Dr Édouard Zoutomou sur le cadre de dialogue : « je ne suis pas convaincu »

Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou, président de l'UDRP

Longtemps réclamé par les acteurs socio-politiques, un cadre de dialogue dit inclusif a été décrété dans la soirée d’hier, lundi 19 septembre 2022, par le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya. Un cadre qui sera animé par des facilitateurs nationaux, a indiqué le décret. En réaction à cette actualité brûlante de Guinée, le président de l’Union Démocratique pour le Renouveau et le Progrès (UDRP), a déclaré ne pas être convaincu pour le moment.

« D’abord, il faut faire une remarque. Si vous suivez très bien les activités politiques ici en Guinée, chaque fois qu’il y a l’annonce d’une rencontre au niveau de la CEDEAO, c’est en ce moment que le gouvernement et le CNRD font semblant de faire quelques chose. Parce qu’il y a une différence énorme encore entre faire et faire semblant. Aujourd’hui, le cadre de dialogue, c’est une bonne chose. Quand on crée un cadre de dialogue, c’est bien. Mais, appeler un cadre de dialogue et mettre le contenu d’un cadre de concertation, c’est comme si on voulait simplement faire du bluff, parce que le cadre de dialogue, il doit être établi selon les principes qui avaient été à la base de certaines revendications faites. Alors, quand on a fait ces revendications pour dire qu’il faut un cadre, il faut la présence d’un médiateur, ça, c’est à cause justement de la crise de confiance qui est déjà installée entre les partis qui doivent discuter. Alors, dire qu’on va prendre le contenu d’un cadre de concertation et le coller à un cadre de dialogue, ça veut dire franchement que rien ne change dedans ; c’est ça ma position personnelle », a indiqué Dr Edouard Zoutomou Kpogomou.

Pour le  leader de l’UDRP (Union Démocratique pour le Renouveau et le Progrès), cette annonce n’est pas en elle-même convaincante. Il souhaite attendre de voir le contenu pour mieux se prononcer. « C’est une avancée, mais moi, je ne suis pas convaincu, dans la mesure où nous avions déjà récusé le contenu du cadre de concertation qui a abouti à une durée de 36 mois pour la transition. Alors, si on dit qu’il faut encore mettre là un comité technique ou alors des cadres qui seront des facilitateurs guinéens. Il n’y a pas de problèmes avec des facilitateurs guinéens ; mais, seulement à cause du fait qu’il y a cette crise de confiance, c’est comme si encore on allait rassembler des éléments pour rendre compte au Colonel pour qu’il prenne une décision unilatérale, c’est ça la question. Je crois qu’on est en train de prendre le dialogue pour la concertation et la concertation pour le dialogue ; c’est une confusion inouïe. Il faut qu’on voit les attributions claires dans les définitions. Mais, s’il faut chaque fois réagir parce qu’en marge de la 77ème session de l’assemblée générale des Nations-unies, les chefs d’Etat de la CEDEAO doivent se rencontrer, décider de ce qu’il faut faire de la transition en Guinée et au Mali, si c’est en prélude à ça que ces dispositions là sont prises, que le décret a été pris, franchement, c’est comme si on essayait de faire semblant de faire quelque chose », a expliqué Dr Edouard Zoutomou Kpogomou.

Enfin, interrogé sur son éventuelle participation ou non à ce dialogue, le président de l’Union Démocratique pour le Renouveau et le Progrès n’a pas caché ses doutes sur la sincérité de la junte. « Ça dépendra du contenu. Si le contenu reste ce qu’il est, je trouve cela problématique. C’est bien d’y aller comme on avait fait au temps du Premier ministre Mohamed Béavogui qui voulait cadrer quelque chose de nouveau. Mais, si c’est un cadre qu’on crée simplement pour mettre ça sous le leadership du gouvernement qui doit rendre compte, ce n’est déjà pas un dialogue. Parce que, si vous devez vous réunir pour rendre compte à quelqu’un, ce n’est pas ça un dialogue en réalité. Nous n’avons pas dit qu’on n’ira pas, mais nous allons y réfléchir », a insisté Dr Edouard Zoutomou Kpogomou.

Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com 

Tél. : 622 56 11 82 

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