Vol d’argent au Pont 8 novembre et inculpation de l’adjudant-chef Jack Zakama Koivogui : Me David Béavogui « une mascarade » et déplore les réquisitions du parquet général

David Béavogui

Le collectif des avocats de l’adjudant-chef Jack Zakama Koivogui ne décolèrent pas. En conférence de presse ce vendredi, 6 mai 2022, ces avocats ont dénoncé « des incohérences » intervenues dans la procédure visant leur client. Me David Béavogui, membre dudit collectif, redoute une mascarade visant à faire condamner leur client et à le faire radier de l’effectif de l’armée guinéenne, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Cette affaire de vol d’argent au ‘’Pont 8 Novembre’’ remonte au lendemain du coup d’État qui a renversé le pouvoir d’Alpha Condé le 05 septembre dernier. Saran Chérif, médecin, a été victime de vol d’un montant de 246 millions de francs guinéens au niveau du ‘’Pont 8 Novembre’’ où étaient postées des agents des forces spéciales (l’unité d’élite qui a déposé Alpha Condé). C’était le lundi, 06 septembre 2021. Et, quand l’affaire a éclaboussé, l’adjudant-chef Jack Zakama Koivogui a été arrêté et accusé d’être le complice des agents Faro et Abdoul Karim Daffé. Il a été placé sous mandat de dépôt le 02 novembre 2021, avant d’être mis en liberté provisoire le 20 avril dernier par le parquet général de Conakry, puis muté dans la préfecture de Mali.

« Il a été clandestinement libéré dans la nuit du 20 avril 2022, largué malade à Mamou où il a quémandé son transport pour aller se faire soigner à Labé ; et, le surlendemain, il a rejoint Mali Yembèrin où il a été muté. Nous avons été désagréablement surpris de constater que son dossier a été enrôlé à la cour d’appel. Et, mercredi passé, le parquet a requis un an de prison contre lui en tant que complice de Abdoul Karim Daffé et Faro qui ont été déjà radiés dès les premières heures de la prise du pouvoir par le CNRD. Parce que le président Mamadi Doumbouya avait estimé que c’était des coupables. Entretemps, l’adjudant Jack Zakama a continué à aller à son lieu de service. Nous avons été surpris donc de voir qu’il a été arrêté, puis libéré clandestinement et la même nuit son affectation a été signée par le haut commandant de la gendarmerie nationale. Il y a la peur qui nous hante, parce que quand le parquet requiert un an, le magistrat n’a pas entendu la version du prévenu, et son avocat n’a pas pu plaider, la cour peut entrer en erreur en condamnant cet innocent », a indiqué David Béavogui.

Pour cet avocat, le procès ouvert mercredi dernier à la cour d’appel n’a pas été contradictoire. Et, il redoute « une mascarade » pour condamner son client.

« Nous n’avons pas eu la parole, parce que le prévenu n’était pas présent. Nous n’avons pas eu la parole parce que le barreau avait boycotté les audiences de la cour d’appel. Nous sommes donc inquiets du sort de notre client, parce que tout porte à croire qu’on est en train d’organiser une mascarade tendant à le condamner et à obtenir sa radiation dans les effectifs de l’armée. Imaginez, le 6 décembre 2021, nous avons obtenu la nullité de la procédure devant la chambre de contrôle de l’instruction, cet arrêt n’a été exécuté que le 20 avril 2022. Donc, cette période a constitué pour notre client une période de détention arbitraire. Notre client est en dehors de Conakry et il est interdit d’y séjourner. Un gendarme, un officier de police judiciaire, il n’est pas détenteur d’armes, il n’a que sa plume, il n’est pas comme les militaires qui ont aussi été mutés, c’est ça notre inquiétude. Nous avons demandé à la formation collégiale devant la cour d’appel de rabattre le délibéré, de lui permettre au nom du principe sacro-saint du contradictoire et du droit à la défense de permettre à l’adjudant-chef Jack d’être jugé même par prévenu excusé, parce que c’est prévu par la loi ou alors qu’il comparaît devant leur cour pour qu’il puisse bénéficier du droit à la défense et qu’il n’y ait pas un innocent condamné et un coupable libéré », a expliqué David Béavogui.

Pour finir, cet avocat au barreau de Guinée se dit suffisamment armé d’éléments de preuves pour démontrer l’innocence de son client.

David Béavogui

« Déjà, nous sommes forts de quelque chose. C’est le témoignage d’un des éléments des forces spéciales qui a été requis par voix d’huissier et qui est versé dans le dossier de la procédure où le témoin dit : qu’il a vu Jack Zakama ce jour à genou, arme braquée sur lui par les deux soldats des forces spéciales et le montant de 246 millions de la dame a été emportés. Il dit qu’il a trouvé Jack ce jour en train de pleurer, il l’a conduit chez le président (Mamadi Doumbouya) et que c’est le président qui a demandé à ce que les agents soient recherchés et traqués. Quand Abdoul Karim Daffé et Faro ont été retrouvés, ils ont reconnu devant le président que ce sont eux qui ont pris l’argent de la dame. C’est ainsi que le président a demandé de les radier de  l’effectif de l’armée et ils ont été tous radiés. Vu tout cela, je ne pense pas que le parquet pouvait requérir un an encore contre notre client. C’est ce qui nous inquiète », a dit David Béavogui.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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