L’an 1 du CNRD au pouvoir : « nous sommes dans une trahison au lieu d’une transition » (FNDC)

Abdoulaye Oumou Sow, responsable de la communication du FNDC

Le premier anniversaire de la prise du pouvoir par l’armée en Guinée est diversement apprécié par les acteurs de la vie nationale. Le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) ne porte pas de gants pour dresser un tableau sombre de la junte militaire qui a renversé Alpha Condé le 05 septembre 2021. Interrogé par un reporter de Guineematin.com, Abdoulaye Oumou Sow, responsable de la communication du FNDC n’est pas allé du dos de la cuillère pour tancer le CNRD.

Pour Abdoulaye Oumou Sow, la prise du pouvoir par les militaires avait suscité un grand espoir qui a fini s’effilocher au fil du temps. « A la prise du pouvoir par le CNRD, nous avions beaucoup d’espoir compte tenu du contexte d’alors, compte tenu des discours prononcés et des actes qui ont suivi peu après. Malheureusement aujourd’hui, c’est le désenchantement. C’est le désenchantement puisque vous savez qu’à la prise du pouvoir beaucoup d’annonce ont été faites. Les causes qui ont amené les militaires à prendre le pouvoir demeurent et d’ailleurs s’amplifient. Et, il faut le déplorer. Nous pensons que le CNRD s’est joué du peuple. Le colonel Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir avec un certain nombre de personnes qui avaient bien l’intention de ramener le pays à l’ordre constitutionnel normal. Mais par la force des choses, nous avons compris que ce ne sont pas ceux qui sont allés à la mort, comme ils le disent le 5 septembre 2021, qui sont à la manette aujourd’hui. Parmi ceux qui sont allés à la mort le 5 septembre, c’est Colonel Mamadi Doumbouya qui reste visible. En tout cas, ceux que nous avons vus le 5 septembre, le jour de la prise du pouvoir, nous ne les voyons plus. Ce sont plutôt les nouveaux venus, c’est-à-dire ceux de l’ancien système. Aujourd’hui, nous avons compris que nous continuons dans la dictature de monsieur Alpha Condé. Mais nous ne sommes pas surpris d’autant plus qu’aujourd’hui, les faits et les actes qui sont en train d’être posés par le CNRD sont des faits qui ont été dénoncés par eux-mêmes à la prise du pouvoir. Si ce sont eux-mêmes qui sont en train de répéter les mêmes choses, ça veut dire que nous avons tous été bernés », soutient Abdoulaye Oumou Sow.

 Plus loin, le responsable de la communication du FNDC est revenu sur les promesses jamais respectées par le CNRD. « Des annonces ont été faites à la prise du pouvoir. Il a été dit que la justice allait être la boussole qui va gouverner la société. Aujourd’hui, la justice est instrumentalisée, caporalisée, devenue un instrument de répression. On a dit qu’on va lutter contre la corruption et faire de la Guinée un pays démocratique et vertueux, est-ce que le CNRD a donné le bon exemple ? Ils ne l’ont pas donné. D’ailleurs aujourd’hui, nous ne savons pas qui sont les membres du CNRD. Nous considérons que c’est une nébuleuse qui nous dirige. Ce n’est pas de la transparence. Je le dis parce qu’ils n’ont pas déclaré leurs biens. Donc ça, ce n’est pas de la vertu. Il a été dit que nous n’allons pas faire le recyclage. Aujourd’hui, nous constatons que ce sont ceux-là mêmes qui étaient aux manettes et ont favorisé le 3ème mandat de monsieur Alpha condé qui sont aujourd’hui avec le Colonel Mamadi Doumbouya. On a dit qu’il n’y aura pas de chasse aux sorcières. Nous avons vu que tous les citoyens pro-démocratie, en tout cas ceux qui ne partagent pas leur vision de caporalisation de la transition, sont traqués. On avait aussi dit qu’on n’allait pas reprendre les erreurs du passé. Les erreurs du passé, c’est entre autres empêcher la liberté d’expression des citoyens guinéens, c’est-à-dire le droit de manifester qui est violé. Vous constaterez aujourd’hui que le coordinateur national du FNDC est en prison, Ibrahima Diallo du FNDC est en prison, Saïkou Yaya Barry de l’UFR est en prison. Ceux-là sont des prisonniers d’opinions. Ce sont ceux-là mêmes qui demandent au CNRD de respecter les promesses prises et de respecter la charte de la transition sur laquelle le président de la transition a prêté serment », a rappelé Abdoulaye Oumou Sow.

En outre, notre interlocuteur insiste sur le non-respect de la Charte de la Transition par le chef de la junte et sur la restriction de la liberté de la presse. « Si le président de la transition a prêté serment sur la charte de la transition et que la charte là a été acceptée, il est dans l’obligation de respecter cela. Mais nous voyons que l’espace civique est verrouillé. La charte de la transition consacre toutes les libertés et toutes ces libertés aujourd’hui sont confisquées. Vous voyez que les manifestations sont interdites en violations des traités et conventions auxquelles la Guinée a suscrites. Vous conviendrez avec moi que la liberté de la presse n’est pas permise. Il y a une boite noire aujourd’hui à la présidence qui essaie de museler la presse au-delà la HAC. Alors, nous sommes dans une trahison au lieu d’une transition », assène Abdoulaye Oumou Sow.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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