Chine : mourir à tout prix (de la covid 19 ou de la faim) !

Abdoul Salam Diallo, étudiant guinéen à Zhejiang Université (Chine)

Par Abdoul Salam Diallo, étudiant guinéen à Zhejiang Université (Chine) : En novembre 2019, une maladie inconnue apparaissait à Wuhan, dans la province de Hubei, au centre de la Chine. Mais, elle ne sera officiellement annoncée qu’en janvier 2020, soit quelques mois plus tard. Ce qui donnera, malheureusement, le temps nécessaire à la maladie de se propager en Chine, dans certains pays européens et jusqu’aux États-Unis, avant d’embraser le monde entier.

C’est d’ailleurs lorsque la maladie s’est retrouvée un peu partout dans le monde et que la pression est montée au niveau international que la Chine a fini par l’annoncer vers la fin du mois de janvier. On connaît la suite ! Le pays prendra des mesures drastiques en confinant toute la province de Hubei avec ses plus de 57 millions d’habitants, puis d’autres endroits suivront…

Et, pourtant, Li Wenliang, un médecin de Wuhan, avait alerté dès le début du mois de janvier 2020 d’une maladie pulmonaire qui serait causée par un virus ressemblant au SRAS. Mais, les autorités Chinoises, au lieu de prendre des mesures idoines, ont voulu étouffer l’affaire en arrêtant le Docteur Li Wenliang, qui sera accusé de « propager de fausses rumeurs ». Il sera même contraint de faire des aveux publics et finira par choper la maladie qui l’emportera le 7 février 2020.

Par la suite, le gouvernement s’est rendu compte qu’on ne peut pas cacher le soleil avec une main. Il a alors réagi avec des mesures radicales pour rattraper les erreurs avec un arsenal médiatique de propagande. Ce n’était plus le moment de nier la vérité mais plutôt de louer l’unité du peuple et la responsabilité du Parti Communiste dans la lutte contre le virus. Et, comme il fallait trouver des responsables des failles du système, ils ont remplacé les dirigeants locaux, une pratique qui se reproduira d’ailleurs chaque fois que des critiques surgissent. Les derniers en date à subir cette politique sont ceux de Xi’an, dans la province de Shaanxi, au Nord-Ouest de la Chine.

Parlant des mesures, depuis que la covid 19 a apparu, la Chine n’est plus la même, le mode de vie a complètement changé. Depuis septembre 2020, des étudiants, des professeurs, des travailleurs, des hommes et femmes d’affaires, étrangers espèrent que les frontières chinoises rouvrent pour qu’ils puissent revenir continuer à vaguer à leurs occupations. Pourtant, les Chinois, eux, peuvent rentrer et sortir du pays comme ils veulent, alors que les étrangers sont bloqués depuis tout ce temps. Il y a certains qui ont abandonné leurs études, d’autres ont perdu leurs travails, d’autres encore se sont séparés de leurs proches depuis des années.

En ce qui concerne ceux qui sont restés dans le pays, la vie n’est plus comme avant ; mais, il y a  aussi des moments où la situation s’empire comme celle qu’on est en train de vivre actuellement. Depuis que le virus est apparu et le confinement annoncé, on n’avait pas manqué autant de produits de première nécessité. Il est vrai qu’au tout début, on manquait de masques, de gels hydroalcoolique ou d’autres matériels de protections. Mais, il y avait toujours assez à manger et la chaine de distribution était toujours plus ou moins maitrisée ; car, même si on ne pouvait pas sortir, on pouvait faire des commandes en ligne et ces commandes étaient livrées dans les meilleurs délais.

Seulement, dernièrement, on a remarqué que ce sont les services de livraisons qui sont d’abord interdits avant que les gens ne soient confinés. Actuellement, à Shanghai par exemple, tout est à l’arrêt : boutiques, magasins, services… tout est fermé ! Et, les habitants manquent de tout ! Personne ne sort de chez lui ; et, il n’y a pas de services de livraisons. Dans les autres villes, même s’il n’y a pas autant de cas, et qu’il n’y ait donc pas un blocage total, la vie des étudiants reste semblable, faire des tests d’acide nucléique, impossibilité de sortir des campus, parfois même des dortoirs, manque d’approvisionnement pour certains, manque d’argent pour d’autres, etc. C’est donc si cette situation qui ne semble pas s’améliorer perdure, ceux qui ne mourront pas de la covid mourront de faim !

On peut impressionner le monde entier en construisant des hôpitaux en 10 jours, en testant des dizaines de millions de personnes par jours, en confinant des centaines de millions de personnes sans que personne ne se révolte, en fermant les frontières aux étrangers pendant plus de deux ans sans qu’il n’y ait aucune mesure de réciprocité en face pendant que ses citoyens se rendent partout dans le monde, alors que la maladie vient de chez soi ; mais, malheureusement, ça n’impressionne pas la Covid 19 avec ses variants.

Donc, il faut en fin qu’on ouvre les yeux, qu’on regarde la vérité en face et qu’on se rende compte que la politique arrogante de « Zéro Covid » ne marche pas. Ce virus, à l’instar des autres, est venu pour rester aussi longtemps que possible. Donc, à nous de voir dans quelle mesure on pourra vivre avec sans qu’on ne se cause plus de dégâts que le virus lui-même nous cause.

Par Abdoul Salam Diallo, étudiant guinéen à Zhejiang Université (Chine)

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