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Nassouroullaye 2 (Ratoma) : sommés de quitter les lieux, les occupants du marché de N’dantary en colère

C’est un sentiment de consternation qui anime aujourd’hui les occupants du marché de N’dantary, situé à Nassouroullaye 2, un quartier de la commune de Ratoma, à Conakry. Ces citoyens sont en colère contre la mairie de Ratoma, qui les a sommés de libérer les lieux avant le 22 mai 2022 pour permettre le démarrage du projet de reconstruction de ce marché. Ils jugent trop court le délai qui leur est accordé par les autorités communales pour quitter les lieux, a constaté un journaliste de Guineematin.com, qui s’est entretenu avec certains d’entre eux, ce samedi, 21 mai 2022.

Wewe Guilavogui, médecin au quartier Nassouroullaye 2

« Le délai que la mairie a mis dans une circulaire qu’elle nous a adressée pour nous demander de quitter les lieux est très court. Le maire de la commune de Ratoma a envoyé cette circulaire le 10 mai dernier pour informer qu’ils veulent reconstruire le marché de N’dantary que nous occupons. Et pour ce faire, ils nous demandent de quitter les lieux dans 10 jours. Depuis lors, nous sommes sur pieds : hommes, femmes, propriétaires de bâtiments, locataires, chef de quartier, tout monde est en mouvement, parce que trouvons le délai donné pour quitter les lieux très court », a déclaré Wéwé Guilavogui, médecin, porte-paroles des personnes concernées par ce déguerpissement.

Elle ajoute qu’ils ne sont pas contre le déguerpissement, mais ils souhaitent avoir un peu plus de temps pour pouvoir d’autres endroits où s’installer. « C’est la saison des pluies qui commence. Même si vous avez de l’argent, il n’est pas facile de trouver un abri à plus forte raison maintenant que le temps est dur. Les marchands et marchandes n’ont pas trouvé où aller se loger et s’installer pour faire leurs activités, et ils ont des enfants qui étudient. On a été à la mairie pour voir le maire et lui demander de nous accorder un délai raisonnable pour quitter les lieux, mais on n’a pas pu le voir. Ceux que nous avons pu voir nous ont dit qu’ils vont remonter l’information, mais jusqu’à présent, on n’a eu aucune réaction de leur part.

Donc, on ne sait pas quoi faire. Nous demandons aux autorités de la mairie, du gouvernorat et du CNRD, particulièrement le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, de nous aider en nous accordant un délai raisonnable nous permettant de bien nous préparer à quitter les lieux. Nous avons vu à la télévision et entendu à la radio que le CNRD a décidé de suspendre la récupération des domaines de l’Etat jusqu’à la fin de la saison des pluies. Puisque nous aussi, nous sommes des Guinéens et nous vivons sur le sol guinéen, qu’ils acceptent de nous donner un délai suffisant pour quitter les lieux », a lancé Wewé Guilavogui.

Abondant dans le même sens, Mamadou Samba Barry, imam de la mosquée de N’dantary, sollicite aussi la clémence des autorités du pays. « Actuellement, on ne peut même pas bien manger, ni dormir, à cause de la préoccupation que nous avons. Nous savons que nous occupons un lieu public, donc on n’est pas contre le déguerpissement. Mais nous leur demandons, de la manière dont ils ont eu pitié des autres ailleurs, qu’ils veuillent bien avoir pitié de nous aussi, en nous accordant un délai nous permettant de nous préparer à quitter les lieux. Que le président Mamadi Doumbouya intervienne pour nous aider à avoir un délai raisonnable », a plaidé l’imam de la mosquée de N’dantary.

Abdallah Barry, secrétaire général du bureau de l’administration du marché N’Dantary (Nassouroullaye 2)

De son côté, Abdallah Barry, secrétaire général de l’administration du marché de N’dantary, se dit surpris de la circulaire de la mairie de Ratoma, leur demandant de quitter le marché dans un délai de 10 jours. Il demande aux autorités communales de revoir cette décision. « On a vu un papier auquel on ne s’attendait pas, qui nous impose un délai de 10 jours pour quitter les lieux. Pourtant, nous avons des enfants qui étudient, certains doivent faire les examens nationaux. Si nous quittons dans les conditions qu’ils nous imposent et on va s’installer par exemple jusqu’à Kagbelen, comment ces enfants vont terminer leur année scolaire ? Que va être leur sort ? Que les autorités veuillent bien patienter, le temps pour ces pauvres citoyens de chercher où aller, parce que de toutes les façons, on va quitter les lieux ».

Selon la circulaire de la mairie de Ratoma, consultée par Guineematin.com, ce déguerpissement s’inscrit dans le cadre du lancement des travaux de reconstruction du marché de N’dantary. Ce projet vise, selon les autorités communales, à améliorer les conditions de vie des citoyens de Nassouroulaye en particulier et ceux de Ratoma en général ; augmenter les équipements à usage d’intérêt public ; rapprocher les services publics des citoyens à la base dans l’intérêt supérieur des collectivités.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél. : 622919225

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