Accueil A LA UNE Primature : mais, où est passé Mohamed Béavogui ?

Primature : mais, où est passé Mohamed Béavogui ?

Mohamed Béavogui, ancien Premier ministre

Le 16 juillet 2022, à la surprise générale, le chef de la junte guinéenne nommait par décret Dr Bernard Goumou au poste de Premier ministre par intérim, cumulativement à ses fonctions de ministre du commerce, de l’industrie et des PME. Il n’en fallait pas plus pour nourrir toutes sortes de spéculations autour du titulaire du poste, le placide Mohamed Béavogui, chef du gouvernement de la Transition, parti en Europe pour des raisons qui restent à confirmer.

Certes, la nomination d’un Premier ministre par intérim n’est pas inédite en Guinée. Sous le dernier gouvernement d’Alpha Condé, qui a été renversé par le coup d’Etat du 5 septembre 2021, le Dr Mohamed Diané, alors ministre de la Défense nationale, avait été bombardé Premier ministre par intérim pendant que le titulaire, Ibrahima Kassory Fofana, était allé aux Etats-Unis pour le décès de sa fille. Depuis, ce dernier n’a plus repris du service au Palais de la Colombe, siège de la Primature guinéenne.

L’histoire risque-t-elle de se répéter avec le cas de Mohamed Béavogui ? Rien n’est moins sûr. En tout cas, depuis deux semaines qu’il est à l’étranger, l’incertitude plane autour de son retour aux manettes de la Primature. Pendant que certains prédisent sa démission, d’autres entrevoient son limogeage pur et simple par le Président de la Transition, le Colonel Mamadi Doumbouya, avec qui il ne file pas de bon coton. Et c’est un euphémisme de le dire !

Depuis qu’il a été promu à son poste, Mohamed Béavogui peine réellement à imprimer ses marques. Le Colonel Doumbouya et ses frères d’armes du Comité national du Rassemblement pour le Développement (CNRD) lui laissant peu de marge de manœuvre dans la coordination de l’action gouvernementale. Réduit à encaisser des coups, l’ancien patron du Fonds international de développement agricole (FIDA) parait désormais quelque peu déboussolé. 

Qu’il le dise ou pas, Mohamed Béavogui a plusieurs fois été contrarié par les agissements du CNRD. C’est le cas notamment de la rébaptisation de l’Aéroport de Conakry du nom de Sékou Touré, du limogeage de son ex-ministre de la Justice, Me Fatoumata Yarie Soumah, de son désaveux cinglant par rapport au chronogramme de la transition et surtout de la récente création du Bureau de suivi des priorités présidentielles (BSPP), que certains présentent comme une Primature-bis. 

Et le séjour prolongé de Béa à l’étranger n’est pas pour arranger les choses. Il est perçu par une frange importante de l’opinion comme une fuite de ce dernier face à ses responsabilités. Lui qui est attendu sur plusieurs fronts dans le pays. En Guinée, on le sait, le Premier ministre est garant du dialogue social et politique. Pendant une transition comme celle que nous connaissons actuellement, un chef de gouvernement civil de la trempe de Mohamed Béavoqui doit normalement servir de caution pour une junte militaire à l’international. Tel n’est pas le cas, actuellement.

A l’heure où la junte militaire guinéenne prépare l’an un de sa prise de pouvoir, l’absence du Premier ministre sera très mal perçue. Surtout que le Président de la transition a déjà demandé aux différents ministres de brandir leur bilan à la tête de leurs départements respectifs. Au-delà de brandir les acquis de sa Primature, Mohamed Béavogui aurait dû commanditer lui-même et coordonner l’élaboration des bilans sectoriels de son gouvernement. 

Choisi le 06 octobre 2021 pour diriger le gouvernement de la Transition, Mohamed Béavogui est un ancien fonctionnaire international guinéen. Plusieurs fois pressenti au poste de Premier ministre en Guinée, notamment à la suite des évènements insurrectionnels de janvier-février 2007, son passage à la Primature laisse à désirer. D’où la nécessité de tourner sa page et d’essayer un autre, à même de faire l’affaire du Président du CNRD, le Colonel Mamadi Doumbouya et de la Guinée entière.

Nouhou Baldé pour Guineematin.com

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