Conakry : tenue de l’atelier de validation technique des plans d’aménagement détaillés des communes de Coyah et Matam

« Partager et valider le diagnostic de l’analyse contextuelle des plans d’aménagement détaillés des communes de Coyah et de Matam, ainsi que les stratégies d’aménagement envisagées et les interventions au niveau des deux sites ». C’est le but d’un atelier organisé à Conakry ce jeudi, 02 juin 2022, par le ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, à travers la direction nationale de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat). Cet atelier s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre concertée du projet ‘’Sanita Villes Durables’’ financé par l’Union européenne en Guinée. Et, il fait suite à la validation technique du schéma directeur d’urbanisme du Grand Conakry, rapporte un journaliste que Guineematin.com avait dépêché sur place.

Le plan d’aménagement détaillé est un important document de planification locale qui fixe les règles et servitudes foncières qui doivent s’aligner sur les orientations du schéma directeur d’urbanisme. Il permet de définir avec une plus grande précision, dans une ou plusieurs zones prédéfinies, les orientations du schéma directeur d’urbanisme ; de mettre l’emphase sur une thématique particulière ; de prioriser les actions à mener à l’échelle d’un ou plusieurs quartiers (ou même d’une commune) et d’élaborer un plan de zone précis.

Ainsi, dans le cadre du projet ‘’Sanita Villes Durables’’, deux plans d’aménagement détaillés sont en cours d’élaboration pour les communes de Coyah et Matam (à Conakry). Et, l’atelier de ce jeudi vise justement à présenter et à valider ces deux plans d’aménagement détaillés des sites pilotes qui pourraient servir d’exemple et qui pourraient être répliqués dans d’autres zones du Grand Conakry.

Gwendoline Mennetrier, conseillère technique principale du projet Sanita Villes Durables à ONU-Habitat

« En écho aux orientations du schéma directeur d’urbanisme du Grand Conakry, nous avons eu à travailler avec vous sur deux plans d’aménagement détaillés pilotes pour les zones ciblées afin de doter les collectivités locales de Coyah et de Matam d’outils de développement et de gestion de ces territoires à une échelle plus fine et plus détaillée que celle du schéma directeur. Ces plans pilotes traitent de la restructuration urbaine et de la protection de l’environnement, deux problématiques essentielles dans la zone du Grand Conakry et qui méritent une attention soutenue. Nous nous sommes déjà rencontrés à plusieurs reprises, y compris dans vos communes respectives, pour discuter et enrichir, grâce à vos contributions, les diagnostics détaillés de ces zones et les stratégies d’aménagement préliminaires. Aujourd’hui, il s’agira principalement de présenter et valider les stratégies d’aménagement et les interventions proposées au niveau des zones d’action des deux cités de Coyah et Matam. Nous aurons également l’opportunité de passer en revue les règlements qui devraient permettre une mise en œuvre efficace des interventions proposées. Nous comptons aussi sur Coyah et Matam, avec l’appui de la DATU qui a un rôle à jouer en termes d’appui à la maîtrise d’ouvrage communale, pour que cette initiative puisse faire tache d’huile dans d’autres zones du Grand Conakry », a expliqué Gwendoline Mennetrier, conseillère technique principale du projet Sanita Villes Durables à ONU-Habitat.

La validation technique des plans d’aménagement détaillés des communes de Matam et Coyah est le résultat de plusieurs activités empreintes d’exercices participatifs de terrain (notamment de l’atelier consultatif d’identification des sites pour l’élaboration des plans d’aménagement détaillés qui fait suite à une étude menée sur le contexte urbain, les contraintes socio-spatiales et les priorités en matière d’investissement dans des zones spécifiques de la ville de Conakry et de la commune urbaine de Coyah). Et, pour Alpha Oumar Diallo, directeur national de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme, cette planification participative est une preuve que « la ville n’est plus une question de dessin, mais de contrat social » entre les dirigeants et les citoyens.

Alpha Oumar Diallo, directeur national de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme

« Ces présentations s’inscrivent dans la vision des autorités actuelles qui consiste à faire du territoire un contrat social ; celui qui rapproche le gestionnaire, les agents publics aux populations. Il s’agit des concepts de planification participative qui ont été déclinés à deux volets. Il y a un volet régional qui prend l’agglomération de Conakry plus les deux villes qui constituent les portes d’entrée de Conakry aujourd’hui. Il s’agit de Dubréka et Coyah. Et, à l’intérieur des deux, on a essayé des zooms, c’est-à-dire des plans d’aménagement détaillés où vous avez six quartiers sur la commune de Matam (à Conakry) et une zone d’attractivité au niveau de Coyah. Donc, pour nous, ce concept est révélateur de beaucoup de choses. Nous savons qu’à Conakry, le dernier schéma directeur date de 1989 ; et, la ville de Coyah n’a bénéficié que d’un plan qui date de la période coloniale (en 1935). Ce qui veut dire qu’interpréter aujourd’hui ces villes-là dans un concept participatif, pour nous, c’est révélateur de beaucoup de progrès. Il faut saluer le caractère participatif du travail. Et, ces deux ateliers devraient nous permettre de prendre en compte les avis des collectivités, de la société civile », a indiqué Alpha Oumar Diallo en procédant au lancement des travaux du présent atelier.

Le plan d’aménagement détaillé de la commune de Matam a pour thématique centrale la consolidation et la densification de la trame urbaine. Il couvre les quartiers de Matam, Matam-Lido, Matam-centre, Bonfi, Bonfi routière et Bonfi marché. Il s’articule autour de six (6) principes dont la densification du tissu urbain, la restructuration du réseau routier (tout en priorisant la circulation piétonne) et l’amélioration de l’accessibilité à la corniche. Sa présentation à cet atelier a mis Mamadou Yansané, chef du quartier de Matam-centre, dans un état à la fois de satisfaction et d’inquiétudes

Mamadou Yansané, chef du quartier de Matam-centre

« Le plan qui nous a été présenté est satisfaisant. Seulement, il y a certaines petites inquiétudes qui nous animent. Parce que vouloir faire une planification du futur et qui soit durable, cela nous inquiète un peu. Car, avec le désengagement de l’Etat, particulièrement dans mon quartier qui était une zone semi-industrielle, tous les domaines sont occupés maintenant par des tiers. Sinon, ce plan est un nouvel espoir dans le futur », a dit Mamadou Yansané.

Pour la commune urbaine de Coyah, il s’agit d’une zone incluant le bras de mer, la mangrove et certaines parties des quartiers de Somayah-centre, Somayah-Plateau, Labo, Coyah-centre, Doumbaya-centre, Doumbaya-école et Km54. Ce plan a pour thématique centrale ‘’la protection de l’environnement’’ et il s’articule autour de cinq (5) principes dont « protéger le plus possible le système écologique de la mangrove et proposer une stratégie de développement urbain en harmonie avec le contexte local ». Mais, à sa présentation ce jeudi, le représentant du chef quartier de Coyah-Centre, Souleymane Camara, a fait remarquer qu’une route y a été omise. Et, il a plaidé pour son intégration. Car, il assure que cette route pourrait désengorger Coyah en lui évitant notamment les embouteillages monstres qui se forment inlassablement au niveau du carrefour Sambaya.

Souleymane Camara, représentant du chef du quartier de Coyah-Centre

« Ce projet est salutaire pour la ville de Coyah. Et, je pense que c’est bien entamé pour qu’on puisse aller de l’avant. Parce qu’ils ont fait de bonnes études. Je trouve que le plan est satisfaisant de manière globale. Et, je pense que ce projet d’aménagement va être bénéfique pour la population de Coyah. Seulement, nous avons signalé une route au centre-ville de Coyah qui quitte Km54 et qui vient tomber sur l’autoroute. Et, malheureusement, je ne vois pas cette route-là sur les plans qui ont été affichés ici. Donc, j’ai fait cette remarque-là au projet Sanita. Parce que si cette route sort, ça désengorge Coyah. Aujourd’hui, les véhicules qui quittent Conakry et ceux qui quittent Forécariah viennent tous se rencontrer à Sambaya. Et, ça crée des embouteillages. Mais, si cette route est prise en compte, les véhicules qui viennent de Forécariah pour Kindia ne vont même pas entrer à Sambaya », a-t-il indiqué.

A noter qu’après leur validation technique, les plans d’aménagement détaillés des communes de Coyah et Matam seront transmis au ministre de l’urbanisme, de l’habitat et de l’aménagement du territoire pour être finalisés (promulgués) par un arrêté. Alors que le schéma directeur sera présenté en conseil des ministres. Et, s’il est approuvé, il sera finalisé par un décret du président de la République.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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