Détournement de 1189 casiers de boissons vides : un an de prison requis contre Fara, Kaoussou et Emmanuel

Le procès de Fara Touré, Kaoussou Diallo (tous deux chauffeurs) et Emmanuel Bamba (contrôleur) s’est ouvert ce jeudi, 06 octobre 2022, devant le tribunal de première instance de Dixinn (délocalisé à la mairie de Ratoma). Ils sont poursuivis pour « abus de confiance » portant sur 1189 casiers de boissons vides au préjudice Mory Kalice Lamah.

Et, à la barre, seul Emmanuel Bamba a réfuté les accusations portées à son encontre. Ses deux coaccusés sont passés sans ambages aux aveux. Et, au terme des débats, le ministère public a requis un an de prison et le un million de francs guinéens d’amende contre chacun des trois prévenus, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Les trois (3) prévenus travaillaient dans le dépôt de boissons de Mory Kalice Lamah. Ils sont tous présumés auteurs du détournement de 1189 casiers vides dont la valeur est estimée à 47 560 000 francs guinéens. Fara Touré, Kaoussou Diallo et Emmanuel Bamba auraient pendant 5 mois revendu les casiers vides et se seraient partagés l’argent qui en est sorti. Ils ont été interpellés, puis placés sous mandat de dépôt à la maison centrale depuis le 29 septembre dernier.

Face au tribunal ce jeudi, Kaoussou Diallo a reconnu avoir perçu 91 000 francs guinéens (55 000 et 36 000) à l’issue de deux ventes de 75 casiers opérées par Emmanuel Bamba et Fara Touré.

« Mon ami (Fara Touré) est sorti pour revendre les casiers. Après qu’il ait fini, lui, Bamba et moi avons partagés l’argent. Lors de la première vente, j’ai reçu 55 000 ; et, 36 000 pour la seconde. Après, je lui ai demandé d’arrêter, parce que cela pouvait salir l’image des travailleurs. Ils (Fara et Bamba) l’ont fait 4 fois », a-t-il précisé.

À son tour, Fara Touré a également reconnu les 75 casiers, tout en soulignant l’avoir fait sous les ordres d’Emmanuel Bamba.

« Je ne connais pas l’affaire des 1189 casiers ; mais, je reconnais avoir vendu 75 casiers. Je suis venu travailler et je n’avais pas fait encore 6 mois là-bas. Le matin, j’emmène mon véhicule, on y charge des casiers, mais avant mon départ, on note. Un jour, Bamba m’a appelé pour me demander de laisser quelque part 10 casiers (vides) pour lui. Je suis rentré pour aller faire le compte rendu (versement), Bamba en a profité pour décharger les casiers vides restants.

Mais, j’étais inquiet. Il est allé faire le compte rendu en disant que j’ai ramené tous les casiers au complet. Pour la deuxième fois, il a dit à Diallo (Kaoussou) de m’appeler pour que je laisse 20 casiers là où j’étais parti revendre. Quand je suis revenu, il a fait la même chose que la première fois. Pour la troisième fois, il a dit de laisser encore 30 casiers, puis 15 la quatrième fois. La 5ème, il (Bamba) m’a appelé, mais j’ai refusé », a-t-il expliqué.

Pour sa part, Emmanuel Bamba n’a pas reconnu les faits allégués à son encontre. Il dit avoir travaillé pendant plus de 3 ans dans ce dépôt sans problème.

« Je ne connais rien dans l’affaire des casiers, je n’ai jamais donné de l’argent à quelqu’un et je n’ai rien pris. Ils nous ont appelés un jour pour dire qu’il y a eu un manquant, parce que d’habitude les casiers remplissaient le camion. Alors qu’en ce moment, ce n’était plus le cas », a-t-il dit.

Après ce constat fait par Mory Kalice Lamah, les prévenus ont affirmé avoir été conduits par ce dernier chez un marabout pour que ce dernier établisse la vérité dans cette affaire. Ils ont expliqué avoir été soumis à un rituel qui a consisté à mettre du feu dans une marmite avant de la déposer sur les ventres de Fara Touré et Emmanuel Bamba. Ayant vu cela, Kaoussou lui aurait pris la fuite.

À son tour, Mory Kalice Lamah a donné sa version des faits devant le tribunal. Il a alors expliqué avoir constaté la disparition de ses casiers. Et, selon ses enquêtes, ce sont les trois prévenus qui l’ont fait.

« J’étais victime depuis l’année dernière. Alors, au début de l’année 2022, je suis allé acheter 1981 casiers. Je les ai présentés aux travailleurs en leur avertissant que s’il y avait vol ou perte, ils allaient payer 60 000 francs par casier. Après le mois de carême, les casiers n’étaient plus au complet. Il ne restait plus que 800 casiers. À la suite des enquêtes que j’ai menées, les trois (3) prévenus sont ceux qui ont pris les casiers », a-t-il affirmé.

Dans sa plaidoirie, l’avocat de la partie civile a laissé entendre que les prévenus ont profité de l’absence de son client pour opérer ; et, ils ont reconnu les faits.

« À la DCPJ (direction centrale de la police judiciaire), ils ont reconnu les faits, même s’ils ont précisé n’avoir pris que 75 casiers. Ils ont avoué devant le tribunal. Mais, en 5 mois, je suis convaincu qu’ils ont pris plus que 75 casiers. Ils ont agi en connaissance de cause et dans l’intention de nuire. Les faits leur sont imputables », a-t-il indiqué, tout en demandant au tribunal de prendre toutes les dispositions pour réprimer leur comportement et de les condamner solidairement à payer à titre principal 47 560 000 de francs guinéens et 30 000 comme dommages et intérêts.

Abondant dans le même sens, le ministère public a dit que les faits sont établis contre les prévenus. Et, il a requis que Fara Touré, Kaoussou Diallo et Emmanuel Bamba soient condamnés à un an de prison et au paiement de 1 000 000 de francs guinéens d’amende, chacun.

Une réquisition contestée par l’avocate de la défense qui a remis en cause la procédure avant de dénoncer le traitement infligé à ses clients.

« Les deux prévenus ont reconnu avoir pris 75 casiers, alors que le troisième lui n’a rien reconnu. Ils ont été emmenés chez un charlatan où ils ont subi un traitement dégradant. La voiture de Fara Touré a été prise par la partie civile, ce qui est une extorsion. Parce qu’il n’y a aucune preuve qui prouve qu’elle est issue de la vente des casiers. Toute la procédure est illégale », a-t-elle estimé.

Elle a aussi demandé au tribunal, s’il devait entrer en condamnation, de prendre en compte le fait que ses clients n’ont reconnu que 75 casiers, qu’Emmanuel Bamba pour n’a rien reconnu et de restituer à Fara Touré son véhicule.

Finalement, le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 10 octobre prochain.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com

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