Exploitation de l’or, clé de répartition des revenus : le maire de Kounsitel (Gaoual) à Guineematin

Les orpailleurs entrent, creusent et arrachent tout à la recherche de l’or. Les lits des cours d’eau ne sont pas épargnés, les champs agricoles et les rizières des cours d’eau, lieu de prédilection du bétail sont systématiquement détruits par les orpailleurs artisanaux à la recherche du métal jaune, apparu dans cette localité en avril 2021. Mais depuis quelques mois, de gros bonnets plus forts sont rentrés dans la danse et utilisent de machines de plus en plus puissantes pour trouver l’or. Quitte à sacrifier l’environnement et les mécanismes de transparence dans la gestion des revenus miniers…

Selon le maire de Kounsitel, rencontré récemment par un journaliste de Guineematin.com à Kounsitel, il n’y a pas de phénomène plus désastreux pour l’environnement que l’exploitation minière. Cependant, les populations de Kounsitel peuvent se frotter les mains. L’ampleur des dégâts observés pendant l’exploitation aurifère a été freinée par la nature elle-même et les acteurs de l’environnement.

Elhadj Mamadou Chérif Diallo, maire de Kounsitel

« Les orpailleurs avaient creusé dans le lit des cours d’eau. Et ils ont été sérieusement impactés. Certaines sources tout comme certaines rivières ont vu leur lit totalement dévasté. Mais heureusement, quand la saison des pluies a commencé, tous ces trous ont disparu. On pensait que c’était fini pour nous. Et la commune qui avait un plan de reboisement a réussi à planter 4 hectares, les services de l’environnement ont réalisé 6 autres ha et un groupe agroforestier a reboisé 3 hectares. Ce qui a fait un total reboisé de 13 hectares pour cette année à Kounsitel. A cela, il faut noter que nous avons fait boucher les trous creusés au tour de Kounsitel. Et une partie du concassé a été également reboisée », a indiqué le maire.

L’impact sur les activités agricoles et d’élevage reste énorme :

Cette collectivité locale de Gaoual de 1672 km 2 abritant une population de 20 mille habitants, avant la ruée vers l’or, majoritairement agropastorale, a été sérieusement impactée par les activités d’orpaillages, reconnait l’honorable Chérif Diallo.

« L’agriculture et l’élevage tout comme environnement ont été vraiment mal impactées et personne n’a un champ à Kounsitel cette année. C’est la récolte du maïs et du fonio, mais on ne sent pas cela ici. Partout c’est des trous creusés et laissées ouverts par les orpailleurs. Et les gens ont arrêté de cultiver depuis l’apparition de l’or. Le bétail a été également impacté. Facilement des bêtes peuvent tomber et mourir dans des trous. Par ce qu’on ne peut pas paraître les animaux sur les sites aurifères. Mais Kounsitel est vaste, on peut envoyer les animaux ailleurs qu’ici pour continuer cette activité », a souligné M.Diallo.

A date et malgré la saison des pluies, un certain nombre de sites d’orpaillages continuent d’exister. Selon le maire, il y a trois sites opérationnels sur le terrain.

« Il y a un site au concassage (à Kansenga, là où beaucoup de personnes avaient perdu la vie, ndlr en mars dernier), un autre se trouve à Madina, et le 3ème à Bensané pont, à la limite avec Koundara. Au concasseur, là où les gens sont morts, cette partie est toujours interdite. Puisque des orpailleurs, brûlaient même certains. La partie qu’on appelait MAN, si quelqu’un creuse en profondeur jusqu’à arriver au niveau de l’or, on le disait de sortir. S’il refuse, ils mettaient de l’essence sur lui et le brûler. C’est cette partie qui est interdite », a précisé le maire.

Chérif Diallo soutient que la route n’est plus menacée. Ce qui reste à confirmer. Après un tour à Kassenga, le visiteur peut facilement constater la proximité du site à la route nationale Koundara-Labé. Le plus grave, c’est que l’existence de tunnels n’est pas exclue sur cette partie aux mains de gros exploitants.

D’ailleurs il y a plusieurs poclains qui évoluent sur le site. Si le maire nie en disposer quelques uns, il reconnaît son implication dans la perception des recettes mobilisées à travers ces machines.

« Il n’y a qu’un seul poclain qui est là-bas il appartient à Elhadj Guirassy qui était à Banankoro. Ce n’est pas pour moi. La collaboration entre forces et de sécurité, les tombolomas et nous se passe vraiment bien, grâce à l’implication de l’actuel Préfet de Gaoual, le Colonel Augustin Fanciadouno. Pour les recettes, la mairie ne gagne qu’avec les machines. Il y a des tickets pour les marteaux piqueurs, les poclains, les orpailleurs. Mais figurez-vous que certains tombolomas sont aussi des orpailleurs. C’est pourquoi j’ai dit s’il y a un poclain, c’est cet argent qu’on utilise pour le développement de la commune. Quand un camion de dix roues est chargé, l’intéressé paie 1 million 600 mille. Le propriétaire du poclain a 400 mille, le chauffeur du camion empoche 600 mille, la commune encaisse à travers le receveur 350 mille, les forces de défense et de sécurité reçoivent 150 mille et 100 mille sont versés à la préfecture », a expliqué le maire. A ce niveau et selon des témoignages concordants, au moins une centaine de camions s’active sur le seul site de Kassenga.

Sur ce site de Kassenga qui a coûté la vie à plusieurs personnes, l’exploitation est dominée par des gros bonnets disposant de gros moyens (poclains, camions bennes et machines de concassage de grande capacité). Des carters de grands diamètres laissés ouverts et de tunnels de longue distance effraient le visiteur à son arrivée sur ce site où l’insécurité passe de tout commentaire.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél. : 628 08 98 45

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