Marché de gré à gré : l’ex ministre Rémy Lamah et la SOGUIMAP devant la CRIEF

Médecin général Rémy Lamah, ex ministre de la santé

Le médecin général Rémy Lamah a comparu ce lundi, 10 octobre 2022, devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). L’ex ministre de la Santé sous le régime Alpha Condé et SOGUIMAP Sarl (Société guinéenne d’importation des médicaments et accessoires pharmaceutiques) sont poursuivis pour corruption dans la passation, l’exécution et le contrôle des marché publics et complicité par l’Agent judiciaire de l’État et la société ZMC pour résiliation de contrat au profit d’une autre société, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

À la barre, le médecin Général Rémy Lamah a tout d’abord tenu à solliciter auprès de la cour la production de la copie originale du contrat signé par la société ZMC pour, dit-il, mieux édifier la lanterne de la cour avant de clamer son innocence.

« Je sais que la société ZMC avait signé un contrat avec l’État guinéen, à travers le ministère de la santé en 2012, un contrat de fourniture de kits de césarienne et de kits d’accouchement pour une durée de 3 ans. Entre-temps, moi j’ai été nommé en janvier 2014. En décembre 2015, le contrat a été renouvelé pour encore une durée de 3 ans. Et, cet autre contrat devait prendre fin en 2018. Nulle part, il était dit une tacite reconduction ou renouvelable. Dix documents originaux ont été dûment signés et répartis entre le ministère de la santé, le ministère des finances, la société ZMC, la direction de passation des marchés publics, les impôts…

Je les mets au défi de produire les copies originales du contrat. C’est Mamadi Condé, responsable de passation des marchés du ministère de la santé qui a orchestré tout cela. Le retrait de la copie originale de ce contrat au ministère de la santé et dans toutes les structures signataires du contrat a été fait par lui. Il me l’a avoué devant les témoins à mon domicile. Il est allé jusqu’à chez moi pour me plaider devant ma maman. J’ai dit que non, je ne pouvais pas lui pardonner comme ça parce que l’affaire est déjà arrivée à la primature et à la présidence.

Mais finalement, la vieille de 85 ans, très sensible, m’a demandé de laisser tomber. Il (Mamadi Condé) m’a dit que c’est lui a retiré la page litigieuse, c’est-à-dire la page 5 qui parle de la durée du contrat en son article 6. Et, il est allé dans toutes les structures signataires dudit contrat pour substituer la page 5. Ce contrat a été falsifié. Je ne me retrouve pas dedans », a-t-il soutenu.

Interrogée, Mme Brigitte Kolié, assistante pharmacienne et représentante de la société SOGUIMAP, a affirmé que le contrat de livraison de kits a été confié à leur société suite à une soumission à un appel d’offres. « On a appris l’appel d’offres. On a postulé conformément à leur demande. C’est la gérante de la société SOGUIMAP, madame Pauline Kolié, qui a postulé au nom de la société au ministère de la santé suite à un appel d’offres. C’est après toutes ces formalités qu’on nous a informés que nous sommes retenus. C’était en 2020. Il y a eu un contrat signé entre la société et le ministère de la santé », a-t-elle expliqué avant d’être récusée par la cour pour non maîtrise du dossier.

Elle a été mise en demeure par la cour de produire une copie du passeport en cours de validité de Mme Pauline Kolié, gérante de ladite société, demain mardi, 11 octobre 2022, à 8 heures pour prouver l’absence de celle-ci au pays.

Pour sa part, Mamadou Pathé Sow, représentant de la société ZMC, au cours de la confrontation avec le ministre Rémy Lamah, a soutenu que le document déposé devant la cour est le document original du contrat. Et, qu’il n’y a aucune falsification dedans. « C’est le Premier ministre Kassory Fofana qui m’avait dit pour la première fois qu’il y a eu substitution dans toutes les administrations. Ce sont eux qui m’ont appris ça. Le document qui vous est déposé ici est l’original du contrat. On l’a fait en dix exemplaires. C’est moi même qui ai envoyé une copie à l’impôt pour enregistrement. »

Après plusieurs heures de débats, la cour a invité Rémy Lamah, Mamadi Condé et les Impôts à fournir la copie originale du contrat d’ici le 17 octobre 2022. Elle a ordonné la comparution des témoins demain mardi, 11 octobre 2022, pour la suite des débats.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

 

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