Monitoring des droits de l’homme en Guinée : « 70% des prisonniers n’ont pas été jugés », selon Destin en main

L’ONG « Destin en main » a présenté ce jeudi, 19 mai 2022, les résultats du monitoring des droits de l’homme dans l’espace civique guinéen. Un projet mis en œuvre en 2021 par cette organisation de la société civile guinéenne sur financement de la Fondation OSIWA. L’étude révèle plusieurs manquements au respect des droits économiques, politiques, civils, sociaux et culturels en Guinée, a appris Guineematin.com, à travers un de ses journalistes.

Initié et financé par la Fondation OSIWA, le projet de monitoring des droits de l’homme dans l’espace civique guinéen a été mis en œuvre du 1er janvier au 31 décembre 2021 par l’ONG Destin en main. L’organisation de la société civile a formé 43 points focaux dont 29 ont été déployés sur l’ensemble du territoire guinéen pour recueillir, analyser et documenter les cas de violations des droits humains. Sur une période de neuf mois, les agents ont produit et remonté 130 rapports qui relèvent le non-respect des droits économiques, politiques, civils, sociaux et culturels en République de Guinée.

« Nous avons constaté que malgré tout l’arsenal des instruments juridiques existants, les droits politiques, civils, sociaux, culturels et économiques ne sont pas assez connus et protégés en République de Guinée. On a remarqué également que la corruption est un facteur de risque clé dans tous les domaines, y compris dans les institutions du système judiciaire. Parce que pour qu’il y ait une justice, il faut qu’elle soit indépendante et ait une probité morale très prononcée. Y compris même au sein des forces de l’application de la loi, c’est-à-dire la police et les autres », a indiqué Dr Emmanuel Moutondo, le coordinateur du projet.

Selon le rapport, les violations constatées sont : coups et blessures, pillages, arrestations arbitraires, détentions illégales, tortures, viols, meurtres et autres. « Le nombre total de détenus est estimé à 3700, dont plus de 70% sont des prévenus (ils n’ont pas été jugés, ndlr). On note aussi les mauvaises conditions de détention, la surpopulation carcérale, la vétusté des prisons, l’insuffisance du personnel pénitentiaire, le nombre insuffisant de magistrats dans certains tribunaux du pays, les mauvaises conditions de travail des magistrats, le retard dans le traitement des dossiers de justice », ajoute Dr Emmanuel Moutondo.

En conclusion, l’ONG Destin en main, dirigée par Mamadou Baïlo Barry, souligne qu’il « reste encore beaucoup à faire pour garantir, promouvoir et faire respecter les droits économiques, politiques, civils, sociaux et culturels ». Pour cela, elle a fait plusieurs recommandations, dont celle relative à une réflexion nationale par toutes les parties prenantes (y compris le gouvernement, la société civile, les partenaires techniques et financiers, les élus locaux, le secteur privé et les organisations internationales) sur les perspectives et tendances visant à promouvoir les droits humains en République de Guinée.

Djaziratou Sow pour Guineematin.com

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