Hausse du prix du pain à Conakry : les consommateurs et les autorités mettent en garde les boulangers

Depuis quelques jours, le prix de la miche de pain connaît une hausse à certains endroits de Conakry. Cette augmentation « officieuse » inquiète les ménages à faible revenu qui tirent le diable par la queue. Alors que les boulangers expliquent la hausse par une conjoncture compliquée, l’association des consommateurs et les autorités mettent en garde les spéculateurs. Tel est le constat fait par un reporter de Guineematin.com dans la journée d’hier, vendredi 19 août 2022.

Dans certains marchés de Conakry, le prix de la baguette du pain varie entre 5 000 et 6 000 GNF. Des boulangers interrogés sur cette hausse, l’expliquent par la hausse des ingrédients nécessaires à la fabrication du pain.

Mamadou Dian Barry, président des boulangers de Ratoma

C’est ce qu’a laissé entendre Mamadou Dian Barry, boulanger exerçant au quartier Sonfonia, dans la commune de Ratoma. « On a des problèmes. L’affaire de bois sec, l’affaire de location de fours, l’affaire des travailleurs et autres… Les ingrédients qui accompagnent la farine, tout a augmenté depuis que le prix du carburant a augmenté. C’est pourquoi il y’a eu cette augmentation. Quand il y a eu cette augmentation, j’ai appelé une réunion d’urgence avec nos membres de Ratoma. J’ai demandé aux responsables des zones pourquoi ils ont augmenté les prix. Ils ont énuméré tout ce que je viens de dire là parce-que le pain, ce n’est pas la farine seulement, il y a beaucoup de choses qu’on réunit pour avoir un pain », a-t-il indiqué.

Poursuivant, Mamadou Dian Barry soutient que c’est dans la négociation qu’il faut trouver la solution à cette situation de pain sur le marché. « C’est dans les discussions qu’on peut régler les choses, parce que les matériels de fabrication de pain ont augmenté sur le marché. Vous savez, en Guinée, quand le prix du pain monte, ça fait toujours des bruits. Sinon, il y a beaucoup de choses qui sont montées. Par exemple, chez nous ici à Sonfonia, avant on payait 2000 GNF pour les mototaxis ; maintenant, c’est 3000 GNF. Mais personne n’en parle. Dans les discussions, ils comprendront que nous n’avons pas tort d’avoir augmenté un peu ».

Ousmane Keita, président de l’Union des consommateurs de Guinée

Le président de l’Union des consommateurs de Guinée a exprimé sa surprise de voir le prix du pain augmenter sans avertissement. « J’ai été informé ce matin sur cette augmentation. J’ai été extrêmement surpris, parce qu’au vu des entretiens que nous avions déjà eus avec les différents syndicats des boulangers, mais aussi avec la direction nationale du commerce intérieur, par rapport à ces différentes structures des prix de pain, il n’a jamais été convenu que ces prix augmentent. On a eu aussi l’occasion de demander à nos alerteurs sur le terrain, qui n’ont pas forcément confirmé l’augmentation, mais qui ont dit qu’à certains endroits notamment à Koloma, il y avait des vendeurs qui avaient pris sur eux d’augmenter le prix du pain. Il n’y a pas péril en la demeure, nous ne pensons pas, mais nous avons eu des entretiens au vue des travaux abattus avec la direction nationale du commerce intérieur et de la concurrence. Tout avait été mis sur place pour ne pas qu’il y ait ces augmentation », soutient Ousmane Keita, le président de l’Union des consommateurs de Guinée.

Émile Yombouno Directeur national du commerce intérieur et de la concurrence

De son côté, Émile Yombouno, Directeur national du commerce intérieur et de la concurrence, a dit que les boulangers doivent respecter le protocole d’accord signé en décembre 2021. « En tant que Direction nationale du commerce intérieur et de la concurrence, nous travaillons avec les entités qui sont les associations ou bien l’Union des consommateurs de Guinée. Nous travaillons également avec les deux entités, notamment l’Union nationale des pâtissiers de Guinée et la coopérative nationale des boulangers et pâtissiers de Guinée. J’ai été aussi informé par des groupes de consommateurs qu’il y a des augmentations des prix de pains par endroit. Nous avons donc pris des dispositions avec les services déconcentrés que nous avons à la base, qui sont les directions communales du commerce, en impliquant bien évidemment les présidents des antennes communales de la chambre de commerce, de l’industrie et de l’artisanat pour effectivement constater l’effectivité de cette augmentation. Une première rencontre a été organisée puisqu’il s’agissait fondamentalement de la commune de Ratoma. Donc, c’était un week-end, on a quand-même eu une rencontre technique avec les représentants de l’Union, les représentants de la chambre de commerce, l’antenne communale pour savoir quelles étaient les raisons. Et, après cette réunion, nous avons élargi la rencontre à toutes les autres communes. Vous avez certainement constaté qu’il y a eu un engagement de rester dans l’esprit du protocole qui fixait les prix à 4500 GNF ».

Par ailleurs, Émile Yombouno met en garde ceux qui augmentent de manière fantaisiste les prix sans tenir des protocoles liant les parties. « Nous avons tous les instruments à notre niveau sur lesquels nous allons nous appesantir pour pouvoir agir. Mais ce que je sais la bonne volonté, que j’ai vue depuis ce lundi, puisqu’on a travaillé avec tous les acteurs, je ne pense pas qu’on puisse en arriver là. En tout cas, jusqu’à preuve du contraire, je vois la bonne foi de ces acteurs. Et donc, ceux qui se livrent à ces pratiques, que j’appelle des pratiques frauduleuses, évidemment, nous prendrons des dispositions avec l’implication de l’Union des consommateurs de Guinée et des deux entités des boulangers pour les amener au respect et à la discipline », a-t-il fait savoir.

Ansou Bailo Baldé pour Guineematin.com 

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