Le groupe de presse Lynx-Lance et Lelynx.net, a présenté ce mercredi, 27 avril 2022, les résultats de plusieurs enquêtes que ses journalistes ont menées sur la gouvernance économique en Guinée. Un travail réalisé en partenariat avec OSIWA (Open Society Initiative for West Africa) dans le but d’éclairer la lanterne des Guinéens sur la gestion des ressources financières de leur pays. Et les résultats de ces enquêtes sont alarmants quasiment dans tous les domaines.
Selon Mamadou Siré Diallo, rédacteur en chef du groupe de presse Lynx-Lance, c’est en 2020 que le groupe a bénéficié d’un appui technique et financier d’OSIWA pour la mise en place d’une cellule d’investigation spécialisée en crimes économiques. C’est ainsi qu’une équipe de 7 journalistes a été déployée sur le terrain pour enquêter sur des sujets divers et variés, qui se rattachent tous à la gouvernance économique en Guinée.
« Par exemple, pourquoi le prix du tabac est-il moins cher en Guinée qu’ailleurs dans la sous-région ouest africaine ? Combien les élections ont coûté à la Guinée ? Les dépenses effectuées avaient-elles suivi les voies recommandées ? Pourquoi subventionne-t-on le riz importé alors que la production est de meilleure qualité ?
Ce sont entre autres les questions auxquelles on a tenté de répondre », a-t-il indiqué, ajoutant que l’objectif de ce travail est « de dénoncer la mal gouvernance dans notre pays. C’est de dire ce que font les représentants ou les cadres de l’administration de nos ressources. Parce que ces ressources-là appartiennent à tous les Guinéens. Puisque la vocation du journaliste est de défendre l’intérêt collectif, notre objectif est de dénoncer ce qui ne va pas dans les sujets que nous avons choisis. Donc, nous espérons avoir abouti à l’objectif visé, parce que sur le terrain, nous avons eu des résultats que nous-mêmes nous ignorions », a laissé entendre Mamadou Siré Diallo.
Le rédacteur en chef du groupe Lynx-Lance a personnellement enquêté sur le coût des élections organisées sur la période allant de 2015 à 2020 en Guinée. Et il a constaté que ces échéances coûtent très cher au pays. « Nous nous sommes dit qu’il est du droit des Guinéens de savoir combien les élections dont on parle tant dans le pays leur coûtent. Sur ce, entre 2015 et 2020, les élections en Guinée ont englouti pas moins de 1 695 milliards de francs guinéens, soit près de 139 000 000 d’euros. Donc, si vous faites le calcul, vous constaterez que ce budget vaut plus du tiers du montant prévu pour la réalisation de la route Conakry-Mamou-Dabola, qui est en chantier.
Parce que selon les statistiques qui étaient sur le site du ministère des transports, le coût de ce projet est de 357 000 000 d’euros pour 370 km. Donc, si les urnes ont fait couler encre et salive, elles ont fait aussi couler des larmes comme du sang », a fait remarquer le journaliste, qui relève aussi la gestion opaque de la CENI (Commission électorale nationale indépendante). « Il y a une opacité dans cette gestion. Selon mon constat, les budgets électoraux de 2015 à 2020, leur gestion n’a connu aucun audit, ni interne ni externe. Alors que la loi qui gère la CENI, il est stipulé en son article 26 alinéa 1, que dans l’exécution de son budget, la CENI procède au moins une fois par an à un audit interne, afin de s’assurer de l’application correcte des règles de gestion budgétaire en vigueur.
Vous prenez les alinéas 2 et 3 du même article, il est stipulé que la CENI est soumise annuellement à un audit externe du budget réalisé par un auditeur recruté par voie d’appel d’offres ouvert. J’ai été à la CENI et j’ai pris plusieurs rendez-vous, mais les autorités étaient indisponibles à me recevoir. J’ai été à l’inspection générale, jamais ils n’ont effectué un audit à la CENI. J’ai été à la cour des comptes, on m’a dit qu’ils n’ont jamais effectué un audit à la CENI. À l’administration du territoire, là non plus ils n’ont jamais demandé à la CENI de faire un rapport d’audit », a dit Mamadou Siré Diallo, rédacteur en chef du groupe Lynx-Lance.
Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com
