Fin du repos biologique : les fumeuses de poissons toujours engluées dans des difficultés

Le repos biologique a été observée en Guinée du 1er juillet au 31 août 2022, période d’interdiction de la pêche industrielle. Quelques jours après la levée de cette mesure gouvernementale, le poisson est toujours rare dans les débarcadères et autres marchés de Conakry. Les femmes fumeuses de poisson tirent le diable par la queue. C’est le cas au port de pêche artisanal de Téminétaye, dans la commune de Commune de Kaloum, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Djalikatou Chérif HAÏDARA, fumeuse de poissons port de Téminetaye

Djalikatou Chérif Haïdara, fumeuse de poissons, transformatrice et mareyeuse à Téminétaye, a égrainé les difficultés auxquelles elles sont confrontées dans leurs activités. « Par rapport à l’obtention du poisson, on a d’énormes difficultés. La matière première on ne gagne presque pas, c’est-à-dire le poisson. Regardez nos fours, depuis combien de temps on n’arrive pas à gagner du poisson ? Les pirogues qui sont avec nous quand la saison pluvieuse est là, comme c’est des petites pirogues artisanales, on ne peut pas les envoyer en pleine mer. En tout cas, ils ne partent pas loin. Il y a le vent et d’autres difficultés qu’elles rencontrent là-bas. Donc du coup, lorsque la saison des pluies est intense, on met les pirogues un peu à l’écart. Alors, cette année a été très catastrophique pour nous. Parce que d’habitude, on gagne un peu de poissons quand la saison des pluies arrive pour pouvoir fumer et vendre. Mais maintenant, on ne gagne presque pas », a-t-elle laissé entendre.

Selon la transformatrice de poisson, le repos biologique institué par le ministère de la pêche est aussi un facteur qui freine l’élan des fumeuses de poissons. « Oui, ça peut être un autre facteur pour nous. Parce que quand il y a le repos biologique, nos pirogues artisanales ne peuvent pas travailler. Donc, on ne peut pas avoir du poisson. Le repos biologique devait avoir lieu pendant la saison sèche ; comme ça, les pirogues pourront aller en pleine mer, pêcher et envoyer les poissons. Mais quand ça tombe sur la saison des pluies, ce n’est pas bon du tout. Donc, toutes ces conséquences retombent sur nous alors qu’on a des familles à nourrir à travers cette activité », a dit Djalikatou Chérif Haïdara.

Pour subvenir à leurs besoins pendant ce temps, ces fumeuses de poissons à Téminétaye ont des solutions de rechange. « Par exemple moi, chaque matin, très tôt, je vais au port autonome pour voir les petites pirogues qui envoient les petits poissons. C’est ce qu’on achète pour mettre au feu. C’est ce qu’on revend petit-à-petit. Tu peux rester parfois 2 jours, 3 jours sans avoir de poissons. Dans la semaine même, tu peux avoir une seule fois, tu fumes ça et tu revends. On a des familles à nourrir, donc on est obligé de venir ici chaque matin, même si on ne gagne pas. Nos revenus ont considérablement baissé. Vous savez vous même que les familles en Guinée consomment le poisson tous les jours. C’est pour vous dire que tout le monde se plaint de la rareté des poissons ».

Salematou Bangoura, cheffe du port de Téminetaye Kaloum

Pour sa part, Hadja Salimatou Bangoura, la cheffe du port artisanal de Téminétaye, demande aux autorités de multiplier les sensibilisations pour que les citoyens comprennent le bien-fondé de la période du repos biologique. « Ce que nous pouvons dire aux autorités, c’est de mener des campagnes de sensibilisation pour faire comprendre aux citoyens le bien fondé du repos biologique », a-t-elle lancé.

Les femmes fumeuses de poissons au port de Téminétaye se plaignent de la rareté du poisson au niveau des ports artisanaux.  Mais elles ne sont pas les seules à se plaindre de cette situation. Dans les marchés également, le même constat prévaut. Les consommateurs en subissent également les conséquences.

Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com

Tel : 622 56 11 82

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