L’An 1 du CNRD : les citoyens de Boké dressent un bilan mitigé

Souleymane Condé, artiste sculpteur

Arrivé au pouvoir par le biais d’un putsch perpétré le 5 septembre 2021 contre le régime Alpha Condé, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) va célébrer son premier anniversaire demain, lundi 5 septembre 2022, à la tête de la Guinée. Et, à quelques heures de cette célébration, les Guinéens tentent de dresser le bilan de la junte dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya.

Dans la préfecture de Boké où Guineematin.com a tendu son micro aux citoyens, on parle plutôt d’un bilan mitigé. Souleymane Condé, sculpteur, assure que la gestion du CNRD n’a rien changé des conditions de vie des Guinéens.

« Les temps sont durs. Depuis le coup d’Etat, ça ne bouge pas. Ce qui nous fatigue beaucoup, c’est le manque de clientèle. Notre business ne marche pas sans les expatriés. Et, actuellement, il n’y a plus d’expatriés. Ici, nous utilisons du bois. Mais, le bois est trop cher. Pour un morceau de deux ou trois pièces, on est obligé de débourser parfois plus de 500 000 francs », a-t-il expliqué.

Pour Mamadou Baïlo Traoré, fonctionnaire à la retraite, la militarisation de l’administration a été un handicape majeur pour le CNRD dans la gestion du pays.

Mamadou Bailo Traoré, fonctionnaire à la retraite

« La restructuration de l’administration est très bonne. Mais, c’est la militarisation de celle-ci qui est mauvaise. Notre pays a des cadres civils très compétents qui connaissent le terrain et qui pouvaient bien les aider à gérer cette Transition. Mais, le fait de les laisser et faire de tous les gouverneurs, les préfets et les sous-préfets des colonels, c’est militariser les activités. Et, ce n’est pas bien. A Boké, nous avons une tâche noire qui est le marché détruit. On se demande ce qu’il faut faire de ce lieu ; et ça, c’est un problème. Démolir le marché et ne pas le reconstruire immédiatement est un règlement de compte », a-t-il martelé.

De son côté, Assiatou Fofana, une jeune diplômée sans emploi, évoque un espoir déçu avec le CNRD.

Assiatou Fofana, jeune femme diplômée sans emploi

« Rien ne va au marché, tout est devenu cher. Il n’y a pas de marché. Sinon, moi je suis diplômée depuis 2014 ; mais, jusqu’à présent, je n’ai pas mon premier emploi. A l’arrivée du CNRD, on espérait beaucoup. Avec leur allure, j’ai cru que j’allais avoir du boulot. Mais, jusque-là, il n’y a rien », a-t-elle dit.

Pour sa part, Madiba Guiz Guirassy estime que les douze mois de gestion du CNRD laissent à désirer. Il assure que la grosse erreur de la junte a été de s’attaquer à tous les secteurs de la vie de la nation au même moment.

Madiba Guiz Guirassy, citoyen

« Les résultats d’un an de pouvoir du CNRD sont ambigus et ça laisse à désirer. C’est vrai, tout n’est pas mauvais, parce que la gestion d’une république est un domaine très vaste ; et, vouloir prendre tous les secteurs à la fois, on va se butter. Et, c’est ce qui est arrivé à monsieur Mamadi Doumbouya. C’est un militaire aguerri ; mais, la gestion administrative, il ne s’y connaît pas. Il a libéré les prisonniers politiques, il a mis en place certaines institutions comme la CRIF, il a révisé le contrat du mont Simandou pour le bonheur de la population. Il faut reconnaître tout ça ; mais, de l’autre côté, il y a des frustrations. Comme la chasse aux sorcières, il y a trop de frustrations. Et, généralement, c’est ce qui occasionne les révoltes et le désordre dans le pays. Que Dieu nous en garde », a-t-il indiqué.

Quant à Mamadou Yéro Diallo, élève, trouve la gestion du CNRD dans le secteur éducatif est à saluer. Mais, il estime que la rigueur dans les examens devait être précédée par le règlement de la problématique liée au manque de professeurs.

Mamadou Yéro Diallo, élève

« Je crois que la gestion du colonel Mamadi Doumbouya n’est pas mal. Par exemple, la façon dont les examens ont été gérés cette année est différente des années passées. Cette fois-ci, il n’y a pas eu de magouille ; et, chacun s’est concentré pour écrire ce qu’il connaît. Seulement, on est surpris que ça se passe comme ça. On aurait voulu d’abord que le manque de professeurs soit réglé avant d’appliquer cette rigueur sur nous », a-t-il expliqué.

De Boké, N’diaré Diallo pour Guineematin.com

Facebook Comments Box