Arrestation de Foniké Menguè, Billo Bah et Djanii Alfa : le film d’une interpellation teintée de mépris et d’humiliation

Ils sont arrivés souriants, visiblement confiants et très détendus dans l’après-midi de ce mardi, 05 juillet 2022, au siège de la coordination nationale du FNDC (front national pour la défense de la constitution) où ils devaient prendre part à une conférence de presse. Ils, c’est Foniké Menguè (coordinateur national du FNDC) et Djanii Alfa (artiste rappeur et membre du FNDC). Avant de s’installer dans la salle, ils se sont permis de faire quelques blagues aux journalistes, assis au balcon, sur la sortie médiatique matinale ratée de Charles Wright, le procureur général de la cour d’appel de Conakry, dans une radio de la place.

Apparemment, ils ne se doutaient d’aucune intervention de forces de l’ordre dans cette maison citoyenne. Mais, ils ont été pris de court, tout comme les journalistes, lorsque des agents de la police, notamment du BRB, ont fait irruption dans la salle de conférence pour perturber la quiétude qui y régnait. Et, avec brutalité et mépris, Foniké Menguè, Djanii Alfa et leur camarade Billo Bah (responsable de la mobilisation du FNDC) ont été arrêtés et embarqués manu militari par les agents. Ces derniers ont drainé Foniké Menguè par terre, comme un sac à ordure, pour le sortir du siège du FNDC et le jeter dans leur pick-up blanc, rapporte journalistes de Guineematin.com qui a suivi cette scène digne d’une prestation Hollywoodienne.

Il était 14 heures4’, Billo Bah venait de céder la parole à Foniké Menguè (après la lecture d’une déclaration), quand une voix autoritaire brise le silence qui régnait derrière les journalistes. « Eh ! Monsieur ! Arrêtez ça ! », a ordonné cette voix qui s’est révélée être celle d’un agent de police.

« S’il vous plaît, nous sommes en conférence de presse », a répondu un membre du FNDC.

Mais, les agents foncent dans le tas, bousculent de tous côtés les journalistes, et tentent de mettre main sur Foniké Menguè, en vain. Les camarades de l’activiste s’opposent et réclament un mandat. « On n’en a pas besoin », déclare un agent. Et, les membres du FNDC de répliquer : « sortez de notre siège ! »

Cette fois, les agents font mine d’obéir. En tout cas, ils reculent de quelques pas dans les cases d’escaliers, laissant la salle de conférence dans un brouhaha total. « Vous voyez ce qui se passe ? C’est le CNRD qui est en train de passer par tous les moyens pour intimider les membres de la coordination du FNDC », s’exclame entre autres Foniké Menguè.

Le temps d’une minute, tout le monde croyait à la reprise de la conférence, même si les journalistes étaient un peu hésitants à l’idée de déposer leurs matériels d’enregistrement. « Déposez tranquillement vos appareils et gardez votre calme. Ils (les policiers) ne sont pas là pour vous. Ils sont là contre la démocratie et la liberté d’expression », rassure Djanii Alfa.

Foniké Menguè reprend la parole et commence à rappeler les menaces proférées contre le FNDC, par certains membres hauts perchés du CNRD, les jours qui ont suivi le coup d’Etat contre Alpha Condé (ex chef d’Etat guinéen). Mais, brusquement, des policiers font irruption de nouveau dans la salle et interrompent la conférence en cours. Un grand vacarme s’y installe. Et, au milieu de ce brouhaha, ils se saisissent de Billo Bah. Ils le tiennent de tous les côtés (du pantalon au collet) et le tirent pour finalement l’embarquer dans leur pick-up qui était garé à l’entrée de la cour du siège du FNDC.

Quelques secondes après, les policiers font une nouvelle entrée dans la salle. Et, cette fois, ils mettent main sur Djanii Alfa. « Vous (les journalistes) êtes témoins de ça ? », dit Djanii Alfa, alors que les policiers le tirent dans les escaliers. Ils finirent par l’embarquer dans le pick-up où Billo Bah était déjà gardé au chaud.

Les policiers repartent une dernière fois dans la salle et se saisissent de Foniké Mengué. Ils le traînent à même le sol, comme un sac bon à être jeté, jusque dans la cour. Là, ils le déshabillent de son pull-over et le traînent de nouveau jusqu’au niveau de leur pick-up. Finalement, ils le prirent et le jetèrent comme un fagot de bois à l’arrière du pick-up. Et, pour le maintenir immobile, deux agents viennent s’agenouiller sur lui ; et, le pick-up démarre en trombe pour s’éloigner du siège où les journalistes rivalisaient à prendre des images de la scène.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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