Les structures syndicales de l’éducation et membres signataires de l’avis de grève lancé hier, lundi 25 avril 2022, en Guinée ont été conviés à une rencontre de prise de contact à l’Inspection Générale du travail ce mardi. La démarche vise à tenter de trouver un terrain d’entente afin de mettre fin à ce débrayage lancé à l’intention des enseignants sur le territoire national. Mais, visiblement, les lignes n’ont pas bougé entre les deux camps. Car, au sortir de ce tête-à-tête, Salif Camara, le secrétaire de la Fédération syndicale professionnelle de l’Éducation (FSPE), a déploré le manque de volonté du gouvernement à résoudre ce problème, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.
C’est un responsable syndical très indigné qui est sorti de la rencontre avec l’inspecteur général du travail. Salif Camara a accusé le gouvernement de manque de sérieux pour une sortie de grève au bénéfice de tous.
« C’est par rapport à l’avis de grève générale déposé et par rapport à ce qui prévaut sur le terrain. Nous étions partis, nous avons écouté. Nous avons parlé de fond en comble. Ce que nous retenons, c’est que le gouvernement n’a pas encore la volonté d’engager une négociation sincère, franche et ouverte. Je vous dis qu’il n’y a pas de sérieux. L’inspecteur lui-même est entre le marteau et l’enclume. Il ne sait plus où se poser la tête. C’est dommage. Donc, c’est ce que nous avons déploré. Nous avons constaté que, de l’intérieur du pays jusqu’à Conakry, la grève est observée à 60%. À Conakry, il y a les menaces. On menace des enseignants ; et, de l’autre côté, on dit aux enseignants de venir remplir les fiches. Et, dès que les enseignants et les élèves viennent, on les oblige à aller en classe et on ferme le portail. C’est ce qu’on a regretté. Ils sont en train de dissimuler un mal qui va impacter l’année scolaire, surtout les examens nationaux. Nous n’avons pas demandé de la quinine à boire. Nous avons demandé l’application de l’article 100 du statut particulier du personnel de l’éducation qui dit : que lorsque la vie est chère, les primes et indemnités doivent être rehaussées. Donc, le salaire de l’enseignant est très minime. C’est pourquoi aujourd’hui, nous savons même avec les menaces qui sont en contradiction avec les lois L029, L0027 qui dit que chaque travailleur a le droit d’observer la grève. Donc, nous nous posons une question : est-ce que ce gouvernement de Transition est dans l’esprit de la démocratie syndicale ? » a dit Salif Camara.
Dans sa colère, ce leader syndical membre de l’intersyndicale de l’éducation a aussi accusé le gouvernement de corruption. Il reproche notamment aux autorités d’avoir distribué de l’argent à d’autres structures syndicales de l’éducation pour créer un blocus face aux structures syndicales qui réclament une meilleure condition de vie et de travail.
« Le gouvernement donne de l’argent à certaines structures syndicales pour combattre l’inter syndical de l’éducation, pendant qu’on crie qu’il n’y pas d’argent… Ils ont visité les salles de classe où il n’y a pas de tables-bancs. Au lieu de donner l’argent-là pour faire de la propagande dans les médias, il faut donner l’argent-là aux enfants de la nation en achetant les tables-bancs. Les gens ont tendance à mettre le président dans les erreurs. C’est ce que nous ne voulons pas. Nous demandons au président de la Transition de regarder les enseignants, qu’il écoute leurs cris de cœur et qu’il se lève pour régler une fois pour toute le problème de l’éducation. Si cela n’est pas fait, nous restons sur notre position de grève et nous demandons aux enseignants de rester toujours mobilisés, de rester à la maison, de ne pas céder aux intimidations. Parce que ceux qui intimident aujourd’hui, ils ont où voler et où prendre », a martelé Salif Camara.
Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com