Les réactions fusent de partout après la prise de sanctions contre la Guinée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). De nombreux acteurs politiques pointent un doigt accusateur sur la junte qui s’est emparée du pouvoir il y a un peu plus d’une année. Pour Abdoulaye Kourouma, président du parti Rassemblement pour la renaissance et le développement (RRD), le Colonel Mamadi Doumbouya est le seul responsable de ce qui arrive. Il l’a dit dans la journée d’hier, vendredi 23 septembre 2022, dans un entretien accordé à Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Réunis en marge du sommet des Nations Unies à New-York, les chefs d’État de l’espace CEDEAO ont annoncé une série de sanctions contre la junte militaire au pouvoir en Guinée. Les membres du gouvernement et du CNRD, le cabinet du Conseil national de la transition (CNT) sont, entre-autres, interdits de voyager hors du pays.
Selon Abdoulaye Kourouma, président du RRD, le chef de la junte est responsable de cette situation que la Guinée vient de connaître. « On ne peut pas aimer son pays et être heureux des sanctions contre celui-ci. Donc par principe, il est regrettable que le pays, depuis 1958, ne s’en sort pas. Je n’entrerais pas dans le débat stérile. Pour moi, le seul responsable de ce qui est en train de nous arriver aujourd’hui est le colonel Mamadi Doumbouya, président de la transition, parce qu’il incarne l’autorité de l’État et le CNRD. C’est lui qui a pris un engagement face à l’histoire de notre pays, c’est lui qui a pris l’initiative de changer la situation. Tous ceux qui se réclament aujourd’hui ministres ou directeurs, c’est parce que quelque part, il y a quelque chose qui a été initié par lui. Mais, il sait pertinemment que le guinéen n’accompagne que le succès. Tout se passe bien tant que les choses vont bien à leur niveau. Quand ça va changer, il sera la seule personne qui répondra devant l’histoire ».
Toutefois, cet homme politique pense que ces premières sanctions prises n’auront pas un impact direct sur la vie des populations. Mais, il faut redouter des impacts sur la durée. « Jusqu’à date, les sanctions qui sont en train de nous être infligées ne touchent pas directement la population, mais il faut éviter les sanctions qui peuvent directement toucher le train de vie des guinéens. Pour le moment, on dit que les sanctions sont progressives et concernent ceux qui dirigent. Tout cela ne rassure pas. Ça montre un bras de fer qui n’a pas de sens. Ça ne sert en rien d’aller en bras de fer avec la CEDEAO. Il faut que le président Mamadi DOUMBOUYA prenne ses responsabilités pour éviter que le pays ne tombe dans une situation inconfortable », conseille Abdoulaye Kourouma.
En outre, le président du RRD invite la junte à faire preuve d’intelligence pour éviter des conflits avec les institutions internationales. « Il faut que la junte comprenne qu’il y a une différence entre le nationalisme et le panafricanisme. Les discours qu’ils tiennent aujourd’hui ne sont pas des discours panafricanistes mais plutôt nationalistes. Quand vous êtes panafricains, vous avez les mêmes positions que les autres pays de l’Afrique, vous avez les mêmes politiques à défendre, mais tel n’est pas le cas. Il faut aussi éviter de se comparer au Mali. Le Mali n’est pas un pays souverain à partir du moment où 40 à 60% du territoire malien ne sont pas contrôlés par le gouvernement. C’est pourquoi les maliens ont accepté des militaires à leur tête pour libérer le pays des terroristes, des djihadistes. Mais en Guinée, si la junte s’est vue accompagner par une bonne partie des militants de l’opposition d’Alpha Condé, aujourd’hui, les militants du pouvoir déchu et les militants des opposants d’Alpha Condé qui étaient avec eux hier, ne sont pas avec eux. Ça, ça fait à peu près les 70% de la population. Cela veut dire qu’ils n’ont pas la moyenne nécessaire pour tenir un tel propos… ».
Malick Diakité pour Guineematin.com
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