Comme annoncé précédemment, le procureur général près la Cour d’Appel de Conakry a instruit mercredi dernier, 04 mai 2022, le parquet d’instance de Dixinn d’engager des poursuites judiciaires contre le président Alpha Condé et 26 dignitaires de son défunt régime. Cette décision a été hautement saluée au sein de la classe politique guinéenne où on réclame « justice pour les crimes de sang ». Mais, à l’union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), on se montre très prudent sur cette démarche du parquet général.
Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com hier, jeudi, Abdoulaye Bah, responsable national chargé de marketing politique et de l’animation de l’UFDG, s’est interrogé sur l’étonnante coïncidence entre cette annonce de poursuites judiciaires et la durée de la Transition qui fait polémique actuellement dans le pays. Il craint que cette démarche du parquet général ne soit une parade pour berner les Guinéens sur les sujets du moment en rapport avec le chronogramme de la Transition.
« Nous à l’UFDG, nous sommes extrêmement prudents. Pourquoi ? Il y a une coïncidence entre l’ouverture de l’information judiciaire contre Alpha Condé et ses acolytes et le dossier du chronogramme de la Transition. Il ne faudrait pas qu’on nous berne encore pour une énième fois. Les 39 mois ont fait jaser à travers les médias, les radios, les télés, les sites internet. La majorité des Guinéens n’est pas d’accord sur la durée de la Transition. Quelque soit la bonne foi d’une junte militaire, quelque soit les bonnes actions qu’elle compte mener ou qu’elle a mené, il n’est pas censé faire 4 ans ou 5 ans au pouvoir. Est-ce que ce n’est pas une façon de noyauté cette effervescence populaire par rapport à la durée de la Transition que ce dossier pénal a été sortie des tiroirs ? Nous à l’UFDG et comme beaucoup de citoyens Guinéens épris de justice, de paix, on a toujours réclamé, à l’image de la CRIEF pour les crimes économiques, qu’une cour spéciale pour la répression des crimes de sang soit également mise en place. Là ce n’est pas le cas, c’est le procureur général qui s’est prononcé sur cette liste de 27 personnes. Est-ce que les tribunaux guinéens sont capables, notamment celui de Dixinn ? Est-ce qu’il y a des magistrats compétents et courageux ? Est-ce que l’infrastructure judiciaire existe ? Est-ce que l’outil judiciaire existe pour juger un ancien président ? On aurait préféré la création d’une cour spéciale pour juger les crimes de sang. Nous restons prudents, pas d’euphorie, pas de joie, pas d’applaudissements. On espère qu’ils vont rendre justice à des Guinéens qui ont été fauchés par des Guinéens », a indiqué Abdoulaye Bah.
Amadou Lama Diallo pour Guineematin.com
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