Un an de la Transition guinéenne: La nécessité de travailler à ne pas décevoir le peuple

Bachir Sylla

Déclaration de l’ONG Stand for Life and Liberty – Guinée

Chasser le naturel, il revient au galop. Un an après le coup de force du colonel Mamadi Doumbouya, les espoirs des Guinéens semblent se flétrir comme une peau de chagrin. En effet, le 5 septembre 2021, un vent d’espoir a soufflé sur ce pays atypique qui a accédé à l’indépendance le 02 octobre 1958. Après un an de balbutiement, les fruits ne semblent pas avoir porté la promesse des fleurs. Le premier anniversaire du coup d’Etat perpétré par le colonel Mamadi Doumbouya donne l’occasion à l’ONG Stand for Life and Liberty-Guinée (S2L-G) dont la vocation est de promouvoir les droits humains, l’éducation et le développement, de dresser le bilan du Comité national du Rassemblement pour le développement (CNRD). Ce, dans le but de formuler des recommandations pour une transition apaisée et réussie en Guinée.

Disons-le tout de go, au regard de ce qui s’est passé en Guinée depuis la chute du régime d’Alpha Condé, qui s’était octroyé un troisième mandat en changeant la constitution guinéenne en 2020, peu de choses ont changé dans la manière de gouverner le pays. La représentation nationale guinéenne de l’ONG Stand for Life and Liberty constate avec regret que les premières déclarations de la junte qui lui ont valu d’être adoubée par l’opinion publique tranchent nettement avec les réalités du moment. En effet, comme sous Alpha Condé, l’on assiste actuellement à des violations des droits humains par la réduction des espaces civiques, l’interdiction et la répression de manifestions à caractère politique et social, des arrestations arbitraires et même des tueries par balle. A ce tableau macabre, s’joute l’instrumentalisation de la justice et la rupture du dialogue entre la junte et la classe politique. Pourtant ce sont ces pratiques que le colonel Mamadi Doumbouya a brandies pour justifier son putsch et se faire accepter par l’opinion publique.

Attention à la dérive autoritaire et dictatoriale

Tout cela n’est pas un bon signe. Le pays s’expose à des sanctions internationales. La cause ? Un chronogramme problématique de la transition, qui a du mal à s’accorder avec les acteurs majeurs de la classe politique, de la société civile et surtout avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
A Stand For Life and Liberty, nous estimons qu’il est plus que jamais nécessaire, au terme d’un an de tergiversations, de marquer un arrêt et de réorienter la transition en cours. Pour cela, nous recommandons :

– L’instauration d’un vrai cadre de dialogue entre les organes de la transition et les acteurs clefs
de la classe politique
– La levée de toutes les restrictions tendant à réduire les espaces de libertés civiques
– La garantie d’une justice indépendante et équitable
– La garantie de la liberté d’expression et d’opinion
– La libération immédiate de tous les prisonniers politiques
– La diligence dans le traitement des dossiers judiciaires en instance devant les cours et tribunaux
du pays
– Mettre en place un organe indépendant pour organiser les élections
– Lutter contre la corruption et le détournement des deniers publics
– Favoriser la reddition des comptes et la déclaration de patrimoine ou de biens

Au delà de ces recommandations, l’ONG Stand for Life and Liberty-Guinée souhaite que le colonel Mamadou Doumbouya respecte sa parole d’honneur lorsqu’il a dit qu’il est venu pour « remettre le pays au peuple », car seul le peuple Guinéen est capable d’écrire et tracer les lignes de son émancipation économique et politique.

 

Le Coordonnateur national

Bachir Sylla

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