Inculpation de Kassory et Cie : « les juges de la CRIEF ont confié leur carrière à une transition »

Me Sidiki Bérété, avocat

La colère ne retombe dans les rangs du collectif des avocats de Kassory Fofana et Cie. Au lendemain de l’arrêt de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), qui les déboute et maintient les anciens dignitaires d’Alpha Condé en détention préventive, ces avocats ont tiré à boulets rouges sur les juges. Ils ont dénoncé cet arrêt dans une conférence tenue hier, mercredi 27 avril 2022, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

Maitre Sidiki Bérété, membre du collectif des avocats de Kassory Cie, dénonce un déni de justice suite à l’arrêt de la CRIEF. Pire, il estime que les récente nominations dans l’appareil judiciaire sont de manœuvres pour coopter des magistrats qui peuvent obéir à des injonctions de l’exécutif.

« C’est regrettable. Vous avez constaté, les deux procureurs qui ont assisté à l’audience ont créé le vide. Moi, je qualifie la décision d’hier de déni de justice. Le juge peut être poursuivi pour déni de justice et le président de la CRIEF parce que le ministère public ne s’est pas opposé à la levée des mandats. On a fait le débat, le ministère public voulait justifier le bien-fondé de sa procédure, mais ne s’est jamais opposé. Vous savez, nous avons formulé une demande. L’adversaire a acquiescé. Qu’est-ce qui empêchait le juge de lever le mandat ? Mais, il a été intimidé. Il a manqué de courage aussi à cause du décret qui est venu intervenir pour pouvoir le dissuader. Systématiquement, l’ensemble des procédures initiées, le parquet a opté pour la détention. Comme il y avait deux juges qui se croyaient indépendants, on les a fait sauter automatiquement par un décret et le président de la CRIEF était obligé d’obtempérer. J’ai dit le matin, tant que l’inamovibilité des magistrats, le plan de carrière des magistrats on n’a pas cherché à établir et à rassurer, aucun juge ne peut prétendre être indépendant. Parce que vous faites la tête dure, on va vous faire sauter par un décret. C’est ça le problème… », martèle l’avocat.

Enfonçant le clou, Me Sidiki Bérété a accusé les magistrats de la CRIEF d’avoir confié leur carrière à une transition. « On se verra après la transition », a-t-il fulminé. « Les juges de la CRIEF ont confié leur carrière à une transition, une petite période courte. C’est la Guinée ça, on se verra après la transition. On ne doit pas confier sa carrière à une transition. Ce sont des jeunes qui étaient l’espoir de notre justice, ils ont dit que les vieux sont dépassés, ils sont ceci ou cela. Mais eux, ils sont venus, ils se sont noyés, ils ont mordu à l’appât d’illégalité et d’irrégularité. De toutes les façons, on reste sur notre faim. Comme on nous exige de comparaître maintenant par la volonté du procureur, on viendra devant le cabinet d’instruction. Ceux qui étaient indépendants là-bas, on les a déjà fait sauter », assène maître Bérété. 

Malick Diakité pour Guineematin.com

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