Poursuites judiciaires contre Alpha Condé et Cie : des habitants de Conakry divisés sur la question

Alpha Oumar Sacko, citoyen de Dixinn

Dans un document de 20 pages transmis à la presse hier, mercredi 4 mai 2022, le procureur général près la cour d’appel de Conakry, Alphonse Charles Wright, a instruit au parquet d’instance de Dixinn d’engager des poursuites judiciaires l’ancien président Alpha Condé et 26 de ses proches collaborateurs pour meurtre, assassinat, torture, etc. Cette décision, hautement saluée au sein de la classe politique guinéenne, divise les citoyens de Conakry.

Dans les rues de la capitale guinéenne où un reporter de Guineematin.com a promené son micro ce jeudi, certains citoyens estiment que l’ex chef de l’Etat guinéen et ses compagnons méritent leurs ennuis du moment, alors que d’autres pensent qu’il faut épargner Alpha Condé de cette humiliation qui entache son honneur d’ancien chef de l’Etat.

Décryptage !

Alpha Oumar Sacko : « Cette annonce ne m’a pas plu. Parce que partout dans le monde les anciens présidents sont respectés. Donc, les Guinéens aussi doivent respecter leurs présidents. Depuis l’indépendance, aucun président élu n’a quitté le pouvoir vivant ; mais, Alpha Condé a fait 10 ans en train de travailler dans ce pays, il n’y a pas eu de guerre ici, le pays n’a pas été attaqué. Alors, pour ça, on lui doit du respect et on doit faire pour lui tout ce qu’il voudra. C’est ce qui est normal au lieu de se mettre à parler de n’importe quoi. Concernant les cas de mort, jusqu’à demain les gens mourront. Ça c’est naturel. Mais, les tueries qui ont eu lieu sont imputables à l’opposition qui a fait sortir les gens dans la rue. Celui qui a été démocratiquement élu, quand toi tu viens pour l’empêcher de travailler, ce n’est pas normal. Alpha Condé, durant ses 10 ans de gouvernance, il n’a tué personne. Ce sont les opposants libres aujourd’hui qui ont tué. Le Guinéen ne respecte pas les personnes âgées et les présidents. Or, ce n’est pas bien pour notre pays ».

Ibrahima Kalil Condé, ingénieur informaticien

Ibrahima Kalil Condé, ingénieur informaticien : « J’ai suivi cette nouvelle hier avec beaucoup d’attention. C’est vrai que c’est un ancien président, il a droit à l’humilité, mais comme personne n’est aussi au-dessus de la loi, moi je pense que c’est une bonne chose. On doit l’entendre par rapport à la situation. Il doit aller s’expliquer pour qu’on sache s’il n’a rien à se reprocher. Je ne sais pas maintenant comment ça va se passer. Est-ce qu’il sera jugé comme un citoyen ordinaire ou bien comme ancien président. On ne peut pas mettre toutes les tueries quand-même sur son dos. Parce que c’est la politique et tout peut arriver. Les gens peuvent fabriquer tout ça d’une autre manière à leur avantage. C’est la justice seulement qui peut départager les deux tendances ».

Mohamed Sylla, parent d’une victime de manifestation

Mohamed Sylla : « Moi j’ai perdu ma femme pendant qu’elle était en état de famille le 15 août 2016 lors d’une manifestation autorisée à Bambéto sous le régime de monsieur Alpha Condé. Je ne vais pas l’accuser pour tout ce qui s’est passé, mais je crois que c’est une bonne chose qu’il aille s’expliquer. Je n’ai pas vécu le régime de Sékou Touré. Mais, de Lansana Conté à nos jours, c’est le seul procureur général qui a montré qu’il est capable de juger les anciens dignitaires. Ce qui m’a un peu étonné, c’est que le FNDC a fait une liste de 80 et quelques personnes que nous avons vu nous les parents des victimes. Mais, hier encore, nous avons entendu parler de 26 personnes plus Alpha Condé lui-même. On ne doit pas demander à monsieur Alpha Condé ce qui s’est passé sous le règne de Sékou Touré ou de Lansana Conté, mais ce qui s’est passé en son temps. On ne peut pas dire qu’il est coupable ou qu’il a donné l’ordre. C’est à lui, une fois à la barre, de prouver son innocence. Je dirais à la justice guinéenne de continuer sur cette lancée. Qu’ils ne se laissent pas intimider par qui que ce soit. Je demande également au procureur de collaborer avec les familles des victimes, parce que 80% des familles savent qui ou quelle unité qui a tué leurs parents ».

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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