3 000 unités de production d’eaux minérales en Guinée : Amadou Sylla (ONCQ) à Guineematin

En Guinée, il y a une floraison d’eaux minérales sur le marché. Cela interpelle donc de nombreux observateurs qui sont inquiets par rapport à la qualité des eaux proposées aux populations pour la consommation. De nos jours, le constat révèle le foisonnement des unités de production des eaux minérales.

Dans les quartiers de Conakry ou encore à l’intérieur du pays, chacun a son unité de production du liquide précieux. On y retrouve des noms attribués aux sachets d’eaux minérales naturelles de tout genre. Pour en savoir plus sur les raisons fondamentales de cette montée en puissance de la production des eaux minérales, Guineematin.com a dépêché un de ses reporters à l’office national de contrôle qualité de Conakry.

Amadou Sylla, responsable qualité au laboratoire de la direction générale de l’Office national de Contrôle de Qualité, a reçu un reporter de Guineematin.com il y a quelques jours.

Amadou Sylla, responsable de laboratoire contrôle de qualité

Guineematin.com : Quel constat faites-vous sur la floraison des eaux minérales sur le marché guinéen ?

Amadou Sylla : Merci beaucoup. Avant de répondre à cette question, vous devez savoir que la Guinée évolue dans une économie libérale, ce qui fait que les gens peuvent investir, non seulement payer les taxes et tout ce qui est redevance à l’Etat.  Et, c’est normal, parce que ça donne beaucoup plus d’opportunités à d’autres d’investir.  Mais lorsqu’on parle de la floraison, c’est aussi une chose qui est normale, parce que l’eau étant une denrée très importante. Si vous faites allusion aux années passées, vous allez vous rappeler qu’il y avait une épidémie de choléra qui était là. C’était dû à la qualité de l’eau. Aujourd’hui, la société des eaux de Guinée ne peut pas couvrir toutes l’étendue du territoire guinéen et l’implantation des unités de production partout. Donc, c’est une chose importante parce que ça permet aux gens d’avoir accès à l’eau potable.

Guineematin.com : Est-ce-que vous êtes en contact avec ceux qui créent souvent ces unités de production des eaux minérales ?

Amadou Sylla : au fait, l’Etat est le premier garant de la santé de ses populations. Ce qui fait que nous sommes en contact permanent avec ces producteurs des eaux minérales naturelles, parce que nous sommes représentés dans les 33 préfectures, les six communes de la capitale et aussi les postes frontaliers, au Port de Conakry et à l’aéroport. Et, nos agents sortent souvent de façon inopinée pour faire des inspections et un recensement de ces unités de productions afin de proposer une mesure corrective. Mais ce qui est important, nombreux sont ceux qui ont commencé maintenant à comprendre cette démarche, parce qu’analyser l’eau, c’est important pour eux. Et il y a des gens qui sont regroupés en associations de producteurs d’eaux minérales. Ça c’est important, et nous nous sommes là pour le suivi de la qualité. Tous les trois mois, ils envoient les échantillons et nous aussi nos inspecteurs sortent sur le terrain, vont dans ces installations et conseillent les bonnes pratiques d’hygiène, les bonnes pratiques de production et les bonnes pratiques de commercialisation.

Guineematin.com : Est-ce-qu’il y a, par endroit, où vous avez identifié des cas frauduleux d’installation des unités de production d’eaux minérales ?

Amadou Sylla : Oui, c’est vrai qu’il y a beaucoup qui échappent aux contrôles, il faut le reconnaître, mais le rôle de l’Etat c’est d’abord de sensibiliser la population pour qu’elle comprenne l’importance de vérifier la qualité de ces eaux.  Parce que l’eau étant très importante mais aussi, peut être source de maladies. Toi-même qui produit chez toi si ta famille consomme cette eau. Et, si tu ne veille pas sur la qualité de l’eau. Il y’a des risques des maladies hydrique liées à ça. Donc, il y’a beaucoup qui échappent au contrôle, mais nous, pour l’instant nous ne faisons pas une répression.  Nous passons d’abord à la sensibilisation, à l’information, à la vulgarisation des textes réglementaires en la matière pour que les gens puissent comprendre la thématique.

Amadou Sylla, responsable de laboratoire contrôle de qualité

Guineematin.com : En termes de statistiques, aujourd’hui, il y a combien d’unités de production d’eaux minérales sur l’étendue du territoire national ?

Amadou Sylla : En termes de statistiques, il faut d’abord faire la part des choses. Quand on parle d’eaux minérales naturelles, d’abord il y a ce qu’on appelle une eau d’origine souterraine qui est microbiologiquement saine qui maintient constamment tous ses éléments et qui ne doit subir aucun traitement chimique. Donc, les gens qui évoluent dans ce domaine en Guinée, il y a 7. Et ceux qui évoluent dans le domaine des eaux en sachets, les dernières statistiques que nous avons tournent autour de 3000 unités sur toute l’étendue du territoire national, mais il faut signaler qu’il y a certaines aussi qui naissent et d’autres qui disparaissent et celles qui sont délocalisées. On n’a pas d’abord la statistique totale, mais il y a un projet avec le ministère de l’industrie,  la direction nationale des PME, en partenariat avec le ministère du Commerce,  nous allons sortir pour pouvoir faire la cartographie de ces unités de production sur toute l’étendue du territoire national, afin de proposer des solutions à l’Etat.

Guineematin.com : La floraison des eaux a des conséquences néfastes, selon vous ?

Amadou Sylla : Oui, ça a des conséquences, il faut le reconnaître. Parce que ce n’est pas à n’importe quel endroit qu’il faut s’implanter.  Ce sont des forages qui les utilisent. En principe, le forage ne doit pas être dans un endroit à forte agglomération, densité de la population, à ciel ouvert, les fausses sceptiques. Donc, il y a un risque d’altération. On ne peut pas aussi faire le forage dans n’importe quel endroit, il y a le risque environnemental, et beaucoup d’autres facteurs.  Et pendant l’hivernage, il y a l’infiltration des eaux de ruissellement aussi. Donc, il y a tous ces facteurs qui jouent à la dégradation des eaux.

Guineematin.com : Mais est-ce-que vous êtes associés préalablement dans les projets de mise en place des unités de production des eaux minérales ?

Amadou Sylla : Oui, on est associé souvent.  Par exemple ici, c’est un bureau qu’on a mis au sein du laboratoire.  Ce bureau est devenu comme une salle de classe.  Quand les producteurs viennent, ils sont toujours là, on leur explique la thématique, la démarche, mais en cas de problèmes, il y a une équipe mixte qui est fermée (le service contrôle qualité, la gendarmerie, le ministère de l’environnement, etc.) afin d’aller proposer des solutions.

Guineematin.com : Vous recevez à votre niveau des plaintes de certains relatives aux eaux minérales naturelles ?

Amadou Sylla : Oui, souvent nous recevons certaines plaintes, parce que les gens ont commencé à comprendre la démarche de la qualité.  D’autres disent qu’ils ont vu telle eau qui ne leur conviennent, on nous alerte.  Donc, quand  on nous alerte, on regarde c’est dans quelle localité,  comme on a nos représentants dans toutes les préfectures, on appelle l’intéressé pour qu’il puisse aller faire l’inspection des lieux ,voir l’endroit, les caractéristiques du forage et il fait des prélèvements aussi pour qu’on puisse analyser et voir quel est le problème réel.

Guineematin.com : Quelle assurance donnez-vous à la population guinéenne par rapport à la montée grandissante des eaux minérales sur le marché ?

Amadou Sylla : l’assurance que nous pouvons donner à la population, c’est qu’actuellement,  l’Office national de Contrôle de Qualité, a bénéficié des équipements par rapport au contrôle de la qualité des eaux minérales produites. Donc, on est équipé pour répondre aux exigences en termes d’eaux, en termes d’aliments de façon générale.  Chacun doit mettre en tête que ce que je mange peut constituer un problème pour moi si je ne connais pas l’impact, parce que le fondement de la sécurité alimentaire dit quoi ? Que les aliments que ce soit l’eau ou autre, ne sont pas nocifs pour les consommateurs tant que les lignes directrices d’utilisation sont respectées depuis la production jusqu’à la consommation et à la commercialisation.  Donc, nous devons nous inscrire dans cette dynamique afin de propulser la qualité de nos produits.

Entretien réalisé par Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com

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