Hausse de la subvention des médias privés : l’Etat doit « conditionner » le déblocage du montant (SPPG)

Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du SPPG

La hausse de la subvention accordée à la presse privée suscite de nombreux commentaires, notamment au niveau du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG). Pour cette structure, l’Etat devait plutôt exiger des patrons de presse la signature de la convention collective des employés de presse qui tirent le diable par la queue. Telle est la position exprimée par Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du SPPG, dans un entretien accordé à Guineematin.com ce samedi 15 octobre 2022.

Dans la Loi de finances rectificatives (LFR), la subvention allouée aux médias a été revue à la hausse de plus de 2 milliards et demi de francs guinéens. Elle passe d’un plus de 3 milliards à 6 milliards de francs guinéens. Mais pour le SPPG, les autorités de la Transition devaient conditionner le paiement de la subvention par la signature de la convention collective entre le syndicat de la presse privée et les patrons des médias. Il s’agit d’une convention favorable aux journalistes, qui traversent des conditions de vie difficiles.

« Il faut commencer par rappeler que nous ne sommes jamais contre l’augmentation de cette subvention, comme nous l’avons toujours dit. Mais ce que nous demandons à l’État, c’est de conditionner la mise à disposition de ce montant par la signature de la convention collective. Avant que l’État ne débloque l’autre partie de la subvention, on avait fait trois courriers adressés au ministère de la communication, à la Haute Autorité de la communication et à la primature pendant la période de Mohamed Béavogui.

Mais malheureusement, l’État n’en a pas tenu compte. L’État n’a jamais demandé aux patrons de presse de signer la convention. Il a donné l’argent et depuis qu’ils ont cet argent, quel est ce média qui vous dit que j’ai augmenté les salaires des pauvres employés sans compter des arriérés de salaire ? Donc, c’est méprisant », soutient-il.

Selon le secrétaire général du SPPG, l’Etat n’a pas pris en compte la préoccupation de 85% des journalistes avant d’allouer cette subvention aux patrons des médias. Il pointe un accusateur sur l’Etat qui, selon lui, est responsable du malheur dont les employés des médias sont victimes.

« L’État ne peut pas prétendre aider la corporation des journalistes en ignorant les préoccupations des 85% de cette corporation. Donc les employés, peut-être 90% d’ailleurs, parce que l’étude d’Avocat Sans Frontières France a révélé que le SPPG regorge de 85% des journalistes guinéens qui sont affiliés à notre syndicat. Donc, quand nous remontons les préoccupations de ces pauvres employés, l’État doit nous écouter pour en tenir compte.

L’État se rend coupable du malheur que nous sommes en train de subir en complicité avec nos patrons. On ne veut pas entendre de la bouche de quelqu’un nous dire que oui, on est en train de vous aider. Nous aider, comment ? Qu’est-ce que ça coûte à l’État de stopper d’abord cette subvention pour dire tant qu’il n’y a pas de convention collective on ne vous donne pas cet argent ? », s’est-il interrogé.

Pour Sékou Jamal, les patrons de presse refusent de signer cette convention collective parce qu’ils sont soutenus par un État qui n’est pas sérieux dans ses agissements. « Un État sérieux n’accompagne jamais une entreprise qui n’est pas dans les normes. Vous ne pouvez pas continuer à donner des montants faramineux à des entreprises de presse qui n’ont même pas un papier, un contrat avec ses employés.

L’État nous prend pour qui ? On comprend finalement que les patrons sont sûrs de quelque chose. C’est pourquoi ils refusent de signer cette convention. Nous, on se disait que l’État n’a rien à voir dedans, c’est entre le syndicat et le patronat. Mais on se rend compte que c’est l’État qui les accompagne dans cette violation répétée de nos droits. »

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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