Expiration de l’ultimatum de la CEDEAO : Saïkou Yaya Barry (UFR) prévient la junte militaire guinéenne

Saikou Yaya Barry, secrétaire administratif de l'UFR

La Guinée avait jusqu’à ce lundi, 25 avril 2022, pour proposer à la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) « un chronogramme acceptable de la transition ». Alors que cet ultimatum expire, des acteurs politiques mettent en garde contre toute tentative de se mettre à dos l’organisation sous-régionale. C’est le cas de Saïkou Yaya Barry, secrétaire exécutif de l’Union des forces républicaines (UFR), interrogé par un reporter de Guineematin.com dans l’après-midi de ce lundi.

Pour l’ancien député, Saïkou Yaya Barry, sans lisibilité, la CEDEAO va devoir sanctionner la Guinée parce qu’elle est en train de violer les lois supranationales dont elle est pourtant signataire.

« En Guinée, nous sommes dans une transition et l’objectif d’une transition c’est de faire en sorte que le pays retourne à l’ordre constitutionnel et qu’il y ait une lisibilité. S’il n’y a pas de lisibilité, la CEDEAO sera obligée de nous retourner ce qui nous engage parce que nous sommes signataires de cela. Premièrement, la CEDEAO pourrait geler les biens des dirigeants comme c’était le cas en 2010, empêcher les responsables du pays de voyager, et quand ça arrive à un certain niveau, elle gèle les comptes du pays au niveau international. Et nous sommes un pays qui vend de la bauxite, qui constitue notre principale ressource ; alors, ce serait dangereux que la Guinée soit victime de cette situation. En réalité, les dirigeants de la CEDEAO peuvent aller plus loin en empêchant des échanges avec la Guinée et vous imaginez ce que cela pourrait coûter aux commerçants par exemple. Nous sommes un pays pratiquement importateur de tout… Je crois que ça ne sert à rien de se taper la poitrine puisque nous sommes un pays suffisamment pauvre et dépendant, nous voulons avoir notre indépendance, c’est bon ; mais, il faudra bien que nous soyons sérieux dans le respect de nos textes », a-t-il laissé entendre.

Pour parer à toute éventualité, Saïkou Yaya Barry invite la junte militaire à se ressaisir pour éviter de mettre la Guinée dans une situation incertaine. « Ce que je demanderai à la junte, c’est d’éviter d’emmener le pays dans cette situation au risque de créer une autre tension à l’interne qui va précipiter leur départ. Ce n’est pas notre souhait. Notre souhait est qu’on se comprenne. Malheureusement le ton orgueilleux qu’ils avancent n’arrange pas le pays et les citoyens », regrette ce proche de Sidya Touré.

La junte a toujours invoqué le caractère souverain du pays pour dire qu’elle n’agit pas sous les pressions extérieures, notamment de la CEDEAO. A ce sujet, Saïkou Yaya prévient. « Ils ne pourront jamais nous faire sortir de la CEDEAO parce que c’est une junte qui a fait un coup d’Etat, elle n’est ni légale, ni légitime pour sortir la Guinée de l’institution. Ils ne peuvent pas le faire parce qu’il faut un consensus national. Malheureusement, ils ne l’auront pas. Ils ne peuvent pas en quelques mois détruire le travail élaboré par nos pères. C’est vrai que détruire est plus facile que construire mais nous ne leur permettrons pas ça. Nous ne pouvons pas le tolérer, les guinéens n’accepteront pas qu’une junte nous retire d’une institution sous-régionale. Ce sont des capricieux et ce sont des caprices que nous ne pouvons pas accepter en Guinée. Nous ne pouvons accepter qu’ils utilisent leurs caprices pour détruire la Guinée », a-t-il martelé.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com

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