Grève des gardes pénitentiaires : « pas d’extraction de prisonniers, pas d’audiences dans les tribunaux »

Les gardes pénitentiaires ont finalement décidé de mettre à exécution leur menace plus tôt que prévu. Ils ont déclenché une grève générale et illimitée ce vendredi, 6 mai 2022, seulement trois jours après avoir adressé leur préavis de grève au gouvernement. La décision du ministère de la justice et des droits de l’homme d’installer un nouveau régisseur à la Maison centrale de Conakry est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, a appris Guineematin.com, à travers un de ses journalistes.

Après avoir empêché cette installation, le personnel pénitentiaire a décidé de lancer immédiatement sa grève pour protester contre l’indifférence des autorités face à leurs revendications.

« Ce matin, nous attendions les autorités pour discuter autour des points mentionnés dans notre préavis de grève. Mais, au lieu de venir discuter avec nous, ils envoient un régisseur qui vient prendre fonction à la Maison centrale.  Un régisseur dont tous les agents, de Conakry et de l’intérieur du pays, s’opposent à la nomination. Parce la prison est gérée convenablement par la commission mise en place par le ministre sortant depuis l’évasion de Mohamed Sidy Diallo. Mais, pour nous barrer la route, on envoie un régisseur qu’on va installer.

Donc, on s’est opposés à son installation. Et immédiatement, comme on a compris que nous ne sommes pas écoutés par les autorités, nous avons décidé de déclencher notre grève. Et c’est une grève générale et illimitée jusqu’à la satisfaction de nos revendications », a expliqué Mamady 2 Camara, le président de la commission de suivi et de discipline des gardes pénitentiaires. Selon lui, les gardes pénitentiaires travaillent dans des conditions très difficiles, d’où leur décision de réclamer l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.

« Nous, les gardes pénitentiaires, nous n’avons pas de vie de famille. Nous travaillons tous les jours 24/24h pour un salaire mensuel de 1 300 000 francs guinéens. Notre statut particulier a été signé depuis le 31 octobre 2016 au même titre que celui des greffiers. Le statut des greffiers est appliqué depuis quatre ans maintenant, alors que nous, on est toujours payés à 1 300 000 francs guinéens par mois. On n’a pas de primes, pas d’indemnités et pas de prise en charge médicale. Même s’il y a un cas de décès, nous ne sommes pas accompagnés par le ministère de la justice », a-t-il déploré.

Mamady 2 Camara, président de la commission de suivi et de discipline des gardes pénitentiaire

Parlant de leur grève, le président de la commission de suivi et de discipline des gardes pénitentiaires indique qu’elle va impacter notamment la tenue des audiences dans les tribunaux. « Notre grève est bien organisée. Nous veillons à la sécurité de la prison et des prisonniers. La visite est accordée aux prisonniers, le manger qui vient de l’extérieur est accordé aux prisonniers. Celui qui finit de purger sa peine, le régisseur va faire l’expiration des peines et l’intéressé sera libéré. Mais, il n’y a pas d’ordre de mise en liberté et pas d’audience dans les tribunaux. Aucun ordre d’extraction de prisonniers n’est accordé. Aucune décision du ministère de la justice ou des tribunaux ne sera exécutée », a dit Mamady 2 Camara.

Dans leur préavis de grève, les gardes pénitentiaires ont réclamé l’application du statut particulier du personnel pénitentiaire et du régime juridique des établissements pénitentiaires ; la prise en charge à la fonction publique des 135 bénévoles ; la dotation de sacs de riz ou de la valeur du riz sur le salaire ; la nomination d’un directeur général issu du personnel pénitentiaire ; la création d’un fonds social pour la prise en charge sanitaire du personnel pénitentiaire ; l’érection de la direction nationale de l’administration pénitentiaire en direction générale, à l’instar de la douane, la police et les conservateurs de la nature, la fourniture de véhicules servant de moyens de transport aux détenus et au personnel pénitentiaire.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel : 620 589 527/664 413 227

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