Taouyah (Ratoma) : les vendeurs de médicaments demandent un moratoire de 6 mois à un an pour écouler leurs produits

Dans le cadre de l’assainissement du secteur pharmaceutique et la protection de la santé des populations en Guinée, le procureur spécial de la CRIEF (cour de répression des infractions économiques et financières) a récemment ordonné la fermeture des boutiques et autres points de vente de médicaments sur toute l’étendue du territoire national. Cette mesure est entrée en vigueur ce jeudi, 15 septembre 2022, au grand dam des acteurs non-professionnels du médicament.

Au marché de Taouyah (dans la commune de Ratoma) où un reporter de Guineematin.com s’est rendu un peu plus tôt dans la journée, les vendeurs non agréés de médicaments ont observé cette mesure d’interdiction des autorités. Ils n’ont pas ouvert leurs boutiques à la clientèle. Mais, conscients des conséquences de cette interdiction sur leurs investissements, ces acteurs ont plaidé pour un moratoire pour leur permettre d’écouler leurs stocks de médicaments.

Mamadou Tahirou Diallo, vendeur de médicaments au marché de Taouyah

« On a fermé pour respecter la décision du gouvernement. On les plaide de nous aider à ouvrir les boutiques pour qu’on puisse diminuer nos marchandises. Quand le gouvernement prend une décision, personne ne peut aller à l’encontre de ça. Il a pris la décision de fermer le marché parallèle des produits pharmaceutiques, mais cela nous impact beaucoup. Parce qu’on a beaucoup investi dans cette activité pendant des années. Et donc, si on nous dit de fermer le marché dans 15 jours, cela ne nous arrange pas. S’il y a une possibilité de repousser un peu cette mesure, même si c’est six (6) mois ou un (1) an, cela permettra aux vendeurs d’écouler leurs marchandises pour qu’après ils puissent chercher une autre activité à mener. C’est ce que nous demandons aux autorités, particulièrement au président Mamadi Doumbouya. Parce que nous avons beaucoup de familles à nourrir. Et, rester à la maison sans rien faire ne sera pas bon pour nous. On a des enfants ; et, c’est l’ouverture des classes qui est annoncée dans quelques jours. Cela nous inquiète beaucoup », a dit Mamadou Tahirou Diallo, vendeur de médicaments depuis 2010.

Cependant la fermeture des boutiques non agréées de vente de médicaments au marché de Taouyah ce jeudi n’a pas impacté que les vendeurs. Beaucoup de citoyens qui ont l’habitude de s’approvisionner de médicaments dans ce marché y ont aussi été pénalisés aujourd’hui. Aboubacar Keïta n’a pas pu payer son ordonnance. Et, il est en colère contre les autorités qui ont pris « cette mesure un peu déplacée » sans tenir compte du pouvoir d’achat des Guinéens lambdas.

Aboubacar Keita, venu acheter de médicaments au marché de Taouyah

« Moi, je trouve cette mesure un peu déplacée. Parce que quand on prend des décisions de ce genre, il doit y avoir une mesure d’accompagnement. Et, si on oblige tout le monde d’aller à la pharmacie, il faut que l’addition soit suivie. ça c’est pour nous les pauvres. À la pharmacie, on ne peut pas discuter le prix. Sinon, c’est bien vrai que nous devons aller à la pharmacie, mais il faut qu’on accompagne. Moi, je pense qu’il faut subventionner les produits, sinon les gens ne pourront pas aller à la pharmacie. Comme ça là, je vais sillonner ; et, si je ne trouve pas de boutiques ouvertes, je rentre à la maison. Je suis venu chercher des médicaments pour moi et pour ma vieille. Des décisions comme ça, il faudra accompagner, sinon ça sera un feu de paille. Et, cela nous inquiète beaucoup », a dit Aboubacar Keïta.

Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com

Tél. : 622 56 11 82

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