Manque d’eau à Conakry : le calvaire des charretiers qui alimentent les foyers de Boussoura et Mafanco

Malgré son appellation de Château d’eau d’Afrique de l’Ouest, la Guinée peine à fournir suffisamment d’eau à ses populations. La situation est plus ressentie dans certains quartiers de Conakry. Cette triste réalité frappe de plein fouet la corniche Sud de Madina, dans la commune de Matam. De nombreux jeunes se sont transformés en vendeurs d’eau potable pour alimenter les foyers qui ne savent plus à dirigeant se vouer. Tel est le constat fait par un reporter de Guineematin.com récemment.

De Boussoura à Mafanco, en passant par de nombreux secteurs, l’eau potable est vendue en grande quantité par des jeunes volontaires. C’est dans ces lieux qu’ils viennent s’approvisionner de ce liquide vital pour aller le revendre dans d’autres quartiers environnants. À Boussoura, le bidon d’eau de 20 litres est vendu à 200 GNF aux jeunes qui le revendent à 300 GNF dans les localités où il l’eau manque.

Mama Aïssata Camara, vendeuse de bidons d’eau à Boussoura

Mama Aïssata Camara, habitante de Boussoura, a des charrettes qu’elle met à la disposition de quelques jeunes qui sont ses employés. « Je suis là. Je vends de l’eau. J’ai des jeunes à ma disposition. Ils viennent, je mets les charrettes à leur disposition pour qu’ils puissent aller revendre de l’eau au niveau de la Casse, dans les mosquées pour certains et les magasins et boutiques de Madina pour d’autres. Beaucoup de gens, c’est avec cette eau qu’ils font des ablutions. Beaucoup de jeunes sont venus du village. Ils travaillent ici pour éviter d’aller voler quelqu’un ou faire du banditisme ailleurs. Ils gagnent leur dépense de par cette activité », a-t-elle indiqué.

Non loin de Boussoura, au quartier Mafanco, la vente de l’eau de la SEG par des abonnés est très fréquente. Dans plusieurs coins où cette activité est pratiquée, des charrettes remplies de bidons sont visibles.

Pendant notre constat, nous avons trouvé Mamadou Barry, un charretier en train de puiser de l’eau qu’il doit revendre. Dans sa zone, le bidon est vendu à 500 fg chez les propriétaires des pompes. A son tour, il revend le bidon à 1000 GNF dans les quartiers lointains.

Mamadou Barry, vendeur de bidons d’eau à Mafanco

« C’est cette activité que nous pratiquons ici. Nous achetons le bidon à 500 GNF pour aller le revendre à 1000 GNF. C’est dans ça que nous gagnons notre quotidien. C’est dans ça que nous faisons toutes nos dépenses. Parfois, je revends 2 voire 3 charrettes. Il y a des charrettes qui prennent 20 bidons, certaines 22 et d’autres 23 bidons. Moi, je pars aux quartiers Niger, Mafanco jusqu’à l’Autoroute à Matam pour faire ma vente. Ce que nous gagnons est peu. Et pourtant, c’est un travail très dur que nous sommes en train d’exercer. La location de la charrette est chère, c’est trente mille francs guinéens par semaine. Donc, si tu ne gagnes que 2 à 3 tours de voyage par jour, c’est compliqué de s’en sortir », a-t-il indiqué.

Cette activité est exercée par des jeunes qui peuvent tirer une charrette jusqu’à destination. 20 à 23 bidons par voyage, ça dépend de la force physique de chacun. Amadou Sow s’est lancé dans ce travail depuis un an maintenant.

Amadou Sow, vendeur d’eau à Madina

« Mon travail, c’est de pousser les charrettes et la vente de l’eau potable. Je fais cette activité parce qu’il n’y a pas d’autre travail ici. Si vous regardez, il y a des diplômés qui sont couchés à la maison, parce qu’il n’y a rien comme travail. Et si tu n’as pas étudié, tu n’as pas appris un métier, tu es obligé de faire un travail qui demande de la force physique. C’est pour cette raison que je suis dans cette activité. Je le fais, c’est pour éviter autre chose. Dans cette vie, il est bien de vivre de sa propre sueur », lance-t-il.

Ansou Baïlo Baldé pour Guineematin.com

Tel : 622 56 11 82

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