Abdoulaye Diallo, unique garçon de sa mère, a été mortellement atteint par balle samedi dernier, au quartier Kipé, dans la commune de Ratoma, suite à une descente musclée des agents de l’office central anti drogue à la plage. L’émotion est toujours vive dans la famille où sa mère, Mme Mariama Diallo, vendeuse de fruits, malade et hypertendue, est toujours inconsolable. Son père adoptif demande de discipliner les forces de l’ordre. Tel est le constat fait sur place ce lundi, 19 septembre 2022, par Guineematin.com à travers un de ses reporters.
C’est une mère de famille très affectée qu’on a rencontré ce lundi. Mme Mariama Diallo dit avoir appris avec les voisins que son unique garçon a été tué devant sa cafétéria. Le jeune homme, âgé de 28 ans, est décrit par sa mère comme doux et très respectueux.
« Quand je suis arrivée à l’hôpital Sino-guinéen mon fils était agonisant. Ils n’étaient que deux, lui et sa petite sœur. C’était mon unique garçon. Abdoulaye Diallo était un homme doux, très respectueux des autres. C’est lui qui m’aidait. J’ai accepté sa perte, mais je ne pardonnerai jamais, jusqu’à devant Dieu, à celui-là qui a ôté la vie de mon unique garçon. Le ministre de la justice est passé ici hier dimanche pour nous dire que toute la vérité sera dite autour de cette affaire. Il nous a donné cette assurance. Pour ce qui est du corps, il est à la morgue d’Ignace Deen pour une autopsie. Alphonse Charles Wright a dit que son département se charge de tout ce qui va être fait jusqu’à l’enterrement de mon fils. Je demande à l’Etat de faire tout son possible pour qu’il n’y ait plus de victimes de ce genre, que ces hommes en uniforme arrêtent de descendre dans les quartiers pour tuer banalement des enfants », a dit Mme Mariama Diallo, encore sous le choc.
L’enseignant à la retraite, Dr Mohamed Still Camara, père adoptif de la victime, était à l’intérieur du pays quand il a été informé du meurtre de son fils. Il déplore le mode de recrutement au sein de l’armée et demande qu’on nettoie le milieu.
« Je dis que les jeunes qui sont dans l’armée, notamment la police et autres, actuellement beaucoup d’entre eux ne méritent pas d’y être. Nous à notre temps, pour intégrer la police, il fallait vraiment traverser beaucoup d’étapes mais aujourd’hui c’est celui qui n’arrive pas à éduquer son enfant il l’envoie à la police. Sinon pour être policier, gendarme ou militaire, il y a des formations qui enseignent l’interpellation d’un individu armé à plus forte raison de quelqu’un qui est désarmé. On a des jeunes qui croient que les armes qu’ils détiennent sont des jouets, ils ne s’en rendent compte que quand ils commettent des crimes, voilà la situation. C’est regrettable, il faut qu’on nettoie et la police et la gendarmerie… ».
Le défunt Abdoulaye Diallo est originaire de la sous-préfecture de Koïn, dans la préfecture de Tougué. Sa famille attend de la justice que la lumière soit faite dans cette affaire.
Déjà, le ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright, a instruit des poursuites pour des faits présumés d’homicide volontaire et complicité d’homicide volontaire par arme à feu contre les dix policiers qui ont effectué la descente à la plage de Kipé.
Mamadou Tanou Bah pour Guineematin.com
