Le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) a appelé ses partisans à manifester demain, lundi 5 septembre 2022, pour dénoncer la conduite de la Transition par le CNRD et exiger un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Mais, cette manifestation de ce mouvement citoyen coïncide à la célébration de l’an1 au pouvoir de la junte dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya. Certains observateurs de la vie sociopolitique estiment que le FNDC devrait décaler sa manifestation. Mais, dans un entretien accordé à Guineematin.com, Dr Édouard Zoutomou Kpoghomou, le président de l’UDRP (Union démocratique pour le renouveau et le progrès), a expliqué que le FNDC est dans ses droits de manifester.
« Nous avons toujours dit que le FNDC était dans ses droits parce que la liberté de rassembler et de manifester est circonscrite même dans la Charte de la Transition. Alors, je ne vois pas comment est-ce qu’on peut ne pas supporter cette expression. Nous nous pensons que le FNDC est dans ses droits de pouvoir manifester. Il n’a pas été dissous simplement parce qu’on veut matérialiser une certaine idée. Mais, au contraire, il a été dissous par ses prises de position. Or, on ne dissout pas un état d’esprit. On l’a toujours dit : c’est comme une religion. Tant qu’il y a des adeptes, cette religion va persister… Ce n’est pas parce que les gens sortent manifester qu’ils se disent on va faire de la violence, non. Je crois que c’est la violence qui appelle la violence… L’État, en tant qu’instrument de gouvernance, a la responsabilité d’encadrer les marcheurs dans un cadre bien donné, en même temps que ceux qui organisent la marche. Alors, on ne peut pas dire que parce que les gens sortent, ils sont violents. Les balles qui tuent viennent d’où ? Ce sont des balles qui viennent des armes militaires et il faut avoir une certaine cécité pour ne pas faire la liaison. Maintenant, je ne suis pas en train de dire que ce sont les militaires qui le font ; mais, ce sont des armes d’origine militaire qui le font. Comment ces armes-là ont été obtenues ? Tout est possible dans un pays où la corruption gangrène la société. C’est bien possible que des gens puissent partir acheter effectivement des armes avec des militaires surtout au moment où ils voulaient quand même arrondir les angles ou joindre rapidement les bouts », a expliqué Dr Édouard Zoutomou.
Par ailleurs, ce leader politique membre de l’ANAD a exprimé son regret de voir les autorités de la Transition interdire systématiquement les manifestations en Guinée.
« On dit qu’on veut éviter les erreurs du passé. Mais, l’une des erreurs du passé, c’était justement l’interdiction des manifestations sous Alpha Condé. On connaît les résultats auxquels cela a abouti. Alors, si le CNRD est dans la même logique d’interdire ces manifestations, ça veut dire que c’est un échec déjà programmé ; puisque les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Donc, je trouve que cela n’est pas logique. En prince, le CNRD aurait dû dire : nous nous sommes venus puisque nous voulons rétablir le déficit de libre expression qui était là, le déficit de démocratie, nous allons faire en sorte qu’on prenne langue avec ceux qui veulent manifester, qu’on sache ce qu’ils doivent faire, et ensemble nous allons prendre des dispositions pour ne pas que ces manifestations débordent. Il suffit de s’entendre dessus, puisque ça s’est déjà fait. Donc, ce n’est pas aujourd’hui que cela a commencé, on pouvait faire la même chose. On ne peut pas donc interdire ça, c’est l’un des problèmes que nous avons », a dit le président de l’UDRP.
À noter que les précédentes manifestations organisées par le FNDC ont enregistré 8 victimes tuées par balle.
Mamadou Yahya Petel Diallo et Ibrahima Bah pour Guineematin.com
