Respect des droits des personnes handicapées : le CNT renforce les capacités de ses membres sur la question

« Relecture des textes législatifs relatifs aux personnes handicapées dans le cadre d’une contribution pour les futures réformes constitutionnelles ». C’est le thème d’un atelier de renforcement des capacités des membres du Conseil national de la transition (CNT) et des cadres de l’administration parlementaire, qui s’est ouvert ce mercredi, 27 juillet 2022, à Conakry. Organisé par le CNT sur financement du NDI (National Democratic Institute), cet atelier va durer deux jours, a appris sur place Guineematin.com, à travers un de ses reporters.

Dans son discours de bienvenue, Elhadj Boubacar Diop, conseiller du président du CNT chargé de l’inclusion et du handicap, a rappelé le contexte dans lequel est organisée cette session de renforcement des capacités des conseillers nationaux et des cadres de l’administration parlementaire. Selon lui, elle s’inscrit dans la volonté des autorités guinéennes de rendre conforme le droit interne à la convention internationale relative aux droits des personnes handicapées.

Elhadj Boubacar Diop, conseiller du président du CNT chargé de l’inclusion et du handicap

« A la suite de l’avènement du CNRD, dans le cadre de la refondation de l’Etat de droit. Il est envisagé la rédaction d’une nouvelle constitution qui doit être conforme aux conventions régulièrement ratifiées par la Guinée, entre autres, la convention sur les droits des personnes handicapées. L’occasion est, dès lors, opportune pour corriger les lacunes décelées dans la Loi N°2018-021/AN du 15 mai 2018 portant protection et promotion des personnes handicapées en République de Guinée, qui comporte certaines insuffisances.

En effet, cette loi prévoit la mise en place, sous la tutelle de l’Etat, du conseil national du handicap. Celui-ci, en tant qu’organe consultatif de coordination des politiques et programmes en faveur des personnes handicapées, à l’exclusion de tout autre organe.

Or, la convention internationale relative aux droits des personnes handicapées, dûment ratifiée par la Guinée le 8 février 2008, prévoit en son article 33, la mise en place de deux organes, à savoir un organe de coordination des actions en faveur des personnes handicapées relevant de l’administration et un autre organe indépendant de veille et de suivi de l’application de la convention.

Face à cette contradiction entre le droit interne et la convention internationale et au regard du principe selon lequel, dans la hiérarchie des normes juridiques, les conventions, accords et traités internationaux ont une valeur juridique supérieure à celle des lois et décrets, il va s’en dire que l’Etat guinéen a l’obligation de créer l’organe indépendant, en plus de l’organe de coordination », a-t-il indiqué.

En plus de cela, il souligne que dans la situation actuelle, plusieurs départements ministériels qui ont un rôle crucial à jouer ne s’intéressent pas et ne font pratiquement rien en faveur des personnes handicapées. « C’est une très grande erreur qu’il convient de corriger. La problématique du handicap est transversale et multisectorielle. Chaque département ministériel de base à un rôle vital à jouer pour le développement des services de base indispensables à l’épanouissement harmonieux de la personne handicapée.

D’où la nécessité d’une synergie d’actions entre ces différents ministères d’une part, et de l’autre, la tenue de ce présent atelier qui vise les quatre principaux objectifs à savoir l’organisation d’un pool d’appropriation des futurs textes législatifs relatifs aux personnes handicapées ; la sensibilisation des participants et leur mobilisation pour leur implication et responsabilisation dans l’application des futurs textes ; l’adoption de textes consensuels impliquant tous les départements ministériels et autres acteurs concernés ; la mise sur pied provisoirement d’une commission de suivi multisectorielle », a dit Elhadj Boubacar Diop.

De son côté, le président du Conseil national de transition, Dr Dansa Kourouma, qui a présidé la cérémonie d’ouverture du présent atelier, a mis l’occasion à profit pour rappeler l’engagement de son institution à prendre en compte la question de l’inclusion dans la future constitution de la Guinée. D’où l’organisation de cette session pour renforcer les capacités de ceux qui sont chargés de faire ce travail.

Dr Dansa Kourouma, président du conseil national de la transition

« A notre prise de fonction, on s’est engagé sur notre honneur à travailler pour les générations d’aujourd’hui et du futur. Et le travail le plus important, c’est doter la Guinée d’une constitution qui résistera au temps. Mais il y a aussi la tentation des Hommes. Ceci n’est pas une citation creuse. Nous avons pris l’engagement de le faire. Et cette constitution devra prendre en compte cette question épineuse de l’inclusion. L’inclusion des personnes handicapées, l’inclusion des femmes, l’inclusion des jeunes, tout simplement sensible au genre.

Mais une constitution résiliente qu’on ne modifiera pas selon l’humeur d’un homme politique ou d’un système. Mais une constitution dont les règles seront intangibles. Pas une règle, mais toutes les règles. Parce qu’en réalité, elle doit être faite pour le présent et pour l’avenir. Et pour ce faire, nous sommes dotés d’une ligne de conduite. C’est l’impartialité et la participation. D’ailleurs, dès après les vacances, nous allons organiser les débats d’orientation constitutionnelle », a promis Dr Dansa Kourouma.

Présente à cette cérémonie, la directrice pays de l’USAID en Guinée, Cheryl A. Anderson, a encouragé les membres du Conseil de la transition (CNT) à s’imprégner de la situation des personnes handicapées et à tenir compte de leurs conditions de vie et de travail dans la rédaction de la nouvelle constitution guinéenne.

Cheryl A. Ander, Directrice Pays de l’USAID en Guinée

« C’est un moment historique pour le peuple de Guinée, de la sous-région et de la démocratie. Le respect pour les droits de l’homme n’est pas quelque chose qui est écrit dans la constitution. Mais le fait que vous soyez là avec la bonne foi pour faire avancer les droits de l’homme pour cette population qui est souvent marginalisée même dans les pays où il y a beaucoup de lois et d’application des lois, ça me donne beaucoup d’espoir pour la démocratie en Guinée. La démocratie, c’est la participation de tout le monde pour résoudre les problèmes. Si vous adoptez ce langage dans la constitution, c’est vraiment une bonne étape pour la participation des personnes actives dans la vie politique sociale.

Aujourd’hui, il y a un problème de perspectives. Les gens qui n’ont jamais connu un handicap ou bien les gens qui n’ont personne souffrant d’un handicap dans leur famille ou dans le cercle social, ont des difficultés de comprendre que les gens qui ont un handicap sont exactement comme tout le monde. Les personnes vivant avec un handicap veulent du travail, de l’éducation. Ils veulent avoir comme tout le monde une vraie vie, une vie riche et aisée. Je vous demande de penser à la mise en application des textes de lois qui prennent en compte la vie des personnes handicapées », a-t-elle exhorté.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél: 622919225

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