Assiatou Diallo : l’interdiction du voile aux examens pousse les filles voilées à abandonner les études

Aïssatou Diallo, membre du collectif ‘’Ne touche pas à mon voile’’

Alors qu’on s’achemine vers les examens nationaux (prévus du 06 au 21 juin 2022) en Guinée, l’inquiétude monte chez les élèves voilées et candidates à ces différentes évaluations. Elles ont peur d’être vidées de leurs salles d’examen à cause de leurs voiles. Car, ces dernières années, ces filles ont toujours été confrontées au dur choix : « le voile ou l’examen » instauré par les autorités éducatives au nom de la laïcité dans les écoles. Celles qui ont eu le ‘’malheur’’ de choisir le voile ont toujours été empêchées de faire leurs examens. Et, pour Aïssatou Diallo, membre du collectif ‘’Ne touche pas à mon voile’’, cette stratégie des autorités consiste à encourager l’abandon scolaire des filles. 

Dans un entretien accordé à Guineematin.com, cette guinéenne vivant à Accra (au Ghana) à plaidé pour l’acceptation de ces filles qui tiennent à protéger leurs corps dans un milieu cosmopolite où hommes et femmes se côtoient régulièrement.

Aïssatou Diallo, membre du collectif ‘’Ne touche pas à mon voile’’

« C’est quelque chose de très touchant, parce que j’en ai été victime lorsque je faisais le BAC. Donc, ça m’avait beaucoup traumatisée du fait d’enlever mon voile. Je me sentais nue. Cela m’a tellement fait du mal que je n’arrivais pas à me concentrer sur les sujets. Donc, nous prions les autorités de laisser la chance à nos sœurs de bien composer, parce qu’on a besoin de progresser. Il ne faut pas qu’ils pensent que les filles voilées sont des tricheuses. Donc, c’est difficile de dire à une fille d’enlever son voile. Parce que quand c’est comme ça, elle ne sera pas libre, elle ne pourra pas réfléchir très bien, elle ne pourra pas se concentrer. Donc, le mieux c’est de la laisser avec son voile. La solution, c’est que les autorités peuvent interdire le grand voile, tout en acceptant le petit voile. Vous savez, actuellement il y a trop de viol ; et, on veut lutter contre ça. Mais, quand une femme se déshabille et sort au dehors, comment on peut résoudre ce problème. Parce qu’elle est à la portée de tout le monde. Nous on se sent protéger dans notre voile », a dit Aïssatou Diallo.

Sur la création du collectif ‘’Ne touche pas à mon voile’’, notre compatriote fait savoir que c’est pour protéger les filles afin qu’elles ne soient pas victimes de rejet dans les centres d’examens.

« Ce qui m’est arrivée au BAC, c’est du passé, c’est dans mon histoire. Mais, un jour, ça pourrait être une de nos sœurs ou mes propres enfants. Parce que j’ai envie d’éduquer mes enfants comme j’ai été moi-même élevée. Donc, c’est pourquoi on veut se battre et attirer l’attention des autorités à travers notre collectif pour qu’on ait la chance d’étudier. Actuellement, ils veulent lutter contre l’abandon scolaire des jeunes filles. Mais, cette situation pousse les filles voilées à abandonner l’école. Et, ce n’est pas bien », a dénoncé Aïssatou Diallo.

Entretien réalisé à Accra par Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com

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