moi et ma délégation de venir assister au lancement solennel des audiences criminelles au niveau du Tribunal de première instance de Mafanco, tel que nous l’avons promis dès l’entame de nos différentes inspections au niveau des différents parquets et au niveau des services de police judiciaire.

Dès ma prise de fonction à la tête du parquet général, vous avez constaté à travers le ressort judiciaire de la Cour d’appel de Conakry, le démarrage effectif des audiences criminelles. Histoire de vous dire que notre pays, à travers le ministère de la justice et des droits de l’homme, a pris l’engagement de faire en sorte que les conventions internationales des droits de l’homme auxquels notre pays, la Guinée, a souscrit, au nombre desquels des principes, notamment celui de la présomption d’innocence et celui d’être jugé dans un délai raisonnable, est en train d’être vraiment une réalité », a dit Alphonse Charles Wright, avant de demander au parquet de Mafanco de ne pas requérir des peines d’emprisonnement contre des accusés qui sont pas coupables.

« Le ministère public, dans nos fonctions régaliennes, nous devons nous inscrire dans le respect des droits tel que le procureur l’a promis. Mais nous demandons, si à la lumière des débats, il n’y a pas d’éléments de preuves tangibles, de retirer la responsabilité de la personne. Je demande au ministère public de ne pas être seulement dans la réquisition à charge. Si les éléments ne tiennent pas, nous requérons à décharge », a souligné le procureur général près la Cour d’appel de Conakry.

Souleymane 1 Traoré, président du tribunal de première instance de Mafanco

Pour sa part, le président du Tribunal de première instance de Mafanco, Souleymane 1 Traoré, a rassuré les accusés que leurs droits seront respectés. « En ma qualité de président du Tribunal de première instance de Mafanco, il est important pour moi de rassurer les accusés qui se trouvent devant ce tribunal qu’ils doivent se sentir devant un tribunal impartial et indépendant. Et que les principes directeurs qui gouvernent le procès pénal seront respectés. Le tribunal de première instance de Mafanco, par ma voix, rassure que le jugement qui commence maintenant, sera en sorte qu’aucun innocent ne soit détenu et aucun coupable ne soit en liberté », a promis le juge.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com 

Tel: 620 589 527/664413227

Facebook Comments Box