Mame Mandiaye Niang, procureur adjoint de la CPI : « aujourd’hui ce que j’ai vu confirme vraiment une avancée »

Le procureur adjoint de la Cour pénale internationale (CPI), Mame Mandiaye Niang, est actuellement en séjour en Guinée. Il a déjà rencontré le président de la Transition, le Colonel Mamadi Doumbouya. Et, ce mercredi, 7 septembre 2022, Mame Mandiaye Niang a visité les locaux du tribunal ad hoc qui doit abriter le procès du massacre du 28 septembre 2009. Il était en compagnie du secrétaire général du gouvernement, Abdourahamane Siké Camara, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

Sur le chantier de ce tribunal ad hoc, le procureur adjoint de la CPI a noté des avancées significatives. Et, devant la presse, il n’a pas manqué d’exprimer sa satisfaction face à l’avancement des travaux de construction dont l’exécution est estimée aujourd’hui à 90%. Mame Mandiaye Niang assure que le défi logistique est sur le point d’être remporté.

Mame Mandiaye Niang, procureur adjoint de la CPI

« Pour le défi logistique, il n’y avait pas d’exagération quand on m’avait indiqué que 95% du travail est déjà accompli. Moi je ne faisais pas partie des délégations antérieures qui avaient visitées, mais on m’avait fait des rapports. Et, aujourd’hui, ce que j’ai vu confirme vraiment une avancée extrêmement significative dans la préparation de ce procès symbolique. Je pense pouvoir retourner et dire avec confiance que ce premier défi qui est logistique est sur le point d’être remporté. Donc, pour nous Cour pénale internationale, c’est une fierté surtout pour nous particulièrement du bureau du procureur. Parce que vous savez qu’au cœur du traité de Rome, il y a ce qu’on appelle la complémentarité. Ça veut dire que quand il y a des problèmes de ce genre, il appartient à l’Etat de prendre ses responsabilités. Ce procès a été attendu, c’est vrai il y a longtemps ; et, la cour ne s’est pas découragée. Elle a accompagné ce processus là depuis l’instruction à type A jusqu’à ce qu’on aboutisse maintenant à ce qui est à mon avis la dernière ligne droite. Cette dernière ligne droite, c’est l’organisation du procès. Ces locaux que nous venons de visiter aujourd’hui montrent vraiment qu’on est sur le point d’achever un cadre idéal pour abriter les acteurs de procès. Bien entendu les défis logistiques ne résument pas tous les enjeux, il y a encore beaucoup d’autres enjeux qu’on se fera fort nous de la cour pénale internationale de suivre avec attention, mais surtout avec la volonté aussi d’accompagner l’effort national de rendre justice à des Guinéens par des Guinéens », a indiqué Mame Mandiaye Niang.

La visite du procureur adjoint de la CPI au tribunal ad hoc a été précédée d’un entretien avec le Colonel Mamadi Doumbouya, le président de la Transition, et les autorités judiciaires guinéennes. Et, au vu de son constat, Mame Mandiaye Niang assure qu’il y a « un signe de bonne volonté d’aller de l’avant ». Il a aussi promis et exprimé la volonté de la Cour pénale internationale d’accompagner ce processus en cours en Guinée.

« Cette petite visite a été précédée d’un tour où toutes les autorités du pays présentes m’ont reçu, y compris le président de la République qui a bien voulu bousculer son calendrier. Ce qui avait été promis surtout depuis son annonce que la cour a bien entendue le 14 juillet quand il a indiqué qu’il y a un deadline pour commencer le procès, immédiatement nous avons réagi en disant : mais, écoutez, nous on a envie effectivement que ce coup d’accélérateur annoncé par le président de la République, nous avons voulu aussi le saisir au bond. Et, c’est pourquoi le procureur Karim Kahn m’a demandé d’y aller immédiatement rencontrer les autorités, faire une évaluation, mais aussi avec cette volonté d’accompagner le processus. Et, parce que c’est ça l’essence de la cour pénale internationale, quand il y a un problème de ce genre, tout le monde se tourne vers la cour pénale. Mais, la cour pénale, encore une fois, est une instance subsidiaire qui n’a vocation à intervenir que s’il y a une faillite sur le plan national. La faillite peut être l’incapacité, mais elle peut être aussi de la mauvaise volonté. Mais, là, ce qu’on a vu maintenant, c’est un signe de bonne volonté d’aller de l’avant. Et là, encore une fois, je réaffirme notre volonté d’accompagner ce processus », a dit Mame Mandiaye Niang.

Le procès des massacres du 28 septembre 2009 pourrait s’ouvrir en Guinée le 26 septembre prochain. Mais, de nombreux observateurs estiment que cette date n’est pas tenable pour un procès juste et équitable. Et, ce mercredi, le procureur adjoint de la Cour pénale internationale n’a pas écarté la possibilité d’un réajustement de cette date.

« Pour nous, c’est extrêmement important de l’ouvrir ; et, en fonction des difficultés qui vont se présenter, il va falloir les régler au fil et à mesure. Peut-être que la date pourra être réajustée. L’indication forte, c’était qu’au plus tard à la date anniversaire que procès se tienne », a dit Mame Mandiaye Niang.

Mamadou Tanou Bah pour Guineematin.com

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