Bissau : le président dissout le Parlement, élections en décembre

Général Umaro El Mokhtar Sissoco Embalo, président de la République de Guinée Bissau

Le président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a annoncé lundi la dissolution du Parlement et la convocation d’élections parlementaires anticipées d’ici à la fin de l’année dans ce petit pays ouest-africain abonné aux crises politiques.

La date des législatives est fixée au 18 décembre, précise un décret présidentiel.

« La crise politique qui a remis en cause les liens institutionnels normaux entre les organes de souveraineté est aujourd’hui évidente », a dit M. Embalo dans un message à la Nation depuis la présidence.

Il a invoqué « des divergences persistantes et ne pouvant être résolues » avec le Parlement. Ce dernier est devenu « un espace de guérilla politique et de complot », a-t-il affirmé. Le décret présidentiel publié le même jour accuse le Parlement d’avoir protégé des députés mis en cause dans des affaires de corruption et d’avoir refusé de se soumettre au contrôle de ses comptes.

« Le capital confiance entre les organes de souveraineté est épuisé », a-t-il M. Embalo.

« Après avoir entendu le président de l’Assemblée nationale populaire (le Parlement), les partis politiques représentés au Parlement et le Conseil d’État, j’ai pris la décision de dissoudre l’Assemblée nationale populaire de la 10ème législature et d’avancer la tenue des élections législatives », a-t-il dit.

« J’ai décidé de redonner la parole aux Guinéens pour que cette année encore ils puissent choisir librement dans les urnes le Parlement qu’ils souhaitent avoir », a-t-il dit.

 

-Nombreux désaccords-

La Guinée-Bissau est une ancienne colonie portugaise devenue indépendante en 1974 après une longue guerre de libération, menée par le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC) fondé par Amilcar Cabral, assassiné en 1973. Le PAIGC a longtemps dominé la politique nationale.

Depuis son indépendance, le pays a connu une multitude de putsch et de tentatives de coup de force. Il a été le théâtre le 1er février de ce qui a été présenté comme une nouvelle tentative de coup d’Etat et qui a fait 11 morts selon le gouvernement.

Depuis la présidentielle de 2014, le pays s’est engagé sur la voie d’un retour à l’ordre constitutionnel, ce qui ne l’a pas préservé de turbulences chroniques. Les tensions ont persisté après l’élection de M. Embalo à la présidence en décembre 2019.

Son principal adversaire, Domingos Simoes Pereira, du PAIGC, crie à la fraude et n’a jamais reconnu la victoire de M. Embalo, finalement entérinée par la communauté internationale.

De nombreux désaccords ont opposé M. Embalo, général de réserve de 49 ans, et le Parlement, sur l’immunité parlementaire de M. Pereira, visé par des investigations de la justice, sur le partage des ressources du pétrole à la frontière avec le Sénégal, sur une révision de la Constitution ou, récemment, sur l’annonce par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) de l’envoi d’une force de stabilisation.

La communauté internationale réclame de longue date une nouvelle Constitution, l’organisation des pouvoirs dans l’actuelle loi fondamentale passant pour un facteur primordial des crises à répétition.

Le pays a un pressant besoin de réformes. Il est l’un des plus pauvres au monde et considéré comme l’un des plus gangrénés par la corruption. L’instabilité et la pauvreté y ont favorisé l’implantation de narcotrafiquants, qui utilisent le territoire pour faire transiter la cocaïne d’Amérique latine vers l’Europe, avec la complicité suspectée de cadres de l’armée. Le trafic de bois est également prospère.

M. Embalo a présenté le coup de force du 1er février comme directement lié au trafic de stupéfiants.

AFP

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