« Si on se rend compte que le médiateur n’est pas courageux, il n’est pas capable de dire la vérité, il n’est pas capable de trancher conformément à sa mission, rien ne peut nous empêcher de le récuser. Si un médiateur tremble déjà avant d’arriver ici, ce n’est pas la peine qu’il vienne »
Le médiateur de la CEDEAO dans la crise guinéenne et ancien président du Bénin, Dr Thomas Boni Yayi, est attendu cette semaine à Conakry. L’émissaire de l’organisation sous-régionale ouest africaine arrive en Guinée dans un contexte particulièrement tendu entre la junte militaire au pouvoir (le CNRD) et les acteurs sociopolitiques qui réclament un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Et, sa mission semble être compliquée par l’emprisonnement de certains leaders du FNDC (Front national pour la défense de la constitution) et la manifestation prévue mercredi prochain par ce mouvement citoyen sur toute l’étendue du territoire national.
Déjà, lors de sa première visite en Guinée en tant que médiateur de la CEDEAO, Boni Yayi n’avait pas rencontré les acteurs politiques et sociaux. Mais, cette fois, beaucoup estiment qu’il fournira les efforts nécessaires pour rencontrer toutes les parties afin recueillir leurs avis sur la Transition et leurs propositions de solution pour une sortie de crise. En tout cas, dans son communiqué annonçant la venue de son médiateur en Guinée, la CEDEAO a invité « le Gouvernement de la Transition, la classe politique et la société civile guinéenne à soutenir et travailler avec le médiateur pour la réussite de sa mission ».
Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce lundi, 15 août 2022, Dr Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée), a dit qu’ils sont prêts à dire à Boni Yayi ce qu’ils pensent de la Transition et ce qu’il faut pour que la Guinée sorte de la crise actuelle. Mais, il prévient aussi qu’ils sont prêts à récuser le médiateur de la CEDEAO s’il ne se montre pas courageux et tranchant.
« Yayi Boni a été désigné par la CEDEAO comme médiateur dans la crise guinéenne. Et, je pense qu’il ne peut pas être désigné sans une feuille de route et une mission bien précise. Nous (l’UFDG), en tant que parti politique, nous considérons qu’il va nous rencontrer. Et, lorsqu’il va nous rencontrer, nous dirons exactement ce que nous pensons de la Transition et ce qu’il faut pour que nous sortions de cette situation. Donc, nous attendons. Il a été dit qu’il va rencontrer tous les acteurs politiques. Donc, nous attendons. De toutes les façons, on ne peut pas dialoguer en rencontrant une partie et en laissant une autre. Et puis, il n’est pas facilitateur pour le gouvernement. Il est facilitateur pour la Guinée pour une sortie de crise. Donc, tous les acteurs concernés doivent être écoutés. Mais, si on se rend compte que le médiateur n’est pas courageux, il n’est pas capable de dire la vérité, il n’est pas capable de trancher conformément à sa mission, rien ne peut nous empêcher de le récuser. Si un médiateur tremble déjà avant d’arriver ici, ce n’est pas la peine qu’il vienne », a martelé Dr Fodé Oussou Fofana.
Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com
