Conakry : l’ONG F2DHG clôture le mois de l’enfant autour d’un concours de Slam et de poésie

L’ONG Femmes, Développement et Droits Humains en Guinée (F2DHG) a célébré en différé le mois de l’enfant hier, vendredi 15 juillet 2022, dans un réceptif hôtelier à Conakry autour du thème « Les enfants parlent de leurs droits ». Cette célébration a été marquée par un concours de Slam et de poésie entre les enfants venus des 5 communes de Conakry. Ils se sont affrontés sur la thématique du viol sur mineures, très répandu de nos jours en Guinée. À tour de rôle, ces candidats ont fait leurs prestations en présence des membres du jury et les lauréats ont été récompensés, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Selon Moussa Yéro Bah, présidente de l’ONG F2DHG, cette initiative est la première du genre et vise à valoriser la compétence des enfants et à créer le leadership en eux. C’est aussi une occasion pour ces enfants de s’exprimer devant les autorités et leurs parents sur les violences qu’ils subissent.

Moussa Yéro Bah, présidente de l’ONG F2DHG

« C’est le mois de l’Enfant 2022 que nous célébrons en différé en organisant un concours entre des enfants issus des 5 communes de la capitale. L’objectif est de sortir des jeunes leaders qui sont souvent dans les communes, dans les communautés, dans les écoles mais qui ne se découvrent pas. Nous voulons sortir les jeunes leaders et faire d’eux des ambassadeurs des droits des enfants. Cette année, c’est la première édition que nous célébrons. Les candidats avaient la liberté de choisir leur genre. Ça pouvait être de la poésie, ça pouvait être du slam. Selon leur choix, les enfants se sont exprimés mais sur une thématique spécifique qui a beaucoup touché les enfants cette année. C’est le viol sur mineures qui s’est répandu. Nous avons constaté la recrudescence du chiffre. Mais nous voulons impliquer les enfants eux-mêmes. Les amener à parler de leurs problèmes. Je pense que quand les enfants eux-mêmes s’adressent aux autorités, aux parents ou aux différentes communautés, ça pourrait permettre de changer la donne. C’est pour cela que nous avons décidé d’impliquer les enfants eux-mêmes au lieu de parler à leur place », a-t-elle expliqué.

Par ailleurs, la présidente de l’ONG F2DHG a dit ne pas s’arrêter là. Elle compte élargir ce projet l’année prochaine dans les différentes communes et écoles de Conakry. « Pour cette première édition, ce sont les 5 communes de Conakry qui sont concernées. On ne s’est pas étendu sur Kassa parce que nous sommes en saison pluvieuse. C’est risqué de faire traverser les enfants ».

En outre, Moussa Yéro Bah a fait savoir qu’il y aura des lauréats et des ambassadeurs parmi ces compétiteurs. « Il y aura 2 lauréats. Les 2 premiers seront désignés comme les meilleurs ambassadeurs, mais tous les 5 enfants sont retenus comme des ambassadeurs. Il y aura des projets l’année prochaine pour aller dans leurs écoles, dans leurs communes, les mettre sur le devant de la scène. Eux-mêmes iront sensibiliser leurs communautés sur les problèmes que subissent les enfants. Ils auront des enveloppes différentes. Les deux premiers auront des enveloppes variant de 2 millions 500 mille GNF à 2 millions GNF. Il y aura également des tablettes, des livres. Parce que ce sont des enfants, nous voulons qu’ils se forment », a-t-elle indiqué.

Aïcha Nanette Conté, ministre de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables

Pour sa part, Aïcha Nanette Conté, ministre de la Promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables, a salué l’initiative et avant de dire son engagement et sa détermination à traquer et à punir les violeurs conformément à la loi. « Toute activité qui peut être faite pour les enfants ne saura être de trop. Donc, qu’on les célèbre en différé ou maintenant, c’est surtout maintenant qu’il faut parler des enfants, qu’il faut parler de la protection des enfants, qu’il faut parler des viols et des violences sur les enfants parce que nous sommes en période de vacances (…). Cet événement me réjouit à plus d’un titre. Parce que ça nous donne encore l’occasion de pouvoir interpeller, pouvoir protéger les enfants et dire à tous ceux qui se livrent à des violences contre les enfants que nous n’allons pas avoir de répits, nous n’allons pas dormir. Nous allons continuer à les traquer parce que la loi sera appliquée sur tous ceux qui seront retenus dans les liens de la justice en la matière ».

Hadja Aissatou Barry, lauréate du meilleur prix slameuse

De son côté, Hadja Aïssatou Barry, âgée de 15 ans, lauréate du meilleur prix slameuse, a exprimé sa satisfaction après avoir obtenu la première place du concours. « Je suis très contente et surtout très fière de moi parce que c’est la première fois que je déclame devant des gens. Donc, je suis vraiment contente pour cela. Ce slam, pour moi, il dénonce. Dans ce slam, j’ai parlé de beaucoup de choses que les victimes subissent et surtout sur l’impunité des viols. Donc pour moi, c’est vraiment quelque chose qu’il faut dénoncer. Je remercie sincèrement cette ONG. Voyant aujourd’hui cette initiative et les actions qu’ils sont en train de mener sur le terrain, je les félicite vraiment pour cela et surtout je les encourage parce que ce n’est pas vraiment un travail facile », a laissé entendre la lauréate.

Il faut rappeler que cette cérémonie a été également marquée par un panel et du théâtre axés sur le viol fait sur mineures dans les communautés.

Mohamed Doré pour Guineematin.com

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