Conduite de la transition : inquiet, Ibrahima Aminata Diallo de la CONAPAID interpelle le CNRD

Ibrahima Aminata Diallo, président de la coalition nationale des Acteurs pour la paix et le développement (CONAPAID)

La situation que traverse la Guinée préoccupe les acteurs politiques et sociaux. Alors que des manifestations sont en vue dans une situation d’enlisement, l’inquiétude grandit. C’est le cas du président de la Coalition nationale des Acteurs pour la paix et le développement (CONAPAID) qui a confié ses préoccupations par rapport au déroulement de la transition en cours. Interrogé par un reporter de Guineematin.com, Ibrahima Diallo demande au CNRD er au gouvernement de faire éviter le pire à notre pays.

Devant le manque de dialogue entre les acteurs de la transition et les risques encourus, Ibrahima Aminata Diallo exprime ses inquiétudes. « La CONAPAID est très préoccupée par la transition. Préoccupée, dans la mesure où la paix et la quiétude sociale sont menacées par le fait qu’il n’y pas de visibilité en ce qui concerne la conduite de la transition et cela fait 10 mois maintenant depuis que le CNRD a pris le pouvoir. Son avènement avait suscité beaucoup d’espoir, mais aujourd’hui il y a des choses entamées dont on ne connaît pas les bases, on ne sait pas où on va ».

Ibrahima Aminata Diallo, président de la coalition nationale des Acteurs pour la paix et le développement (CONAPAID)

Que reproche concrètement le président de la CONAPAID aux autorités de la transition ? « Je prends par exemple le dialogue auquel avait appelé le Premier ministre, Mohamed Béavogui, le 17 juin dernier. On avait demandé de surseoir à la manifestation du FNDC qui était prévue le 18 juin. Mais, l’implication de tous les acteurs majeurs, notamment les religieux, les diplomates accrédités en Guinée avait débouché sur la rencontre du 27 juin. Depuis cette rencontre, nous ne voyons presque rien qui va dans le sens d’un cadre de dialogue franc et sincère entre les acteurs majeurs du pays. A date, on ne sait même pas si le Premier ministre, Mohamed Béavogui, a démissionné ou s’il n’a pas démissionné. Mais, on se rend compte qu’il n’a pas géré un pays en conflit. J’ai l’impression également que c’est un Premier ministre phagocyté par le ministre de l’Administration du territoire et le président du Conseil national de la transition. La preuve en est que le 27 juin, c’étaient les deux qui étaient à ses côtés. La question qui se pose aussi est de savoir s’il est Premier ministre ou bien s’il est le premier des ministres », lance notre interlocuteur.

Ce qui conforte les doutes du président de la CONAPAID, c’est le voyage à l’étranger de Mohamed Béavogui. « Le 16 juillet 2022, on nomme un Premier ministre par intérim en donnant comme argument que le Mohamed Béavogui est en déplacement à l’extérieur pour des raisons de santé, pour un contrôle de santé de routine. Est-ce que Mohamed Béavogui a démissionné ou bien pour chercher à éviter de choquer le Chef de la junte, il cherche un moyen de démissionner ? Ou bien il cherche à faire de sorte que le Chef de la junte se débarrasse de lui ? Ce sont entre-autres des questions que la CONAPAID se pose aujourd’hui ».

Ibrahima Aminata Diallo reconnait qu’il y a bien des actions positives posées par la junte militaire. Mais, ces actions ne sont pas suffisantes pour changer la donne. « Le président de la transition a certes fait un coup d’Etat mais le CNRD et le gouvernement ont réussi quand-même à gérer l’inflation malgré une situation économique compliquée. Vous avez vu que la devise est en train de se stabiliser. Sinon probablement, le prix du litre de carburant à la pompe allait atteindre 15 000 francs guinéens. Ils ont maîtrisé cela et il faut au moins reconnaître ça pour eux. Mais, les acteurs de la paix et du développement épris de la démocratie, nous continuerons à nous interroger notamment sur le fait que le premier ministre qui n’a fait dix mois peut se permettre de s’offrir un congé… Nous, nous pensons que le Premier ministre est aujourd’hui un simple figurant dans ce gouvernement du CNRD, une simple photo parce que c’est le ministre de l’administration du territoire qui mène toutes les actions et le président du CNT est en train de jouer le rôle du Premier ministre. Nous pensons également que le Premier ministre n’a pas la main libre », soutient-il.

Face à ces immenses défis, Ibrahima Aminata Diallo interpelle le CNRD. « Je regrette qu’après 10 mois qu’on nous dise qu’il n’y a pas de crise en Guinée. Je regrette qu’après 10 mois, qu’il n’y ait pas de chronogramme consensuel de la transition. Je demande au président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya, de respecter les engagements du CNRD pris à son arrivée au pouvoir. Je pense qu’il n’y a pas de volonté politique sinon on aurait dépassé le stade actuel où nous sommes. Je lui demande de travailler pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel. En ce qui concerne la rédaction de la Constitution, faire de sorte que l’on tienne compte de toutes les réalités de notre pays et pour cela, faire recours notamment aux constitutionnalistes et aux sociologues issus de toutes les régions du pays pour qu’on ait une constitution pas taillée sur mesure mais une constitution reflétant les valeurs culturelles, sociales, économiques et politiques de notre pays… S’il n’y pas de complaisance de la CEDEAO, la Guinée court des gros risques. Les risques sont là. C’est imminent », averti le président de la CONPED.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél : 622919225

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