Piètre bilan de Mohamed Béavogui à la Primature : qu’attend le CNRD pour faire le ménage ?

Alors que la junte guinéenne s’apprête à célébrer le premier anniversaire de sa prise du pouvoir, le chef du gouvernement de la Transition brille par son absence dans le pays. Mohamed Béavogui qu’on dit officiellement en congé de quelques jours depuis la mi-juillet est attendu sur plusieurs fronts du combat pour la démocratie et l’état de droit en Guinée. Mais, à y regarder de près, l’on se rend à l’évidence que sous son magistère, la Primature a enregistré un piètre bilan.

C’est un secret de Polichinelle. L’ancien directeur général du FIDA (Fonds international de développement agricole) a bataillé dur pour être promu au Poste de Premier ministre de la Transition. Au lendemain du coup de force qui a renversé le très décrié régime d’Alpha Condé, Mohamed Béavogui et Kabinet Komara (l’ex Premier ministre de la junte du capitaine Moussa Dadis Camara) ont été les tout premiers soutiens civils du Colonel Mamadi Doumbouya et du Comité national du Rassemblement pour le développement. 

C’est pourquoi, l’annonce de la nomination de Mohamed Béavogui, le 6 octobre 2021, au Poste de chef de gouvernement n’a pas surpris grand monde. Avec sa carrière internationale élogieuse, beaucoup ont parié sur sa réussite à la Primature. Mais, les Guinéens ont vite déchanté, car Mohamed Béavogui a très tôt montré son incapacité à faire face à l’adversité inhérente à son poste stratégique.

Le 14e PM de l’histoire de la Guinée indépendante a commencé à pécher par la nomination des membres de son gouvernement. Alors qu’habituellement, les Premiers ministres guinéens présentaient l’ossature et la composition de leurs équipes gouvernementales, dont les listes sont publiées d’un trait, Béavoqui, lui, s’est vu imposer une manière atypique de nommer ses ministres. Et pour la plupart des nominations, on ne sentait pas la touche personnelle du chef du gouvernement.

Avec une feuille de route plus ou moins claire, le Premier ministre Béavogui a tenté de s’accommoder de la junte militaire qui l’a promu. Mais plusieurs fois il s’est vu rappeler à l’ordre à travers des communiqués du CNRD. Ce fut le cas, après une de ses missions à Accra, où il avait pris des engagements devant le Président de la conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO en lien avec le chronogramme de la transition.

Neveu de Diallo Tély, le premier secrétaire général de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA, devenue Union Africaine) qui a péri dans les geôles du tristement célèbre Camp Boiro, Mohamed Béavoqui n’a pas aimé la manière cavalière avec laquelle le Président de la Transition et ses affidés ont décidé de rebaptiser l’Aéroport international de Conakry du nom de Sékou Touré, encore moins la manière sélective de rendre des biens à des familles des compagnons de l’indépendance. Mais il n’y a rien pu. Se contentant juste de marquer son étonnement et sa désapprobation en privé.

Habitué à se voir marcher sur ses plates-bandes, le Premier ministre Béavogui n’est plus cet homme de poigne qu’on espérait avoir à la Primature, comme c’est le cas de son homologue malien, Choguel Maïga, dont les sorties médiatiques font échos au-delà des frontières maliennes. A l’inverse, notre PM, lui, peine à imposer son autorité sur le plan local. Lui qui est garant du dialogue social et politique a du mal à s’y prendre. 

Les manifestions, contre-manifestions et leurs lots de morts, de blessés, d’arrestations et de destructions de biens publics et privés que le pays connait actuellement est symptomatique du profond malaise qui règne en Guinée et qui nécessite une implication plus affirmée du Premier ministre, chef du gouvernement, pour peu qu’il mesure à sa juste valeur la portée de son poste. 

Par ailleurs, on ne peut pas comprendre que le chef du gouvernement soit en congé prolongé alors que le pays court des sanctions tous azimuts de la part de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, qui a déjà donné un ultimatum à la Guinée. 

Pour toutes ces raisons et bien d’autres, on peut affirmer que le choix de Mohamed Béavogui au poste de Premier ministre a été une erreur de casting. Vivement son remplacement. Du moins si le Président de la Transition souhaite redonner un nouveau souffle au gouvernement de transition. 

Aujourd’hui, plusieurs commentateurs de l’actualité politique guinéenne estiment que la radicalisation du régime militaire et son aliénation des autres forces (politiques et sociales) ne conduiront qu’à l’impasse. Pour sortir de la crise dans laquelle les dirigeants de la Transition s’embourbent actuellement, il faut libérer les prisonniers, ouvrir un dialogue inclusif et former un gouvernement d’union nationale. 

Alors, qu’attendent encore le CNRD et son président, le Colonel Mamadi Doumbouya, pour mettre fin à cette crise et remettre ainsi le train de la Transition sur les rails ? 

Nouhou Baldé pour Guineematin.com

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