An 1 du CNRD : Alpha Abdoulaye Diallo de l’AGEPI parle d’un bilan mi-figue mi-raisin

Le coup d’État perpétré par les militaires du CNRD, le 5 septembre 2021, avait suscité de l’enthousiasme chez de nombreux guinéens qui voyaient ainsi une opportunité de sortir de l’ornière. Une année après, les acteurs de la vie nationale ont des points de vue divergents sur le bilan de la junte militaire dans l’exercice du pouvoir. Interrogé par un reporter de Guineematin.com à ce sujet, Alpha Abdoulaye Diallo, le président de l’Association guinéenne des éditeurs de la presse indépendante (AGEPI), estime que tout n’est pas rose.

Selon le président de l’AGEPI, la liberté de la presse n’a pas pris un coup dans la gestion des militaires. « Au niveau des médias, nous avons déploré ces derniers temps les convocations de journalistes dans un camp militaire. Pour le reste, le droit à la critique se porte bien, le ton de nos médias est toujours resté le même durant les années de la démocratie et de l’État de droit. C’est-à-dire que depuis la fin du régime Lansana Conté jusqu’à la fin du régime Alpha Condé, les médias guinéens sont restés très critiques et les médias demeurent aussi, comme vous le savez, des soldats de la démocratie, toujours débout. Le régime militaire en place n’a pas piétiné ces droits-là. Il s’est montré très ouvert aux médias tout au début, en octroyant par exemple une maison à la presse guinéenne. C’était déjà un pas », soutient Alpha Abdoulaye Diallo.

 En outre, le président de l’AGEPI est revenu sur d’autres actions du CNRD qui vont dans le bon sens pour les médias. « L’annonce de la révision à la hausse de la subvention annuelle accordée à la presse est un acte important, et qui montre que cette junte est ouverte à la presse. Je dirais qu’elle est obligée d’être ouverte à la presse, parce que même en période de transition, le pouvoir de critiquer, le pouvoir de dire non, le pouvoir aussi de contribuer à la marche de la démocratie, tout ceci ne peut se faire sans les médias, sans la presse. Donc, nous considérons grosso-modo que la junte reste et demeure ouverte aux médias. Le fait également de maintenir notre institution, qui est la Haute Autorité de la Communication (HAC) en place constitue un signal fort et qui montre que la junte laisse les médias guinéens travailler », ajoute le confrère.

Cependant, tout n’est pas rose dans la gestion du CNRD, estime Alpha Abdoulaye Diallo. « On ne peut pas occulter le fait qu’aujourd’hui qu’il y a des prisonniers politiques, il y a aussi des prisonniers d’opinions. Lorsque vous mettez des membres de la société civile en prison, c’est comme si vous enchaînez également toutes les autres composantes qui sont la presse et les médias. Lorsque les Foniké Mengué, les Ibrahima Diallo et les autres sont en prison, la presse ne se sent pas du tout à l’aise, parce qu’en emprisonnant les leaders qui sont les figures de proue de la lutte pour plus de liberté, plus de démocratie dans le pays, par ricochet, vous empêchez la presse de bien faire son travail », lance le président de l’AGEPI.

Enfin, Alpha Abdoulaye Diallo interpelle le CNRD sur les actions à entreprendre pour une sortie de crise et un retour à l’ordre constitutionnel. « S’il y a un appel à lancer, c’est à l’endroit à la fois des autorités, mais aussi de ceux qui constituent les forces politiques et les forces de défense et de sécurité dans ce pays, d’accélérer le retour à l’ordre constitutionnel, de se mettre dans le canevas tracé par la CEDEAO pour aider ce pays à sortir de ce merdier. Il faut que le régime en place puisse répondre à la demande sociale, qui consiste à plus de liberté pour tout le monde, mais aussi plus de liberté pour tous ceux qui œuvrent à faire de la Guinée un pays où il fait bon vivre, un pays où tous les droits sont respectés. Le CNRD n’a pas d’autres calendriers, à mon sens, qui vaillent que d’accélérer ce retour à l’ordre constitutionnel. Ce serait bon pour le CNRD lui-même, ce serait bon pour le régime, mais surtout pour son leader, le colonel Mamadi Doumbouya, parce qu’on ne peut pas parler de soldat de la démocratie demain si le colonel Mamadi Doumbouya ne réussit pas à ramener le pays à l’ordre constitutionnel. S’il réussit cela, il aura réalisé le défi qui est le retour à l’ordre constitutionnel. C’est-à-dire redonner à la Guinée son régime civil. Mais tant que cela n’est pas fait, il est impossible que le colonel Mamadi Doumbouya soit le soldat de la démocratie, parce que les hommes politiques ne peuvent être jugés qu’aux actes… », a-t-il indiqué.

Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 56 11 82

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