La signature de l’accord entre la junte militaire et la CEDEAO sur la durée de la transition en Guinée et les manifestations qui ont coûté la vie à des guinéens ces derniers jours ont polarisé les débats ce samedi, 22 octobre 2022, à l’assemblée générale du parti Mouvement démocratique libéral (MoDeL). Pour le secrétaire général du parti dirigé par Aliou Bah, l’impunité est à la base de la répétition des nombreux cas d’assassinats enregistrés lors des manifestations, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Pour Mamadou Kenda Sow, secrétaire général du MoDeL, l’accord trouvé entre CEDEAO et autorités pour une transition de 24 mois fera l’objet d’une communication. « Nous avons appris comme vous cet accord entre ces deux entités. Nous allons nous concerter avec les autres partis, notamment l’UFR qui est l’autre composante de l’aile politique du FNDC. Le moment venu, nous allons faire des déclarations pour dire concrètement notre sentiment par rapport à cet accord ».
Sur le reproche que beaucoup d’observateurs leur font par rapport à la répétition des manifestations, Mamadou Kenda Sow pense que c’est le contexte qui les oblige à agir ainsi. Il soutient qu’ils ne peuvent pas faire autrement dans ces conditions. « C’est le CNRD qui a voulu que les choses se passent comme ça. Quand dans un pays, ce qui concerne tout le pays, des individus prennent sur eux de le faire seul, je ne vois pas ce que vous pouvez faire sinon que de constater les dégâts par moments. À supposer que nos demandes aient été prises en compte, notamment celles sur le cadre de dialogue, aujourd’hui on allait être fort de quelque chose. Mais à chaque fois, ce sont les mêmes choses que nous vivons depuis une décennie, parce qu’on refuse de nous dire la vérité. On prend les décisions, on dit aux gens que c’est ça, après les gens réagissent ».
Ces deux derniers jours, des échauffourées ont éclaté entre forces de l’ordre et manifestants à la suite de l’appel du FNDC. Des morts et de nombreux blessés ont enregistrés. Kenda Sow trouve que cette attitude des forces de l’ordre est déplorable. Il s’indigne du « refus » des gouvernants de poursuivre et de faire condamner ceux qui se rendent coupables de tels actes. « Vous savez, j’avais eu un grand espoir quand le président avait annoncé que les gens n’allaient plus mourir pour rien ; mais aujourd’hui, les gens meurent pour rien. Quel que soit la nature d’une manifestation, pacifique ou violente, il n’y a pas de raisons que les gens meurent. Voyez ce policier tenant deux revolvers, en train de chercher des cibles, et qui tire. Et il ne va y avoir rien de la part de l’Etat pour faire cesser ces tueries. En Guinée, vouloir dire ou faire le changement, c’est risquer sa vie », pense-t-il.
Sur le fait que beaucoup pensent que les politiques manquent d’idées, en ayant que les manifestations comme stratégie, alors que des gens se font tuer, le secrétaire général du MoDeL pense que ceux qui le disent ne comprennent pas le fonctionnement des partis politiques. « Ceux qui pensent ainsi se trompent sur toute la ligne. Dans un pays où le droit de manifester est consacré par la loi, je ne pense qu’on ne peut pas nous l’interdire. C’est à l’Etat de prendre toutes les dispositions pour que les manifestations se déroulent en bonne et due forme. Un parti politique a ses militants et leur demander de participer à tel ou tel autre mouvement, ce n’est pas un crime ça, c’est consacré par la charte des partis politiques. Si les manifestations sont autorisées et encadrées, je vous assure qu’il n’y aurait pas de violences, ni de morts… Mais à chaque fois, on nous dit, si vous sortez, on va vous massacrer, et ils passent à l’action ».
Saidou Toulet Diallo pour Guineematin.com