Amadou Sadio Diallo, blessé à Conakry : « la balle est entrée d’un côté de ma jambe avant de ressortir… »

Amadou Sadio Diallo, blessé par balle à la jambe

Dans l’après-midi du mercredi dernier, 7 septembre 2022, des accrochages ont été enregistrés dans plusieurs quartiers de Conakry entre des jeunes manifestants et les agents des forces de l’ordre. Ces dernières sont intervenues pour disperser les manifestants ; mais, apparemment, elles ont fait un usage excessif de la force. En tout cas, de nombreux citoyens les accusent d’avoir fait usage d’armes à feu dans cette opération de maintien d’ordre. Et, cela aurait entraîné des blessés par balle, notamment à Concasseur et à la Carrière.

Selon les témoignages, dans ces deux endroits (Concasseur et Carrière) de la haute banlieue de Conakry, au moins quatre (4) personnes y ont été blessées par balle par les forces de l’ordre. Et, parmi ces blessés, un jeune âgé de moins de 20 ans a succombé.

Amadou Sadio Diallo, un staffeur de 18 ans qu’un reporter de Guineematin.com a rencontré ce samedi, 10 septembre 2022, traîne une blessure à la jambe droite. Et, il assure que ce sont les militaires qui lui ont tiré dessus.

« On était arrêtés en bas, à côté d’un poteau. Les militaires étaient en haut, ils ont tiré, la balle est venue entrer d’un côté de ma jambe avant de ressortir de l’autre côté pour ricocher sur le poteau. Heureusement pour moi, elle n’a pas atteint l’os. Ce sont des bérets rouges et des gendarmes qui étaient en train de tirer sur les gens à la carrière ici. Mais, ce sont des gens qui sont dans notre quartier qui leur indiquaient des personnes. Quand ils m’ont tiré dessus, je me suis assis sans même savoir que j’étais touché. C’est lorsque j’ai soulevé mon pantalon que j’ai vu le sang couler. Après, mes amis m’ont pris pour m’emmener d’abord dans une clinique où les médecins ont demandé de l’argent avant de me toucher. Ensuite, ils ont demandé à ce qu’on m’emmène dans un hôpital à Matam. Ceux-là se sont occupés de moi… Aujourd’hui, j’ai mal et ma jambe est enflée. Ils tirent ouvertement sur les gens pour les tuer. Et, quand ils vous tirent dessus, ils vous pourchassent encore… Actuellement, ce sont mes parents qui s’occupent de moi. Parce qu’avec ma blessure, je ne peux pas aller travailler pour les aider », a expliqué Amadou Sadio Diallo.

Avec une jambe bandée et enflée à cause de sa blessure qui tarde à cicatriser, Amadou Sadio Diallo marche difficilement. Et, il vit actuellement aux crochets de ses parents qui essaient tant bien que mal de subvenir à ses besoins. Sa mère assure qu’il était d’une grande aide à la famille. Il rapportait de l’argent de son travail et il lui prêtait main forte dans les travaux domestiques. Et, aujourd’hui, le voir avec une démarche chancelante et contraint à rester à la maison lui procure une grande peine.

Mamadou Yahya Petel Diallo et Ibrahima Bah pour Guineematin.com

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