Quand un soi-disant leader dit haut ce que d’autres pensent tout bas

Habib Yembering Diallo

Comme chaque semaine désormais, celle qui vient de s’écouler aura apporté son sujet brûlant. Celui de la déclaration d’un homme en perte de repère qui se cherche encore et toujours. Elie Kamano, dont s’agit, a dit tout haut ce que nombre de ses pairs pensent tout bas. A savoir qu’il faut à tout prix éliminer certains leaders politiques pour se faire une place au soleil.

Mettant l’accent sur le rôle et la responsabilité de la jeunesse, M. Kamano appelle de tous ses vœux à confier la gestion du pays à la jeunesse en général et aux artistes en particulier. Autrement dit à lui, Elie Kamano qui est à la fois jeune et artiste. Un art bien triste.

Dans sa ligne de mire, deux personnalités politiques : Sidya Touré et Cellou Daleien Diallo. Autrement dit les deux bêtes noires de certains soi-disant leaders politiques sans formation, sans expérience et surtout sans conviction. Ce sont ces hommes politiques, dont les convictions varient comme la météo, qui ont innové en Guinée ces dernières années. Ils nous ont créés un nouveau concept guinéen : celui de l’opposition à l’opposition.

Durant le règne de M. Alpha Condé, ces hommes-caméléons ont navigué entre le pouvoir et l’opposition, monnayant leur soutien au plus offrant. Et puisque c’est le pouvoir qui avait plus à offrir, il a réussi à obtenir le soutien intéressé des hommes comme Elie Kamano. Mais ce dernier n’était pas le seul. Il y a eu beaucoup d’autres qui ont fait la navette entre les deux tendances dominantes de la scène politique du pays ces dernières années.

Après le départ d’Alpha, certains d’entre eux ont fait allégeance au principal opposant de l’ancien régime. Mais avec l’incertitude de l’intention de nouveau maitre du pays, ils se demandent quel camp il faut rejoindre. Ou plutôt il faut diaboliser tous ceux qui pourraient constituer un obstacle pour le maintien du successeur d’Alpha Condé au pouvoir. Ils espèrent que la recette d’hier pourrait payer aujourd’hui. En prônant l’exclusion de deux hommes, ils caressent ainsi le nouveau pouvoir dans le sens des poils.

Elie Kamano sait pertinemment que même si Cellou et Sidya sont éliminés de la compétition politique ce n’est pas lui qui succèdera au président de la transition. Il se bat pour d’autres. Voire pour l’autre. A observer de près ce qui se passe dans notre pays, il est facile de voir la cause de notre retard. Lorsque quelqu’un qui se dit leader politique n’a pour l’unique projet de société que l’exclusion d’un autre homme politique, il va de soi qu’il n’ira pas loin. Partout sur le continent et ailleurs dans le monde, les jeunes qui ont conquis le pouvoir n’ont battu campagne que sur leurs compétences et leur patriotisme. Et non sur l’exclusion.

L’exemple le plus illustratif est celui de Macky Sall au Sénégal. Lorsqu’il s’est rendu compte qu’aucune institution ne pouvait empêcher Wade de se présenter pour un troisième mandat, il a pris son bâton de pèlerin pour aller à la rencontre de la population sénégalaise. Vendant son projet de société à ses compatriotes, il a battu le vieux par les urnes et non par la cour constitutionnelle.

Ici, ce que M. Kamano et les autres partisans de l’exclusion souhaitent c’est une loi taillée sur mesure pour exclure ceux qui sont susceptibles de remporter une présidentielle transparente. Oubliant que l’ostracisme est une source de conflit. Qu’Elie Kamano et tous ceux qui, comme lui, n’espèrent réaliser leurs rêves que si certains hommes sont excluent, se battent pour se former comme Cellou et Sidya. Pour pouvoir présenter aux Guinéens un projet de société objectif et non cette médiocrité qui n’honore ni les jeunes encore moins les artistes au noms desquels M. Kamano parle.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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