Sens de la Zakat, la valeur à donner, les bénéficiaires… Elhadj Abdou Rahim Diallo dit tout à Guineematin

A l’image de la reconnaissance de l’unicité de Dieu, de la prière, du jeûne et du pèlerinage à la Mecque, la Zakat est l’un des 5 piliers de l’Islam. Il consiste à prélever de sa richesse un montant (en espèce ou en nature) destiné aux démunis en vue d’élargir le bien-être matériel et moral de la communauté. Pour en parler, un reporter de Guineematin.com a rencontré hier, samedi 20 août 2022, Elhadj Abdou Rahim Diallo, secrétaire administratif de l’Association Ahloul Bayt pour la propagation de l’islam.

Le sens de la Zakat, la valeur à donner, les bénéficiaires, les récompenses attendues par le fidèle musulman qui s’en acquitte sont entre-autres sujets évoqués à l’occasion de cet entretien.

Guineematin.com : expliquez-nous le sens de la Zakat, cet autre pilier de l’Islam. 

Elhadj Abdou Rahim Diallo : la Zakat est l’un des piliers de l’islam. C’est pour le bien être moral et matériel de la communauté que la Zakat a été instituée. Pour que les riches s’attendrissent sur le cas des pauvres, et qu’il y ait un certain partage entre l’excès de la richesse qui va être partagé aux pauvres. C’est cela la Zakat.

Quel est le montant à partir duquel le fidèle est obligé de faire la Zakat ?

Elhadj Abdourahim Diallo, secrétaire administratif de l’association Ahloul Bayt pour la propagation de l’islam

Pour être redevable de la Zakat, il faut avoir un certain montant. Une somme d’argent, en espèces ou en nature.  Le montant actuellement, c’est à peu près le prix de 85 grammes d’or, calculé à la banque centrale. C’est ce que la ligue islamique communique chaque année aux musulmans qui doivent payer après 11 mois d’exercice. S’ils ont un supplément égal ou supérieur à la valeur de 85 grammes d’or en ce moment, ils sont insolvables. Ils doivent donner une partie de ce montant aux pauvres.  Donc, 85 grammes d’or pour cette année, la ligue a estimé que ça vaut 38 millions 335 mille francs guinéens. Donc, il faut avoir 38 millions 335 mille francs guinéens pour prétendre payer justement la Zakat. Maintenant, lorsque vous avez ce montant, vous devez payer 958 875 francs guinéens. C’est ce montant qui est imposable. Si vous n’avez que les 38 millions 335 mille en ce moment, vous ne payé que 958 875 francs guinéens. Maintenant, si vous avez ça, en deux, trois, quatre fois… vous multipliez la somme de 958 875 francs guinéens par le même facteur. Si vous avez moins de ça, vous n’êtes pas imposable.

Que doit-on donner comme Zakat et à qui ?

La Zakat, elle est remise à un certain nombre de personnes. D’abord, elle est payée en nature comme en espèce.  Elle concerne le blé, pour ceux qui cultivent le blé, les dates, l’orges, le raisin sec, les chameaux, les vaches, les moutons, les chèvres et les pièces d’or et d’argent. Ici, nous ne cultivons pas le blé, mais nous cultivons le riz. Donc, c’est ce qui est imposable. C’est ce que nous avons connu de nos parents. A la récolte, lorsqu’ils récoltent 10 bottes de riz, ils gardent 9 bottes et la 10ème botte est payée en Zakat. En ce qui concerne les vaches, lorsque vous avez 30 bœufs, en ce moment vous donner un taurillon. Si vous avez 40 bœufs, vous donnez une génisse. Maintenant, cette Zakat est destinée uniquement aux pauvres. Qu’est-ce qu’on appelle pauvre ? C’est celui qui n’a pas de quoi nourrir pendant une année. Les nécessiteux, les miséreux, eux ils n’ont pas de quoi manger même une journée. Ensuite, il y a ceux qui sont chargés de collecter cette Zakat. Il y a des gens qui sont commis à ça au niveau des mosquées, ou en tout cas au niveau d’une organisation sociale donnée. Ceux-ci aussi ont droit. Ceux qui sont captifs et qui veulent racheter leur liberté, leur maître leur demande un certain montant et que ce montant-là, s’il y a un certain manquant, eux aussi ils peuvent recevoir une partie pour racheter la liberté. Parce qu’il n’y a rien de plus chère en Islam que la liberté. Il y a les débiteurs insolvables. C’est-à-dire ceux qui doivent trop, ils ne peuvent plus payer, on peut leur venir en aide. Il y a également les voyageurs qui voyagent dans le sens de l’islam, mais qui sont en cours de provision. Quand ils arrivent, l’imam ou l’autorité religieuse de la localité, s’ils se présentent à cette autorité-là, ils peuvent recevoir une partie de la Zakat pour qu’ils puissent repartir dans leur pays. Il y a aussi les œuvres sociales, c’est-à-dire sur le chemin de Dieu, dans la construction des mosquées, des écoles, des routes…

Quelles sont les récompenses de celui qui donne la Zakat ? A quoi s’expose-t-on en cas de refus de le faire ?

La Zakat, c’est comme la prière, le jeun, le pèlerinage, c’est comme l’ordonnancement du Bien, l’interdiction du Mal, le Djihad… Lorsque vous le faites, en ce moment vous êtes récompensé par Dieu, et la plus grande récompense, c’est le Paradis. Mais si vous ne les faites pas, vous allez rendre des comptes. C’est à dire que si vous avez de l’argent, vous vous dites non, mon bien-là, c’est moi qui l’ai acquis, je ne le donne pas à m’importe qui ou vous ne le donnez pas de la bonne manière, en ce moment, vous rendrez comptes. C’est ça la différence entre les piliers et les autres recommandations. Si vous ne faites pas la prière, vous la remboursez, si vous ne jeûnez, alors que vous êtes en mesure de le faire, vous allez le faire. Si vous trouvez les moyens d’aller au pèlerinage, vous ne le faites pas, vous rendrez comptes. Donc, si vous le faites, vous n’êtes plus contraints à le faire à l’au-delà et ensuite vous avez la récompense. Et la plus grande récompense pour un musulman, c’est son entrée au paradis.

Quel est le message que vous avez à lancer à l’endroit des fidèles musulmans ?

Ce que je demande aux fidèles musulmans, c’est d’abord de chercher à connaître l’Islam, le vrai Islam. De ne pas rentrer dans des querelles inutiles. Chercher à avoir le vrai islam et éviter surtout de faire le suivi à l’aveuglette. Chercher à connaître le vrai Islam et le pratiquer. Maintenant, celui qui ne fait pas la même manière que vous, vous n’avez pas raison de vous attaquer à lui, de l’insulter, de le qualifier de mécréant.  Seul Dieu paie ici-bas et à l’au-delà les bonnes œuvres. Donc, vous n’avez pas à vous attaquer à lui.  Celui qui prononce la Chahada est musulman. Donc ; quand vous faites ça et quelqu’un vous dit comme vous ne pratiquez pas comme moi je pratique, vous êtes un mécréant, alors là, il aura à rendre des comptes à Dieu. Donc, c’est un message d’unité, un message de communion que je lance aux musulmans, qu’ils s’aiment, qu’ils se rendent services autant que possible, qu’ils cessent de se quereller pour des choses futiles.

Interview réalisée par Saidou Hady Diallo et Ibrahima Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 620 589 527/ 664 413 227

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