Fermeture des cliniques et pharmacies clandestines : notre constat au marché de Kénien

Dans le cadre de l’assainissement et la moralisation des pratiques médicales en Guinée, les autorités guinéennes ont ordonné la fermeture des boutiques et autres points de vente non agréés de médicaments sur toute l’étendue du territoire national. Cette mesure est entrée en vigueur depuis hier, jeudi 15 septembre 2022. Et, elle est observée par les vendeurs dans les différents marchés à Conakry. C’est notamment le cas à Kenien marché où toutes les pharmacies et cliniques non agréées sont restées fermées dans la journée de ce vendredi. Mais, au sein de la population de cette zone de la capitale guinéenne, cette fermeture est diversement appréciée.

Certains citoyens font mine de comprendre et d’adhérer à cette décision, alors que d’autres sont catégoriquement opposés à cette fermeture et demandent à l’Etat de revoir la situation. Cette dernière catégorie, pour justifier sa position, évoque surtout l’incapacité du guinéen lambda à acheter du médicament dans les pharmacies agréées, à cause des prix élevés qui y sont pratiqués, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

A l’entrée du marché, un cabinet de soins médicaux, visiblement non agréé, est fermé. Et, son détenteur est absent des lieux. Quelques citoyens rencontrés sur place ont salué la décision du gouvernement qui vise à nettoyer le secteur de la santé.

Bademba Baldé, résident au quartier Kenien

« Pour moi, c’est une très bonne chose, parce qu’il y a des pharmacies qui n’ont pas d’agréments. Mais, là où elles sont installées, il n’y a pas de pharmacies agréées non plus. Si vous prenez une préfecture comme Dabola, il n’y a aucune pharmacie agréée. A Conakry ici, vous verrez des pharmaciens qui partent à Madina pour acheter des médicaments, on ne peut pas qualifier ceux-là de pharmaciens. Et, à Madina aussi, il y a des gens qui falsifient la date de péremption des produits. Donc, c’est une très bonne chose de les aider à bien se structurer… Pour ce qui est des cliniques, il ne faut pas jouer avec. Si elles ne sont pas agréées, il faut tout simplement les fermer. Dans d’autres pays comme le Mali, il y a des gens qui ont des agréments, qui ne sont pas forcément des détenteurs de pharmacies, mais ce sont des distributeurs. Ils sont des intermédiaires entre les pharmacies et les vendeurs de médicaments. L’Etat se devait de les accompagner et dire aux pharmaciens de revendre les médicaments à des prix raisonnables. Il y a une pharmacie derrière ici, un produit qu’on peut avoir à 50 000 francs à Madina, on te le revend à 150 000 francs. Cela ne peut pas aider la population, nous sommes pauvres. Donc, oui à la fermeture, mais avec un accompagnement », a dit Bademba Baldé, habitant du quartier Kenien.

Pour cet autre citoyen qui habite au cœur du marché de Kenien, Aly Dark Keïta, il faut « mettre une croix rouge » sur les cliniques et pharmacies non agréées en Guinée.

Aly Dark Keïta, résident au quartier Kenien

« Les cliniques clandestines doivent être éliminées. Celui qui veut ouvrir doit être en règle. Il ne s’agit pas de dire que j’ai étudié un peu, je vais me débrouiller. Chacun se débrouille, le Guinéen est naturellement débrouillard, on le sait. Ce qui reste clair, on a qu’à apprendre à être correct dans la légalité. Il faut mettre une croix rouge sur les cliniques et les pharmacies non agréées en Guinée », a martelé Aly Dark Keïta.

De son côté, Alya Soumah, un citoyen en état de convalescence, est opposé à cette fermeture des points de vente illicite de médicaments. Et, il appelle l’Etat à revoir cette décision.

Alya Soumah, résident au quartier Kenien

« Vous savez qu’en Guinée il y a trop de pauvreté, on n’a pas assez d’argent pour aller acheter des médicaments dans les pharmacies agréées. L’Etat doit revoir sa décision. Moi j’ai acheté mes produits dans le quartier, dans une pharmacie non agréée. Si je partais dans une pharmacie agréée avec le peu d’argent que j’avais sur moi, je n’aurais jamais tous les produits que le médecin m’a prescrits. Ça, c’est clair. Car, mes moyens sont limités », a-t-il dit, tout prenant ses médicaments achetés dans une pharmacie non agréée.

Mamadou Tanou Bah pour Guineematin.com

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